La nouvelle hausse des prix du pétrole à l'échelle internationale est de nature à annihiler les espoirs et à changer la donne dans de nombreux pays après la baisse relative des prix du baril à moins de 80 dollars et ensuite de 75 dollars. En effet, la baisse a permis aux observateurs de reprendre confiance dans la croissance de l'économie mondiale en vue de réduire les tensions inflationnistes, offrant ainsi aux pays non producteurs ou petits producteurs de pétrole à l'instar de la Tunisie, la possibilité d'œuvrer de manière à épargner à leurs économies les charges dues à la hausse des coûts d'importation, d'autant que l'augmentation des prix du pétrole a entraîné une hausse des prix des matières premières et des produits de consommation (les céréales et les huiles végétales). D'ailleurs, le scénario adopté par la Tunisie face à cette situation, porte sur une baisse des prix du pétrole sous la barre des 80 dollars le baril. Il s'agit du prix maximum prévu par le budget de l'Etat et sur la base duquel, une subvention directe de 400 millions de dinars a été allouée outre la subvention indirecte qui a atteint en 2007, environ 1600 millions de dinars. La Tunisie aspirait à travers cette démarche, à exploiter toutes les ressources au profit des interventions de l'Etat au titre des dépenses de développement, en vue de renforcer les secteurs économiques prioritaires, de consolider l'infrastructure, d'impulser l'investissement et la création d'entreprises, au service de la création d'emplois et de leur pérennité.
Nécessité de sensibilisation Face à cette nouvelle donne caractérisée par la hausse rapide du prix du pétrole, ayant atteint 93 dollars le baril, la meilleure solution qui se présente pour la Tunisie, afin de faire face aux défis générés par cette montée en flèche des prix des hydrocarbures, consiste, selon les experts, en un ajustement étudié des prix intérieurs, afin de permettre au budget de l'état d'intervenir avec la même efficacité dans l'impulsion de l'investissement et de l'emploi, de jouer pleinement son rôle social et de ne pas consacrer les ressources de l'Etat à un seul secteur aux dépens d'activités et de domaines porteurs, lesquels revêtent une priorité absolue à la lumière des objectifs fixés par le pays pour le prochain quinquennat. Dans cette perspective, les efforts devraient se focaliser sur l'option de la maîtrise de l'énergie et la promotion de ressources moins conteuses. Cette alternative demeure la solution idoine pour réaliser l'objectif du développement durable et du progrès social, et ce, conformément aux objectifs fixés dans le cadre du nouveau programme quadriennal de maîtrise de l'énergie, ordonné par le chef de l'état pour la période 2008-2011, visant la réduction de 20% de la consommation de l'énergie d'ici 2011 (l'équivalent de 2 millions de tonnes équivalent pétrole). Le succès de ces orientations nécessite pour toutes les parties intervenantes de déployer davantage d'efforts en matière de sensibilisation à l'importance d'adopter de nouvelles habitudes de consommation économes en énergie.
Conjoncture internationale Rappelons que les cours pétroliers ont, de nouveau, suivi un rythme ascendant pour atteindre les 93 dollars le baril, après une baisse relative enregistrée à la mi-janvier, par rapport au record des 100 dollars/baril, enregistré début 2008. Cette nouvelle hausse des prix de «l'or noir» coïncide avec la crise des supprimes (emprunts à risque) aux Etats-Unis, les bouleversements des marchés financiers mondiaux et la baisse des indices des bourses mondiales, en plus des prévisions d'une baisse des taux de croissance dans les pays développés dont la zone euro (+ 1,6% en 2008). Cette situation a poussé la Réserve Fédérale Américaine à intervenir, en urgence, pour abaisser le taux directeur de 1,25 points, en une période de moins de deux semaines. Cette décision témoigne du sérieux de la crise de confiance au niveau de l'économie mondiale et traduit les appréhensions quant à d'éventuelles répercussions sur la croissance. Cette hausse subite des cours du pétrole aura, sans doute, un impact négatif sur les économies de tous les pays en général et celles des pays en voie de développement et notamment des pays émergents tels que la Tunisie, en particulier. Elle aura, en plus, un impact sur les équilibres financiers de ces pays et partant influera négativement sur les efforts visant le renforcement du rythme de la croissance.