Tunis-le Temps : Cette affaire qui semble banale, s'agissant au départ de relations coupables entre une épouse et son amant, est bien originale dans sa cruauté ainsi que dans le cynisme de ces deux amants qui, poussés par la fièvre de leur amour ardent, finirent par éliminer un mari jugé trop gênant. L'épouse, instruite et fonctionnaire de son état, ne pouvait plus, à ses dires, supporter le comportement de son mari, ingénieur industriel, qui dépensait son argent dans l'alcool, au lieu de subvenir comme il se devait, aux besoins de ses deux enfants en bas âge. Elle frisait la quarantaine, et était, toujours selon ses dires, négligée par son époux qui trouvait dans l'alcool, le meilleur divertissement et le seul refuge. Au fil du temps, elle commença à faire de petites évasions, en sortant, prendre l'air et se promener en ville. Elle prit l'habitude d'aller dans un café, où un des garçons, l'accueillait de la manière la plus chaleureuse. Jeune de 25 ans, il l'attira par sa bonne présentation et surtout par son caractère jovial et sa belle allure. Il était de plus en plus attentionné à son égard. Aussi, et multipliant les contacts avaient-ils tissé une relation qui ne fit qu'évoluer, passant d'amicale à amoureuse. Le mari avait-il eu vent de cette relation ? surtout que l'épouse ne se gênait jamais de se promener avec son amant dans la voiture de son époux, et au vu et au su de tout le monde, ne craignant ni qu'en dira t-on, ni même une réaction inattendue du mari bafoué. Toutefois, le jeune garçon ( dans les deux sens : de café, et d'âge, surtout que sa maîtresse est son aînée de 13 ans) finit par s'installer au foyer conjugal de sa maîtresse, profitant des fréquentes absences de l'époux. Mais l'épouse n'était pas totalement à l'aise. Elle craignait quand même que son mari fît irruption, à un moment crucial, pour la surprendre en flagrant délit. " Et si on se débarrassait de ce mari gênant, une fois pour toutes ? " avaient-ils pensé. En effet ils mirent au point, un plan, dans le vil dessein de tuer le pauvre époux. Le jour du drame, ils attendirent son retour au domicile conjugal, tard la nuit. L'amant restait dans la cour de la maison, planqué dans l'obscurité. Quant à l'épouse, elle fit marcher en même temps trois climatiseurs, de manière à faire sauter le compteur, qui était placé justement dans cette cour, et obliger le mari de sortir afin de le rétablir. Ce qu'il fit, mais il fut surpris par l'amant qui lui porta un violent coup à la tête. Il perdit connaissance, ce qui permit à l'amant de l'étrangler jusqu'à ce que mort s'ensuive. Après quoi il le traîna, pour le mettre, aidé de sa maîtresse dans le coffre de la voiture Le cadavre resta dans le coffre jusqu'au lendemain soir, car l'épouse, comme si de rien n'était, prit les enfants à l'école dans la même voiture, pour aller ensuite travailler. Ce ne fut qu'à la fin de la journée, que les deux amants transportèrent le corps pour aller le jeter dans un endroit isolé à Bir Bouregba, où il sera découvert quelque temps plus tard. Arrêtés, ils furent inculpés d'homicide volontaire avec préméditation et considérés en tant que co-auteurs. Cependant, devant le tribunal, ils tergiversèrent, pour s'accuser mutuellement, avant d'inventer une version imaginaire, à savoir que la victime a été attaquée par un inconnu qui était cagoulé et qui avait l'intention de cambrioler la maison. Bien plus, au prétoire, l'épouse concernée, fondit en larmes en déclarant qu'elle était très malheureuse par la mort de son mari, l'être qu'elle aimait plus que tout au monde et qui fut si gentil et si aimable ! Elle ajouta qu'elle était très choquée par sa mort, et qu'elle était innocente, malgré le fait d'avoir noué cette relation extraconjugale, et l'amour de ce jeune homme qui était tout à fait platonique. Quant à celui-ci , il soutint également qu'il était innocent, et que c'était l'épouse qui, voulait se débarrasser de son mari et avait tout mis au point. L'avocat de la défense, fit remarquer que son client l'amant de l'épouse, n'avait pas l'intention de tuer la victime, puisqu'il s'était contenté de l'assommer. L'avocat de l'accusée, souleva que sa cliente ne jouissait pas tout à fait de toutes ses facultés mentales au moment de l'acte, ne serait-ce que parce qu'elle n'en avait pas mesuré, ni la gravité, ni la portée. L'avocat de la partie civile, affirma quant à lui que le pauvre mari avait été assassiné doublement :moralement, ayant été bafoué dans son honneur, et physiquement, ayant été éliminé de la manière la plus cruelle et la plus ignoble. Le tribunal après en avoir délibéré ,déclara les deux accusés coupables d'homicide volontaire avec préméditation, pour les condamner à la peine capitale.