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Le huis clos reste toujours un moyen de prévention
Autrement VU
Publié dans Le Temps le 14 - 04 - 2008

Tauliers de petits clubs ou grands, supporters, hommes de plumes s'accordent tous à dire que la sanction du huis clos est une fausse solution à un vrai problème, la violence dans, et aux alentours de nos stades. Il est sûrement injuste de pénaliser tout le monde à cause de quelques délinquants, qui devraient être repérés et interdits de stades.
Le spectacle doit continuer incontestablement, mais pas à n'importe quel prix...
Voyons tout d'abord quelques châtiments similaires survenus dans la 'planète foot' : pour une banderole raciste le club corse de Bastia vient d'écoper d'un match à huis clos. Metz, virtuellement rétrogradé en D2, et pour une affaire d'insultes racistes à l'encontre de leur joueur, se voit ôter un point de son total, et 'ramasse' un match à huis clos. A Catane, en Italie, et suite aux incidents provoqués par les 'tifosi', lors d'un derby sicilien (septembre 2006 contre le voisin de Messine), le club local a été sanctionné au huis clos pendant deux matchs. En décembre dernier l'Etoile Rouge de Belgrade a été frappé par trois matchs à huis clos, et ce, suite aux jets de fumigènes et sièges. Tout le monde a vu à la télé les incidents qui ont émaillé le dernier derby de la ville de Séville (Espagne), au cours duquel le gardien de but du FC a été gravement blessé à l'œil. L'auteur du forfait a été d'abord empoigné par les 'béticos', avant d'être livré à la police. Au passage, il risque une forte amende et une peine allant jusqu'à trois ans fermes de prison. Le Bétis Séville a perdu son match sur tapis, et a été condamné à deux matchs à huis clos. On se souvient bien de ce match capital pour la qualification au mondial allemand, 'Turquie - Suisse' et des incidents attristants occasionnés par les supporters et quelques joueurs locaux en fin de match. La Turquie a écopé de six (06) matchs à huis clos, de surcroît sur un terrain neutre. Pour un match de qualification au même mondial, la Corée du Nord a été condamnée par la FIFA , à jouer un de ses matchs sur un terrain neutre et privée de son douzième homme. L'Ile Maurice lors des qualifications à la CAN de 2004, a reçu l'Egypte à huis clos. Récemment, pour des forfaits commis devant le Mali,le Togo est condamné par les instances juridiques de la CAF , à payer une amende de l'ordre de 55.000 dollars (US), et à disputer trois des prochains matchs des éliminatoires de la CAN et du Mondial de 2010 sur un terrain neutre. Plus près de nous, en mars dernier, l'USM El Harrache a été privée de son public pendant trois matchs pour mauvais comportement de ses supporters, signalé par les officiels de la rencontre (jets de projectiles divers).
Sans être trop alarmiste, le phénomène germe chez nous, et il ne faut surtout pas qu'il se développe, jusqu'à aboutir aux batailles rangées entre supporters du vrai hooliganisme. Si jouer dans un stade vide n'a pas de sens, il n'en reste pas moins que c'est une excellente réponse à certains malintentionnés aux comportements anti-sociaux... Si les jets d'objets divers commencent à devenir monnaie courante dans nos arènes sportives, il serait dangereux de ne pas frapper un grand coup aux fins d'éloigner un tant soit peu, tous ceux qui ne croient pas aux principes de civilité, et tous ceux qui sont dépourvus de bon sens. Faut-il attendre qu'un jour, un joueur, un spectateur, un ramasseur de balle, un arbitre, ou un reporter décède, pour prendre certaines mesures ?... Le huis clos est le juste moyen de prévention, même si dans notre for intérieur, on est conscient qu'il porte des préjudices moraux et financiers au sport, et il faut l'accepter sans chicaner plus. Heureusement, pour le moment les violences liées aux supporters sont le plus souvent le fait d'une minorité d'individus isolés, il n'est nul doute que cela impose de définir une réponse spécifique et personnalisée à ces dérives qui sont des infractions de droit commun et qui doivent être, à juste titre, jugées au même titre que celles qui n'ont aucun lien direct ou indirect avec le sport.
Il y a bien entendu d'autres choses dont on ne parle quasiment pas, et qu'il ne faut pas non plus négliger parce que source de grande frustration chez les supporters. Il y a matière à reprocher dans les conditions d'accueil des supporters qu'il faut absolument optimiser. Certaines banderoles fièrement accrochées dans les enceintes devraient être contrôlées plus à l'avenir, puisque injurieuses. La liste du matériel autorisé par les comités des supporters doit être clairement définie, et non aléatoire d'une arène à une autre. Et puis, surtout, les prix des places qui ne sont jamais fixes, et qui génèrent des fois des critiques acerbes de la part des jeunes supporters. Si on corrige ces quatre réalités, on aura fait beaucoup dans le bon sens, et il ne restera que la multiplication des campagnes de sensibilisation aux valeurs du sport.
Nous sommes tous conscients, en guise de conclusion, que le sport ne doit en aucun cas servir de support à l'expression de comportements agressifs et violents, et nous sommes tous concernés par cette tâche ambitieuse dont l'objectif est de faire reculer les incivilités et les violences.


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