Les petits épargnants, titulaires de Comptes courants postaux et bancaires et de livrets d'épargne ordinaire, se plaignent, régulièrement, d'être lésés par la fonctionnalisation excessive de la petite épargne postale et bancaire qui a eu pour conséquence la suppression pure et simple de la rémunération des dépôts d'argent dans les Comptes courants et la réduction sensible des taux d'intérêt pour les dépôts dans les livrets d'épargne ordinaire. Sans tourner complètement le dos à ces deux modes traditionnels d'épargne, initialement les plus usités, du moins chez nous, la Poste et les banques de la place ont, en effet, préféré développer, ces dernières années, des formules d'épargne fonctionnalisée de toutes sortes, à l'instar de l'épargne- logement, en proposant des avantages plus alléchants au détriment des deux anciennes formules.
Des produits à gogo Très vite, la place a connu un foisonnement de produits d'épargne fonctionnalité qui ne cessent de se multiplier et dont le plus récent permet aux personnes physiques de reconvertir leurs Comptes d'épargne ordinaire en Comptes d'épargne pour l'investissement, en attendant la mise en place de tout un système d'épargne pour l'investissement et l'emploi. Devenue très moderne, notre Poste a créé, récemment, un régime de retraite complémentaire dans le cadre de la décision gouvernementale de promouvoir le système de l'assurance - vie comme autre formule idoine pour la mobilisation de l'épargne. On signale, aussi, à ce sujet, la création d'épargne pour le financement des études. D'ailleurs, le lancement de ces produits est, constamment, soutenu par de vastes campagnes de promotion publicitaire, sur les divers supports, pour les écouler. Or, la préférence accordée à l'épargne fonctionnalisée est justifiée, principalement, par l'opportunité de garder les dépôts et avoirs en argent à la disposition de l'établissement pour une longue durée, mais, justement, les livrets d'épargne ordinaire et les Comptes courants sont, souvent, ouverts pour toute la vie. A cet égard, nous avons rencontré quelques fidèles petits épargnants qui nous ont dit se rappeler, encore, l'impatience avec laquelle ils attendaient, autrefois, la fin de l'année pour recevoir la rémunération de leurs dépôts et avoirs en argent. ''C'était un véritable pécule, nous a indiqué l'un d'eux, titulaire d'un livret d'épargne. On en donnait, même, un petit pourboire à l'employé de bureau et certains s'en servaient pour mettre en exécution des projets conçus dans cette perspective.'' Un dépôt de 10 mille dinars, soit le plafond, rapportait, en effet, la bonne somme de mille dinars, environ. La rémunération des avoirs en argents des Comptes courants ordinaires était, également, assez substantielle. Apparemment, c'est notre imitation, parfois, trop exagérée du modèle européen qui est à l'origine de ces suppressions et réductions, car, avant l'harmonisation bancaire entre les pays membres de l'Union européenne, la France était allée jusqu'à interdire la rémunération des avoirs en argent des Comptes courants ordinaires. Cependant la politique européenne a complètement changé en la matière. Cette rémunération a été libérée et laissée à l'initiative des établissements concernés. L'encouragement de l'épargne par le biais du petit actionnariat et autres produits boursiers similaires, parait, aussi, avoir été pour beaucoup dans cette tendance. Toutefois, la situation de ce côté n'a pas, encore, connu l'évolution ambitionnée, en Tunisie, car là, aussi, les petits épargnants cherchent le gain sûr et immédiat, raison de plus pour rétablir les anciennes coutumes.