Le Temps-Agences - L'accord annoncé avant-hier entre les grandes puissances pour une nouvelle résolution de l'ONU renforçant les sanctions contre l'Iran n'a pas changé d'un pouce la position de Téhéran qui continue à clamer son droit à poursuivre son programme nucléaire. Les grandes puissances ont "adopté une résolution sans conséquences", a estimé hier le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. "Le chemin nucléaire que nous suivons est clair, légal et conforme aux règles de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Sur ce chemin, personne, en dehors de l'AIEA, n'a le droit de s'exprimer, de prendre des décisions ou d'imposer sa volonté au peuple iranien", a-t-il ajouté. "Tout ce processus, à nos yeux, est illégal", a renchéri à Bruxelles le négociateur iranien sur le nucléaire Saïd Jalili, soulignant que le dernier rapport de l'AIEA ainsi qu'un rapport des services des renseignements américains n'avaient produit "aucune preuve d'un "détournement" du programme nucléaire civil iranien pour construire une bombe atomique. Une position qui rend improbables des progrès lors de sa rencontre hier soir à Bruxelles avec le diplomate en chef de l'UE Javier Solana, qui négocie avec l'Iran sur son programme nucléaire au nom des six puissances -les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne. MM. Solana et Jalili se sont déjà vus plusieurs fois, à Rome fin octobre et à Londres fin novembre, M. Solana tentant de convaincre l'Iranien d'accepter une suspension des activités d'enrichissement d'uranium de son pays moyennant une vaste offre de coopération avec l'Occident. Mais ces entretiens n'ont pas permis d'assouplir la position des autorités iraniennes, qui répètent que l'enrichissement est leur "droit inaliénable". Devant cette fermeté, les Six se sont mis d'accord avant-hier soir sur un projet de nouvelle résolution qui, selon un haut responsable américain, "accentue la sévérité des sanctions" déjà adoptées contre l'Iran au Conseil de sécurité. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a cependant affirmé que le texte prévoyait "des mesures supplémentaires" mais pas de nouvelles sanctions. "On ne présente pas une nouvelle résolution pour dire la même chose ou l'assouplir", a cependant corrigé un diplomate européen. "Si on présente une nouvelle résolution, c'est parce qu'on s'est mis d'accord pour en faire plus", a-t-elle ajouté, en précisant que le texte prévoyait d'allonger la liste des personnes visées par une interdiction de visa et un gel des avoirs. M. Jalili n'a pas directement réagi à ce nouveau projet. "Malgré toutes les mesures positives (prises par Téhéran pour instaurer la confiance), certains pays persistent dans une attitude négative", a-t-il regretté, estimant que "les pays qui avaient pris des sanctions contre l'Iran avaient en fait agi contre leurs propres entreprises". Entendu pendant 1h30 par la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, il a défendu le droit de l'Iran à l'enrichissement et au nucléaire civil, insistant sur le fait que "l'arme atomique n'a pas sa place dans la doctrine de défense" iranienne. Alors que Washington veut installer en Pologne et en République tchèque des éléments de son bouclier anti-missile destiné à parer une éventuelle menace iranienne, M. Jalili a estimé que l'utilisation de cette menace était "destinée à maintenir l'ombre de la Guerre froide sur le territoire européen".