Le retour de Thaâlbi du Moyen-Orient, en juillet 1937, incita les dissidents du Destour et, désormais, constituant le Néo-Destour, à redoubler d'effort afin de se démarquer du fondateur du Destour et de ne pas céder à sa tentative de réconciliation et de réunification. Certains d'entre-eux l'avaient pourtant accueilli à son arrivée à Tunis, dont notamment Bourguiba et Materi. Toutefois, la position du Néo-Destour fut encore plus confirmée au cours de son congrès d'octobre 1937. Ses membres radicaux tels que Slimane Ben Slimane, Salah Ben Youssef, Mongi Slim, Hédi Nouira, et bien d'autres, étaient décidés à mener une lutte acharnée contre le colonialisme, malgré la répression sans cesse grandissante des autorités coloniales. Dès le mois de janvier 1938 le Néo-Destour entra en affrontement avec celles-ci en se joignant aux militants syndicaux, pour mener une action conjointe, dans le but de mieux dénoncer les abus, les exactions et les injustices des colons qui étaient encouragés et protégés par le Résident Général. Les autorités coloniales répondaient à cette action militante par une forte répression. Plusieurs militants furent incarcérés après avoir été accusés d'incitation à la haine et à la rébellion. Une manifestation était prévue par le Néo-Destour pour le 10 avril. Toutefois, pour la boycotter, les autorités coloniales procédèrent le 9 avril 1938 aux arrestations de plusieurs militants dont notamment Ali Belhouane, suite à des affrontements sanglants entre des militants et des agents de la police coloniale devant le Palais de Justice, à Tunis. Ces affrontements se soldèrent par plusieurs morts et blessés. Les manifestants qui avaient tenu tête à la police coloniale en faisant preuve de courage et de détermination, étaient pour la plupart des jeunes étudiants zeïtouniens et ouvriers. Ali Belhouane qui fut dénommé le leader des jeunes fut condamné à une peine de prison. Le 12 avril 1938, les leaders du Néo-Destour furent arrêtés et présentés devant le juge d'instruction De Guerin De Cayla. Les autorités coloniales prirent, en outre, la décision de dissoudre le Néo-Destour. Ainsi, les événements du 9 avril constituaient-ils un coup monté par la police coloniale ou au contraire un incident survenu de manière impromptue ? A cette question la plupart des membres du Néo-Destour soutiennent que les événements du 9 avril étaient provoqués par la police coloniale, qui cherchait un prétexte afin de paralyser l'action du Néo-Destour. Quoi qu'il en soit, les militants du nouveau Destour étaient prêts à tout affronter pour mener leur action avec véhémence. Ils s'attendaient à tout de la part des autorités coloniales qui usaient de toutes sortes de répression. Les exactions qu'ils avaient subies le jour du 9 avril ne purent que les déterminer à aller de l'avant et sans relâche et quelqu'en fut le prix afin que le pays puisse recouvrer sa souveraineté et les Tunisiens leur dignité à part entière.