La cinquième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a examiné dernièrement une affaire d'abus de confiance dans laquelle est impliquée une quinquagénaire, employée comme femme de ménage dans une famille aisée de la capitale. Pourtant, depuis son embauche il y a une dizaine d'années, elle donnait entière satisfaction à la maîtresse de céans, en s'appliquant dans son travail avec zèle, d'autant qu'elle a la charge de quatre enfants orphelins et qui poursuivent leur scolarité qui dans le primaire, qui dans l'enseignement de base. En effet, à la mort subite de son mari, elle s'est retrouvée seule à subvenir à leurs besoins. Etant femme au foyer, elle s'est rabattue sur les tâches ménagères. Rapidement, elle a été recrutée à mi-temps dans un quartier chic de Tunis. La matinée était réservée à son emploi et l'après-midi, elle s'occupait de ses enfants. Ainsi, son programme quotidien intelligemment tracé, elle mena une vie tranquille, partageant ses heures entre la famille qui l'a embauchée et sa propre famille. Les premières années s'écoulèrent sans grande pression sur l'aide-ménagère qui s'en tirait certes difficilement, mais s'en tirait quand même. Toutefois, au fur et à mesure que les besoins des enfants s'accroissaient, les difficultés financières de la femme de ménage augmentaient. Que faire alors ? Au lieu de demander une augmentation de son salaire auprès de ses employeurs, elle a lorgné du côté du coffret à bijoux de sa patronne. C'était l'unique faux-pas qu'elle allait malheureusement entreprendre. Il lui fallait alors attendre l'occasion propice pour passer à l'action. Elle n'attendit pas longtemps pour profiter de l'absence de sa maîtresse, sortie de la maison pour faire une course urgente. Elle s'introduisit furtivement dans la chambre à coucher et s'empara de quatre bracelets, deux colliers et une bague qui se trouvaient dans le coffret. La femme de ménage avait pris le soin de ne pas tout rafler afin de ne pas attirer l'attention de sa patronne. Cette dernière ne s'était pas, en effet, aperçue du larcin jusqu'au jour où, invitée à une cérémonie de mariage, elle découvrit le pot aux roses. Ce fut la déchéance pour la quinquagénaire qui, accusée par la maîtresse de céans de vol de ses bijoux, ne tarda pas à reconnaître son forfait qu'elle expliqua par les besoins innombrables de sa famille nombreuse auquel elle avait à faire face journalièrement. A l'audience, elle renouvela ses déclarations antérieures et demanda pardon à la cour, tandis que la défense sollicita, de son côté, les circonstances atténuantes pour l'accusée qui a commis un seul faux-pas. Le jugement a été mis en délibéré.