Le Temps - Agences - Dans un entretien commun au quotidien italien Corriere della Sera, le Times de Londres et le Washington Post, M. Maliki a estimé que "l'actuelle administration américaine se trouvait en grave difficulté après la défaite électorale d'il y a deux mois". "Jamais comme aujourd'hui je n'ai senti la faiblesse de George W. Bush", a-t-il dit. Répondant aux critiques américaines qui avaient présenté son gouvernement comme étant "en sursis", il a affirmé avoir "l'impression que ce sont eux, à Washington, qui touchent à leur fin, et non nous ici à Bagdad". "Bush est en train de capituler sous le poids des pressions internes. Peut-être qu'il a perdu le contrôle de la situation", a-t-il ajouté. Commentant le nouveau plan pour l'Irak récemment dévoilé par le président George W. Bush, M. Al-Maliki explique au "Corriere della Sera" que la situation ne serait pas si sombre si les Américains avaient agi plus rapidement. "La situation serait bien meilleure si les Etats-Unis avaient immédiatement envoyé à nos forces de sécurité des armes et des équipements plus adéquats. S'ils s'étaient engagés davantage et à un rythme plus rapide, nous aurions eu beaucoup moins de morts parmi les civils irakiens et les soldats américains", juge le chef du gouvernement irakien. Pour autant, Nouri Al-Maliki ne va pas jusqu'à critiquer ouvertement le plan du chef de la Maison Blanche prévoyant l'envoi de 21.500 soldats américains en Irak pour venir renforcer les quelque 130.000 militaires déjà déployés dans le pays. "Nous devons voir quelle sera la situation sur le terrain", dit-il. "Nous ne pouvons pas exclure que la situation va radicalement s'améliorer, autorisant les troupes américaines à quitter le pays en nombre dans trois à six mois". Le Premier ministre irakien se montre néanmoins très critique vis-à-vis de l'administration américaine durant cet entretien, estimant que le président Bush "capitule sous le poids de la pression" aux Etats-Unis quand il vient à critiquer l'exécution de Saddam Hussein et a "peut-être" perdu "le contrôle de la situation". Mardi, le chef de la Maison Blanche a estimé que la pendaison du raïs déchu ressemblait à une "vengeance" et montrait que le gouvernement irakien manquait "encore de maturité". Sur le plan diplomatique, l'ambassadeur iranien en Irak a assuré que son pays travaillait en faveur de la sécurité en Irak. "Qu'on me donne une seule preuve que l'Iran travaille à déstabiliser l'Irak (...) L'Iran est disposé à aider à entraîner et à équiper les forces de sécurité irakiennes pour combattre le terrorisme", a assuré Hassan Kazemi, qui a par ailleurs espéré une libération prochaine des "diplomates" iraniens arrêtés par l'armée américaine au Kurdistan (nord). "Le ministre des Affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, m'a affirmé qu'il était optimiste et qu'ils seront bientôt libérés", a-t-il déclaré. "L'enlèvement des diplomates ne va pas affecter nos relations avec l'Irak, mais il porte atteinte à la souveraineté de l'Irak et constitue une humiliation pour son gouvernement", a encore estimé le diplomate iranien. L'armée américaine détient cinq personnes arrêtées lors d'un raid, le 11 janvier, contre un "bureau de liaison" iranien à Erbil (350 km au nord de Bagdad), qu'elle soupçonne d'être "étroitement liées aux activités visant l'Irak et les forces de la coalition" dans ce pays. Lundi, l'ambassadeur américain en Irak, Zalmay Khalilzad, les avait qualifiés d'"agents des services de renseignement étrangers".