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Payer ses vaccances de demain, au prix d'aujourd'hui : entre réalité et corps de bluff !
Dossier : Time share en Tunisie
Publié dans Le Temps le 22 - 01 - 2008

Beaucoup de zones d'ombres, beaucoup d'interpretations pénalisent l'éclosion d'un produit touristique qui a pourtant pignon sur vue en Europe et, surtout, aux Etats Unis.
La « time share » : une sorte de jouissance, des vacances garanties qui s'étalent sur trente ans, que vous payez aujourd'hui, valeur jour.
C'est un circuit presque mondialisé. Une semaine à Tunis, cette année, une autre en Grèce, l'année prochaine etc...Les Tunisiens commencent à y adhérer en masse. Mais puisque la fonction crée l'agonie, il y a, aujourd'hui, urgence à mettre en place un cadre législatif à même de préserver les droits des consommateurs contre les pièges tendus par les speculateurs, les réseaux fictifs, et, pour tout dire, contre l'arnaque.
Quels avantages offre le time share ? Quelle valeur ajoutée au tourisme national ? Quel profils tant du consommateur que du vendeur produit ?
Payer vos vacances de demain au prix d'aujourd'hui, ça vous dit ? C'est le concept à la mode, plus communément appelé le time share.
A partir des années 70, le time share a été introduit en Tunisie pour la première fois par la société «Elkebira ». Mais, bien entendu le concept n'a pas été inventé en Tunisie. En effet, un promoteur américain l'a lancé afin de pallier à une « mévente » de ses biens immobiliers.
En Tunisie, les professionnels ont voulu offrir une nouvelle formule touristique aux avantages innombrables. Mais qu'est ce que le time share au juste ?
Voici une définition intelligible et courante : « le time share est un concept qui traduit la vente d'un droit personnel de jouissance. Autrement dit, c'est une formule de vacances à temps partagé qui consiste à vendre une résidence de vacances à plusieurs particuliers ayant, chacun, le droit d'y séjourner pendant une période de l'année ».
En fait, il faut savoir qu'il ne s'agit pas d'acquérir un bien immobilier mais simplement un droit de jouissance à temps partagé (une ou plusieurs semaines).
Pour une période de trente ans, le client bénéficie d'une semaine de vacances par an dans un appartement de haut standing.
Le prix de 30 semaines est fixé et payé à l'avance sans indexation ni actualisation ; d'où le principe consistant à payer ses vacances de demain au prix d'aujourd'hui. D'autre part, une palette d'avantages est offerte et fait fonction d'appât pour les clients. A titre d'exemple, , une fois achetée, si elle n'est pas consommée pour quelque raison que ce soit, la semaine sera cumulée pour l'année prochaine. S'il le veut, le client peut sous-louer, vendre ou léguer sa semaine à qui il veut.
La liste ne se limite pas à cela : plus le « t ime share » se développe plus les avantages sont importants. En effet, il existe la possibilité d'élargir le champ des destinations des vacances. L'idée de passer des vacances au même endroit, 30 ans durant, peut sembler monotone. Intervient alors le principe de la bourse d'échanges internationale qui dresse une variété de destinations, partout, dans le monde.
Certes, une organisation rigoureuse et nécessaire. On est obligé par ailleurs d'assurer les disponibilités réelles concernant quelques pays. Ces derniers sont parfois surchargés eu des périodes de pic (haute saison).
Mais, un échange culturel sur fond de brassage des civilisations est mis en avant sur ce plan. La plus value culturelle est donc importante. En fait, c'est un tourisme de culture.
Par ailleurs, le contrat, objet de la vente, doit inclure une description détaillée du logement, les dates d'occupation, le prix, les modalités de paiement ainsi que le montant des charges annuelles.
Relativement à l'administration, l'entretien et la mise en œuvre de certains services (accueil, ménage,...) sont du ressort du promoteur ou de la société de gestion.
En outre, les droits du client sont scrupuleusement préservés. Un délai de rétrocession de 10 jours à compter de la signature est accordé. Au cours de ce délai, le vendeur ne peut exiger de son client aucun versement sous quelque forme que ce soit.

Vendeurs d'illusions
En Tunisie ou ailleurs, bon nombre de clients sont victimes d'escroqueries. Une attention particulière s'impose à ce sujet. Souvent, les clients potentiels sont floués par les contours parfois vagues des clauses de contrats. Et certains démarcheurs y sont pour quelque chose, puisque ceux-là emploient un vocabulaire, tel que « adhésion à un club » ou encore « acquisition immobilière », qui induisent à l'erreur. Le client, de bonne foi, et crédule, croit devenir propriétaire d'un logement, d'une partie chic d'une résidence. Alors qu'il s'agit simplement d'un droit personnel pour une durée déterminée dans une unité affectée à cet usage. S'y ajoutent le manque d'entretien de ces unités et le manque de flexibilité quant à l'endroit et à la période choisie. Quelques acheteurs n'ayant pas pris toutes les garanties lors de l'achat et risque de se faire berner par des démarcheurs, et doivent dés lors prendre la peine de s'assurer de la viabilité et de crédibilité de la société vendeuse afin d'exclure cette hypothèse. Il est important d'obtenir le maximum de renseignement avant de signer le contrat.
Seulement, la responsabilité est ici partagée par les deux parties. La société de gestion cible un client mal informé pour vendre son bien. Et le client, lui, ne s'accorde pas le temps nécessaire de se renseigner. Aveuglé par une telle offre, et pensant que c'est une occasion unique, il se lance sans prendre soin de passer au crible le contrat de vente.
C'est de là, que naît le conflit particulier-professionnel, un dérapage dés le départ ayant pour acteur un client désabusé et un démarcheur en fraude.
Les préjugés défavorables exercent d és lors un impact négatif sur le concept du time share. Alors les clients se rabattent sur les anciennes formules. Où, pourtant , l'arnaque ne manque pas. Et cela ne déplait pas aux hôteliers tunisiens. Puisque la formule temps partagé est un produit directement concurrentiel.
Sauf que, les professionnels du métier ne baissent pas les bras pour autant, rectification du tire et le gouvernement soutient.

Cadre législatif
Une nouvelle loi sur l'hébergement à temps partagé est actuellement examinée par une commission parlementaire en Tunisie.
La nouvelle législation amende et complète une ancienne loi datant du 14 juillet 1997. Venue au secours du time share, elle met au point les droits et les devoirs des deux parties contractantes.
L'adoption de cette loi faisant face à des entraves auxquelles fallait remédier. De nouvelles dispositions sont donc incluses dans le projet de loi en cours.
Le texte de loi envisagé, cible l'embrassement du règlement aux nouvelles de l'hébergement touristique.
En fait ce projet de loi a été adopté le 27 juillet 2007 par le Conseil des ministres.
Cette loi vient consolider l'interdiction et la punition de toute publicité comportant sous quelque forme que ce soit des allégations ou des indications de nature à induire en erreur les consommateurs. Même le démarchage intensif par téléphone et les positions dominantes sont dénoncés.
Le Conseil ministériel a également examiné un projet de loi amendant et complétant la loi du 3 août 2002 relative à l'exercice des activités spécifiques en rapport avec la surveillance et le gardiennage, et subordonnant notamment l'exercice de cette activité à une autorisation dont les conditions d'octroi seront précisées.
Jadis, la loi de 97 énumérait un ensemble de droits qui protègent la position du client. La confiance s'est réinstaurée, la nouvelle loi en cours représentera un solide garde-fou de plus pour le renforcement d'une relation transparente et équitable entre client et démarcheur.
Le time share en Tunisie commence sérieusement à prendre racines. Le nombre des adhérents à ce concept se multiplie de plus en plus soutenu par un bon écho au sujet de cette formule.
Avec la nouvelle loi en cours d'élaboration, le domaine devrait être régulé de façon plus pointue et plus stricte. Professionnels comme particuliers devront œuvrer dans un climat de quiétude et de transparence. Plus de place pour la fraude et l'escroquerie.
Jouir d'un tel concept suppose certes, engager un budget suffisamment « cossu ». Mais, à la lecture des avantages offerts en conséquence, il faut que le consommateur en ait pour son argent.
Garantir des années de vacances dans des endroits paradisiaques n'est-il pas légitime ? Payer un minimum pour avoir le maximum de privilèges n'est-il pas la quête de notre majorité ?
Si le time share connaît du succès partout dans le monde, même en Tunisie ces derniers temps, cela veut dire que c'est un crénnau porteur. Et qui peut donner naissance à d'autres produits.
Nadya B'CHIR LOUATI


L'avis d'un spécialiste : Foued Bouslama :
« La loi en cours d'élaboration a pour souci majeur de protéger le consommateur »

Economia : En quoi consistent les avantages de la législation en cours d'élaboration ?
Foued Bouslama : Le but c'est de sauvegarder les intérêts des consommateurs. Cette loi sur l'hébergement à temps partagé est actuellement examinée par une commission parlementaire en Tunisie.
Elle amende et complète une ancienne loi datant du 14 juillet 97. Ce projet comprend des dispositions pour pallier les difficultés rencontrées dans l'application de l'ancienne loi et visent à adapter la réglementation aux nouvelles exigences de l'hébergement touristique…
Et quelles sont ces exigences nouvelles ?
Dans les remarques soulevées par la Commission, il s'agit de définir les rôles que ce soit celui des promoteurs que celui du « commercialisateur ». Il s'agit de savoir qui a le droit de vendre.
Par ailleurs tout tourne autour de l'autorisation préalable et son interprétation.
Quel est l'impact du time share sur le produit touristique tunisien ?
Il y un tout. La multi -propriété présente des avantages. Acheter une semaine sur trente années est un avantage. Devenir adhérent à la Bourse d'échanges internationaux, pouvoir inter- changer cette semaine est un avantage certain. Sauf qu'il arrive que le time share illusionne les consommateurs.
Le time share souffre d'un déficit d'image à cause des coups d'arnaque.
Que ce soit en Tunisie ou ailleurs beaucoup de personnes ont été victimes d'escroquerie. Et le procédé du moins le rapport entre les « protagonistes » est le même. A savoir que les acquéreurs croient détenir un droit réel, alors qu'en réalité ils n'ont acquis que la jouissance, pour une période déterminée, dans une unité affectée à cet usage.
En fait, l'arnaque réside dans l'illusion.
Et il arrive que le client ne lise pas attentivement le contrat. Cela dit, en Tunisie, le taux d'arnaque est minime par rapport ce qui se produit à l'étranger.
Sachez néanmoins que le time share génère un chiffre de 9,4 milliards de par le monde et enregistre une croissance deux fois plus rapide que celle de l'ensemble des secteurs de voyage et de tourisme.
Actuellement on compte 6,7 millions de titulaires en vacances à temps partagé par le monde.
Ces invités sont vendus sous la forme « hôtels classiques » et « multi - propriétés ».
Enfin, il s'agit d'un investissement qui ne pose aucun problème et comporte une formule intéressante pour ceux qui se rendent souvent dans un lieu haut de gamme, en toutes quiétude et sans aucun souci de réservation préalable.
Cela dit pour revenir à la loi en cours d'élaboration, sachez que son but essentiel est de protéger le consommateur »
Propos recueillis par N.B.L

Le Time share en chiffre
Un aperçu sur l'importance de ce secteur en Tunisie, qui a plus de 25 ans. Il génère un chiffre d'affaire annuel supérieur à 9.4 milliards de dollars et il enregistrera une croissance 2 fois plus rapide que celle de l'ensemble du secteur des voyages et du tourisme au cours des prochaines années.
Actuellement on compte 6.7 millions de titulaires de vacances en temps partagé dans le monde entier vendus par les plus grandes chaînes hôtelières telles que Mariot, Sheraton, Méridien,... Ces unités sont commercialisées et vendues en même temps sous la forme hôtels classiques en multipropriétés.


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