Cela se passe en plein centre ville, à l'orée de la Porte de France, au vu et au su des passants, lesquels, ont continué leur bonhomme de chemin, comme s'il n'y avait rien de plus normal au monde, qu'une femme qui se fait tabasser par un homme, en plein jour, sous les yeux des badauds, à quelques jours à peine de la célébration de la Journée mondiale de la femme, le 8 mars courant. La femme, ou la jeune fille plutôt, criait et appelait au secours, sans que personne alentour ne manifeste le moindre désir de lui venir en aide. Indifférence ? Peur de se voir prendre à partie à son tour par l'énergumène déchaîné ? Le fait est que la scène était plutôt désolante, d'autant que ledit gentleman, non content de tirer sur la chevelure de sa victime, l'invectivait également, ce faisant, avec un langage d'une rare élégance ! Peu importe le motif de leur différend ; ce qui est grave, c'est qu'au jour d'aujourd'hui, en plein 21ème siècle, dans notre pays qui a beaucoup fait pour la femme, l'on en arrive à tolérer, avec une passivité révoltante, ce genre de pratique outrageante, sans que quelqu'un y mette le holà. A croire que dans la tête des gens, la violence, quand elle sévit à l'intérieur des familles, ou entre gens qui se connaissent, doit être acceptée comme une évidence, un droit que personne ne doit contester. Même si ce genre de règlement de comptes entre couple, comme c'est visiblement le cas ici, a lieu en pleine rue, et que la femme supplie qu'on la tire des griffes de ce malotru. Un cas unique ? une exception « culturelle » ? Le fait est que l'on rencontre, de plus en plus souvent, au détour d'une rue, ce genre de scène effrayante, à force d'être devenue banale, d'un homme et d'une femme, pis encore, d'un jeune homme et d'une jeune fille, qui en viennent aux mains, le jeune homme violentant la fille, et la fille se laissant faire, en baissant la tête, sans réagir, comme une enfant prise en faute. Qu'est ce qui s'est passé pour qu'on en arrive là, au stade où la jeune génération en vienne à reconduire des schémas de violence que l'on croyait irrémédiablement révolus, après tous les efforts consentis, pour sensibiliser notre jeunesse, sur un sujet aussi important que celui de la violence contre les femmes. Et pas contre les femmes uniquement d'ailleurs... Le plus grave en tout cela, c'est de saisir une phrase au vol, genre : ne me frappe plus devant les gens... D'où l'on comprend que la jeune fille ne conteste pas le fait d'être frappée, mais conteste le fait qu'elle le soit, en présence de témoins. Est-ce le résultat d'un laisser-aller, au sein de la structure familiale ? Ne parle t-on pas assez à l'école, et plus tard au lycée, du respect qui doit être de mise, à l'intérieur des familles, et même au dehors, entre la gent masculine et la gent féminine ? Pour que les enfants par la suite, sachent aussi, en suivant l'exemple des adultes, que l'intégrité physique de toute personne est un droit, sur lequel personne n'a le droit d'empiéter. Quelle qu'en soit la raison. Mais, comme disait Borgès, il a fallu des siècles de lourdauds, pour élever un tabouret à hauteur d'une chaise...