Nous avons toujours l'impression qu'il nous regarde. Même les nouvelles générations, arrivées dans notre groupe, après sa disparition, le croisent chaque matin, sur leur chemin, vers leurs services. Jamais présence du père fondateur de Dar Assabah, feu Habib Cheikhrouhou, ne s'est fait autant ressentir, autant invoquer, qu'en ces moments où les médias perdent leurs religions ; qu'en cette époque où la recherche de la qualité est assimilée à de l'hérésie. Où le faux-semblant supplante l'"Authentique" et que, à peu de frais, les mots, partent, l'emportent sur les choses. Le refuge et la source... Oui, nous avons, nous ici à Dar Assabah, la chance de toujours nous ressourcer dans une charte fondatrice, simple, mais précise et contraignante comme seul si Lahbib savait en rédiger. Nous avons aussi la chance de trouver refuge dans ce moule originel qu'est le label "Dar Assabah" lorsque, quelque part, le journaliste se sent meurtri dans l'âme, prisonnier de ses propres réflexes, bâillonné par ses propres mots. Habib Cheikhrouhou a toujours professé le respect des faits ; l'allégeance envers la patrie et elle seule, et surtout, surtout, la fidélisation des lecteurs de nos supports. Il fut, comme les grands pionniers, exalté dans ces moments indicibles de grands commencements, il fut donc de tous les combats. Pour l'indépendance du pays. Pour l'édification d'un Etat moderne, au-dessus des alliances et des contre alliances ; partisan du libéralisme économique, de la liberté de la presse et du côté de la légalité. Il mettait ses supports, nos supports, au service de la Nation. Pour le bien de ce peuple auquel il est attaché, allant jusqu'à refuser l'exil doré en Egypte au moment où les sirènes du panarabisme berçaient l'âme arabe. Et, en contemplateur sagace de l'Histoire de son pays, d'une "légende du siècle" comme aurait dit Hugo, il adhéra avec profonde conviction au Changement salvateur de 87. C'est là le legs de Habib Cheikhrouhou. Une école de vie et une école de journalisme. Assabah, avec sa pérennité, sa légitimité, le respect que lui voue l'intelligentsia du monde arabe et du monde occidental. Sa petite sœur "Le Temps", née sur un tour de force, au moment où l'establishment de l'époque cherchait à verrouiller l'information. Et bien sûr nos périodiques, nos suppléments : c'est peut-être ainsi, c'est sans doute comme cela que le pionnier de Dar Assabah "inscrivait son œuvre, sans narcissisme aucun, sans culte de la personne, dans la pérennité, l'installant dans le fauteuil de l'Histoire. En ce jour de commémoration, ses fils et ses filles ses proches et la famille élargie de Dar Assabah prient pour le repos de son âme. Qu'il repose en paix : Dar Assabah est restée telle qu'il l'a dessinée : propre, transparente, fidèle au serment ; et pour tout dire : l'Ecole !