Le Temps-Agences - Les manifestations ont continué hier dans le Nord du Kosovo pour le troisième jour consécutif depuis la déclaration d'indépendance de l'ancienne province serbe, que la minorité serbe du nouvel Etat refuse toujours d'accepter. Cela n'a pas empêché l'Union européenne d'installer officiellement sa force d'encadrement policier et judiciaire, EULEX. La force de maintien de la paix de l'OTAN au Kosovo, la KFOR, a fermé les routes reliant le Nord du Kosovo à la Serbie tandis que des policiers armés des Nations unies (MINUK) gardaient les postes de contrôle frontaliers. L'OTAN a fermé la frontière à la suite d'attaques contre des postes avant-hier et pour empêcher d'éventuelles infiltrations au Kosovo de Serbes armés mais le dirigeant serbe du Kosovo Nebojsa Radulovic a fait savoir la nécessité que les passages vers la Serbie soient rouverts, "sinon les Serbes continueront de manifester, avec des conséquences que nous ne pouvons pas prédire". Les Serbes de ce côté de la frontière affirment que le blocus les empêche de recevoir le pain, le lait et d'autres produits de base normalement acheminés de Serbie. A Kosovska Mitrovica, bastion des Serbes de la région qui demandent le rattachement de cette zone à la Serbie, la tension restait vive alors qu'environ 3.000 Serbes défilaient aux cris de "Nous n'abandonnerons pas le Kosovo". Les policiers onusiens ont fermé le pont reliant les communautés, serbe au Nord et albanophone au Sud, de la ville coupée en deux. Des hélicoptères de l'OTAN survolaient la scène. Certains manifestants portaient le drapeau de l'Espagne, l'un des pays européens ayant refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo, de peur que cela ne serve d'exemple à d'autres mouvements indépendantistes, basque par exemple. A Vienne, le ministre-adjoint serbe de la Défense, Dusan Spasojevic, a réaffirmé que Belgrade ne reprendrait pas le Kosovo de force mais il a mis en garde les Albanophones contre des "provocations". "Ce que nous redoutons le plus, ce sont des groupes albanophones armés opérant dans la région, mais nous avons entièrement confiance dans le fait que la KFOR protégera les Serbes", a-t-il ajouté. L'Union européenne a officiellement installé hier au Kosovo sa force EULEX, qui compte 1.800 hommes. La Russie a critiqué hier une initiative qu'elle juge illégale car n'ayant pas reçu l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU. Le représentant spécial de l'UE Pieter Feith, qui dirigera EULEX, a appelé les Serbes à cesser de manifester et à construire le Kosovo avec les Albanophones.