Le Temps - Agences - Des sénateurs américains ont déposé un projet de résolution jugeant "contraire à l'intérêt national des Etats-Unis" le déploiement de troupes supplémentaires en Irak, dont la Maison Blanche a aussitôt promis de ne tenir aucun compte. "Le président Bush a des obligations en tant que commandant-en-chef. Et il agira et les honorera", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Tony Snow, au moment même où deux sénateurs démocrates, accompagnés d'un collègue appartenant au parti républicain de M. Bush, présentaient leur projet de résolution. Ce texte non contraignant, qui devrait être prochainement mis au voix par le nouvel état-major démocrate du Sénat, stipule notamment que "les Etats-Unis devraient transférer au gouvernement irakien et aux forces de sécurité irakiennes, dans le cadre d'un calendrier fixé rapidement, la responsabilité en matière de sécurité intérieure et de mettre un coup d'arrêt aux violences confessionnelles en Irak", selon le texte. Cette initiative illustre l'isolement croissant de la Maison Blanche, alors que l'opinion rejette massivement sa stratégie pour l'Irak, également très contestée dans le camp républicain. Le projet de résolution a été déposé par les démocrates Carl Levin et Joseph Biden, présidents des commissions des Forces armées et des Affaires étrangères, et le républicain Charles Hagel, sévère critique de la guerre en Irak. La semaine dernière, M. Hagel avait qualifié le plan Bush de "pire erreur" de politique étrangère depuis la guerre du Vietnam. Les signataires du texte espèrent rallier de nombreux élus du parti républicain du président Bush, "parce que le sentiment de l'opinion sur l'Irak transcende les clivages", comme l'a dit le numéro deux des démocrates du Sénat, Richard Durbin. Pour tenter d'enrayer l'hémorragie de soutiens républicains, la Maison Blanche peut aussi compter sur le soutien de fidèles alliés à la Chambre des représentants, qui ont déposé un projet de loi visant à empêcher toute coupe dans le financement de la guerre en Irak et en Afghanistan. En fait, les démocrates ne semblent guère prêts à utiliser l'arme budgétaire pour forcer la fin de la guerre, en dépit de la pression de certains militants. "Nous n'allons pas tourner le dos à nos soldats", a dit M. Durbin, "nous n'allons jamais mégoter pour leur sécurité". Plusieurs élus recherchent néanmoins une solution pour lier les mains du président Bush sur l'Irak. La sénatrice Hillary Clinton, catégoriquement opposée à ce que les effectifs militaires soient portés de 132.000 à plus de 150.000 hommes, a annoncé un projet de loi visant à plafonner le déploiement américain à son niveau du 1er janvier, avant un retrait graduel. "Je suis en faveur d'une phase de redéploiement hors de Bagdad, puis hors d'Irak et ainsi nous pouvons être sûrs qu'ils (les soldats américains) ne se retrouveront pas pris au milieu d'une guerre civile", a dit la probable candidate à la présidentielle de 2008.