Les événements qui se succédèrent à cette époque ne pouvaient qu'augmenter la tension qui existait entre la Tunisie et la Libye et altérer davantage leurs relations tant sur le plan politique que social et économique. Le dissident libyen Omar Mhichi, réfugié à Tunis, refusait tout bons offices de la part de quiconque, de nature à l'inciter à retourner en Libye ou en vue d'une réconciliation avec Kadhafi et toute tentative en ce sens, avait échoué. Très vite, sur ce problème qui contribua à altérer les relations tuniso-libyenne se greffa un autre encore plus épineux celui de la délégation de l'OPEP prise en otage. En effet, cette délégation dirigée par Zaki Yamani à l'époque avaient été prise en otage à Vienne par un commando dont le chef était Carlos, un terroriste qui avait commis plusieurs actes criminels en Europe. Les membres de ce commando « les officiers unionistes libres », essayaient dans leurs parcours aériens depuis l'Autriche, et après avoir fait escale en Libye, d'atterrir à l'aéroport de Tunis-Carthage, qu'ils survolèrent pendant près d'une heure, prétextant une panne de carburant mais leur tentative ayant été vaine ils repartirent vers Alger. Selon des responsables libyens, ces officiers avaient pour but de pourchasser Omar Mhichi. Quelque temps après, trois libyens étaient arrêtés, alors qu'ils venaient en Tunisie, dans le but d'assassiner le Premier ministre, chez lui. Ils furent, d'ailleurs, traduits devant la cour de sûreté de l'Etat et condamnés, l'un à la peine capitale et ses deux complices à des peines de prison. Cependant, en riposte à ce procès, l'armée libyenne intercepta des militaires tunisiens à la frontière. La crise entre les deux pays était à son paroxysme. Par ailleurs, le 26 janvier 1980, une insurrection armée à Gafsa sema la panique et la terreur parmi les habitants de la ville par un massacre sanglant, laissant plusieurs morts et blessés. Cet acte rappelant dans son ampleur les événements du jeudi noir de janvier 1978, était perpétré par un groupe d'hommes armés venus de l'étranger, dans le but de procéder à un complot. Ce groupe se faisait appeler « l'armée de libération tunisienne », certains parmi ceux qui étaient arrêtées avaient acheminé des armes à partir de la Libye. Une quarantaine de personnes furent jugées devant la cour de sûreté de l'Etat et condamné à la peine capitale pour certains et à différentes peines de prison pour d'autres. Les relations entre la Tunisie et la Libye se trouvaient de ce fait, bien compromises. Quant au problème, touchant à la souveraineté territoriale du pays, il concernait l'affaire du plateau continental. Tel qu'il était défini par la Cour internationale de justice, le plateau continental et une zone prolongeant le territoire des Etats maritimes par un socle devenant le prolongement naturel du territoire national. Il était d'abord question de l'exploitation commune du plateau continental. Cependant, le problème fut remis en question par la Libye suite à l'échec de l'union. Le litige éclata à propos de la délimitation des zones tunisiennes et libyennes dans ce plateau. Les pourparlers tuniso-libyennes avaient abouti à la soumission du problème à la Cour internationale de justice. Avec une exploitation commune de la région en attendant la décision de la cour. Mais très vite le colonel revenant sur cette décision refusa une quelconque exploitation du plateau continental par la Tunisie, tant que l'affaire était pendante devant la C.I.J. Cependant, il n'hésita pas à engager une entreprise pétrolier italienne à s'y installer pour des prospections pétrolières pour le compte de la Libye. Ce qui incita à une riposte de la marine nationale tunisienne afin d'obliger les responsables de ladite entreprise à se retirer. Petit à petit des solutions étaient préconisées tant pour les problèmes des détenus qui furent échangés qu'à ceux relatifs à l'affaire du plateau continental et dans laquelle la CIJ avait d'ailleurs tranché en faveur de la Libye. Le journal « Le monde » écrivait : « Il n'est guère contestable que le pétrole libyen a pesé plus lourd que les éponges tunisiennes ». Une page sombre de l'histoire des relations tuniso-libyennes était définitivement tournée.