De tout temps, la débauche représente un fléau insidieux qui ronge la société. Ce mal n'est point spécifique à une couche sociale déterminée bien que l'on ait tendance à le confiner aux démunis. Même ceux qui vivent dans l'aisance y sont touchés. Les premiers y plongent à bras le corps poussés par l'indigence tandis que les seconds y goûtent spécialement par raffinement. Dans les deux cas, les actes commis sont dénoncés par l'esprit sain qui ne tolère pas de tels écarts à la morale sociale et sont réprimés par la justice. Chez nous comme dans d'autres pays, cette tâche incombe à la brigade des mœurs qui vient d'enregistrer une réussite d'envergure, en réalisant un gigantesque coup de filet dans ce milieu malsain. Cette opération salutaire a eu récemment pour cadre le Grand Tunis. Initiée par la police judiciaire de L'Ariana, elle connut un franc succès puisque les agents chargés de cette affaire et munis de précieux renseignements relatifs à plusieurs nids de débauche, ont échafaudé un plan minutieux dont l'objectif immédiat a été amplement atteint. Du coup, un grand coup de balai a débarrassé la région de nombreuses prostituées clandestines qui la fréquentaient, surtout à la tombée de la nuit. Les policiers ont d'abord repéré les lieux disséminés un peu partout dans un périmètre incluant la ville des roses et les cités cossues d'El Menazah et d'Ennasr. Il s'agit en fait d'appartements meublés, loués pour passer des moments agréables loin des regards indiscrets et utilisés par les intéressés pour organiser des soirées dansantes autour de tables bien garnies. Bien sûr, l'alcool coulait à flot en guise de préambule aux apartés amoureux qui comblaient les filles de joie et leurs clients de passage qui ne manquaient pas de largesses à leurs égards. Un joli manège finalement découvert par les voisins qui ne tardèrent pas à le dénoncer à la police. Ils ne furent pas d'ailleurs les seuls à le faire puisque, en d'autres lieux limitrophes, de pareilles scènes se déroulaient avec plus ou moins de discrétion. Munis de commissions rogatoires, les agents firent une descente opportune au cours de laquelle ils investirent les nids de débauche pour arrêter en flagrant délit une vingtaine de jeunes gens et jeunes filles. Ces dernières reconnurent s'adonner au racolage sur la voie publique ainsi qu'à la prostitution clandestine. Ecrouée, la bande de dévoyés comparaîtra prochainement devant un juge d'instruction.