Dimanche 23 mars, 18 h gare de Sfax. Le train Gabès-Tunis fait une courte halte à Sfax et démarre à 18h22. Deux citoyens travaillant à Tunis et venant souvent passer le week-end à Sfax pour raison familiale, ont acheté leurs billets habituels de deuxième classe vers 15h, pour éviter la course poursuite de dernière minute. Jusque là tout va bien. Arrivés sur les lieux avant le départ, confiants, les billets en poche et quelques journaux pour la route, ils découvrent un monde fou sur les quais des deux côtés de la voie, avant l'arrivée du train. Puis l'assaut, une bousculade où, femmes, enfants, vieilles personnes, handicapés même, sont repoussés, écrasés, la force pour « monter » avec valises, bagages, couffins. Le train était déjà passablement plein. Là, les travées sont bondées, les petits espaces à l'avant et à l'arrière de chaque wagon sont totalement bloqués. Impossible de passer, ni de se tenir debout, ni de faire le voyage dans ces conditions.. Nos deux citoyens sont restés là, à regarder tout cela sans comprendre : Comment la SNCFT a vendu tous ces billets ? Ou alors, il y a eu un coup de force de ceux qui n'en avaient pas et ont pris la place des autres. D'ailleurs, un employé, à qui nos deux voyageurs sont allés « se plaindre », répondit avec beaucoup de franchise : «écoutez, ce soir, il n'y a ni première classe, ni confort, ni seconde place. Montez si vous pouvez, où vous voulez ... ». Les fonctionnaires de service sont complètement dépassés par l'ampleur du mouvement. Mais alors, où sont ces campagnes promotionnelles qui nous annoncent tant de trains supplémentaires ?? Faut-il tenir compte des vacances scolaires seulement, des aïds pour multiplier le nombre de voyages et ajouter des wagons en prévision de ces surplus occasionnels ? Les fêtes de l'Indépendance, de la Jeunesse, précédant un week-end, ont-t-ils pris de court les stratèges de la Compagnie ?? Est-ce une mauvaise estimation du « marché » pour cette journée « retour » de dimanche 23 mars ? Un employé, voulant dérider les protestataires venus se rassembler devant les guichets pour avoir une information sérieuse sur leur sort, porteurs de billets et au travail tôt le matin à Tunis, en plus de ceux qui ont un avion à prendre, ou une correspondance pour une autre destination, leur crie : « Pour prendre le train de Tunis à partir de Sfax, il vaut mieux aller à la Skhira..... Vous êtes sûrs d'avoir une place...... !! ».