Les délinquants, inlassablement pourchassés par les forces de l'ordre, ont un agenda méthodiquement établi puisque, à chaque fin de mois, ils partent à la chasse au trésor. Traduisez de vous-même : ils partent à la conquête des salaires perçus auprès des banques, par des citoyens honnêtes qui ont bossé trente jours durant. Ils ne se contentent plus de quadriller les quartiers, à la recherche d'éventuelles proies perdues dans les dédales des ruelles ou impasses, sans ce fameux coutelas affilé qui leur permet de les surprendre et de les délester de leurs biens, sous la menace et avec une facilité déconcertante. A présent, les voilà tous les fins de mois postés devant les distributeurs de billets de banque à l'affût de la moindre occasion pour subtiliser le fruit du labeur mensuel d'un paisible citoyen. C'est ce qui est arrivé à ce passant dans un coin isolé du district de Mnhila, une bourgade à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Pourtant, il était bel et bien accompagné de son épouse qui n'a point effrayé l'agresseur. Calmement, ce dernier, qui a suivi la victime depuis la banque où elle a reçu une belle liasse de billets frétillants, somma l'époux de lui remettre le magot tant convoité. Bien entendu, la lame du coutelas était pointée au niveau du bas de l'abdomen. Malgré cela, le citoyen opposa une vive résistance, mais il dut s'avouer vaincu quand le coupable le blessa gravement au poignet avant d'alléger son portefeuille du salaire qu'il venait à peine de percevoir. Deux cents dinars venaient de changer de main, dépensés pendant la brève cavale du délinquant. Sous le regard pétrifié de sa compagne, le malheureux époux dut se diriger au poste de police le plus proche pour déposer une plainte contre inconnu. Après avoir reçu les soins d'urgence, il donna aux enquêteurs le signalement précis de son agresseur qui a été rapidement arrêté, avec de nombreux autres suspects. Lors de la confrontation, la victime a reconnu le voyou qui l'a délesté de son salaire. Ce dernier a tergiversé un certain temps avant de reconnaître son forfait. Ecroué, Il a même avoué avoir invité des acolytes à une beuverie au cours de laquelle il a dépensé tout son butin. Un juge d'instruction du tribunal de première instance de Tunis a été chargé de l'affaire.