Le glas semble avoir sonné pour Roger Lemerre qui parle déjà au passé de son aventure à la tête de la sélection nationale. L'homme est ce qu'il est, vaut ce qu'il vaut, mais technicien, il est et le restera indiscutablement. Et maintenant que la tension a beaucoup baissé, nous espérons, en toute honnêteté, qu'on n'aura pas à regretter son départ. Dans tous les pays du monde, toute sélection de joueurs avant n'importe quelle joute, implique des sélections discutables, et chacun peut y trouver un motif de critique. Chez nous, on ne le sait pas, ou l'on fait semblant de ne pas le savoir, tout le monde exige avant chaque sortie, que le patron justifie ses choix. Il y a des décisions qu'il doit cacher pour des raisons qui lui incombent, et cela certains ne l'ont pas respecté en lui. La vie, l'expérience, ont fait que le maître de céans (jusqu'à juin prochain) change de style, mais cela importe peu devant la valeur et la compétence du technicien qu'il est. Justement son style insondable, impénétrable, et désinvolte, a exaspéré bon nombre de nos Robespierre de la balle. Tels les « snipers » des récentes guerres, certains journalistes et techniciens en ont fait leur cible préférée et, des fois, tellement on exagère, que cela le fait sortir de ses gonds, comme tout être humain. On l'a accusé d'avoir commis quelques crimes de lèse journaliste, et à bien réfléchir, on finit par comprendre que ce n'étaient que des répliques de quelqu'un qui veut se protéger et protéger son monde, sans plus. Que certains confrères aient l'épée de Damoclès sur la tête, dans la mesure où ils doivent procurer à leurs employeurs matière à vendre, on le comprend bien, mais il faut que cela se fasse sans offense, sans irrespect, sans effronterie et sans anarchie. Roger Lemerre, dans le domaine de la rigueur, le respect des rendez vous, a été pointilleux jusqu'à friser l'obsession et, de mémoire de sportif, jamais un de ses prédécesseurs n'a été aussi méthodique et respectueux à la lettre de ses devoirs. Franchement, maintenant que la fièvre est retombée, ayons le courage de faire, chacun, une auto critique juste, une sorte de mea-culpa. On finira par conclure que les médias en général sont aussi coupables dans la désagrégation des relations, parce qu'ils n'ont pas su épouser l'air du temps, campant sur d'anciens réflexes, qu'on croyait hélas mis à niveau et qui, malheureusement, n'ont pas évolué d'un pouce, puisque restés à quai. Qu'a-t-il notre football à gagner dans cette séparation ? Au contraire, celle-ci risque de nous plonger dans une ère incertaine, et cela est inacceptable. Revenir en arrière, après toutes ces années de stabilité, serait une grossière erreur stratégique. Il n'y a pas que l'équipe nationale qui risque d'en pâtir. L'Etoile du Sahel est devenue ces deux dernières années notre fierté nationale. Pourquoi la déstabiliser en mettant un frein au travail entamé par ce seigneur de la balle ronde et ce gentleman des stades qu'est Bertrand Marchand ? Pour le bien de notre football, ce technicien rendra des services énormes à notre football, directement et indirectement, en prolongeant son expérience, justement à l'Etoile. Après la prochaine Coupe du Monde, on pourrait penser à lui à la tête de l'équipe nationale. Pourquoi projeter à défaut de déposséder le CSS de Michel Decastel, qui a beaucoup donné au dit club, qui a procuré un bonheur inestimable à toute une région, et qui, malgré les sentences stupides qu'il endure semble avoir trouvé une solution avec ses employeurs. Un travail précieux de restructuration pyramidale du club l'attend, pourquoi donc priver en définitive notre football de ce bonheur. D'ici deux ans, lorsqu'il aura instauré les meilleures traditions dans ce club qui nous est cher, il peut penser à l'équipe nationale. En foi de tout ce qui a été dit, il est plus sensé, éclairé et prévoyant que les décideurs de notre football pensent deux fois aux décisions qu'ils comptent prendre. Le CSS a déjà assez de problèmes, pour lui en rajouter un autre. L'ESS a encore besoin de son technicien pour au moins deux ans encore. Il reste une solution et une seule : se mettre autour d'une table (cadors de la FTF, journalistes et Lemerre) et discuter d'une éventuelle prolongation de l'expérience jusqu'à 2010, et si tout le monde est d'accord, instaurer sans délai un cahier des charges. Le recours à un entraîneur qui ne connaît rien de notre football ne fera que générer un effet pervers. Souvenez vous du Maroc avec Philippe Troussier, de l'Egypte avec Marco Tardelli.