Les résistants étaient mus par le devoir de défendre le pays contre les exactions de l'occupant, décidé à reprendre les choses en main à la fin de la deuxième guerre mondiale. C'était la défaite des nazis dirigés par le Führer et les fascistes ayant à leur tête le Dutche, c'est-à-dire ceux qu'on avait appelé les pays de l'Axe. Ceux-ci avaient essayé de conquérir le pays à leur tour et tentaient dans ce dessein de gagner la sympathie de certains militants qui pensaient avoir trouvé auprès d'eux un écho favorable à la cause tunisienne et une issue pour la libération du pays. Ils avaient cependant réalisé que c'était une peine perdue d'autant que le pays ayant été à un moment donné un champ de bataille pour les belligérants, avait été sérieusement lésé et subi d'énormes préjudices par le nombre de morts et de blessés parmi les autochtones, à cause d'un litige dont ils n'y étaient pour rien. Le retour en force des colonisateurs après cette guerre, réveilla les militants d'une certaine torpeur qu'ils avaient manifestée à un moment donné, étant tiraillés et essayant de composer au gré des circonstances et de la conjoncture entre les deux belligérants. Bien plus les militants étaient à un moment donné divisés, sans qu'ils fussent tout à fait opposés. Une minorité d'entre eux essayait néanmoins de jouer la carte des pays de l'Axe. Les leaders, membres pour la plupart du Néo-Destour, tel que Bourguiba ou Habib Thameur, avaient décidé dès 1946 de changer de stratégie, à savoir de se diriger vers les pays du Moyen-Orient pour faire entendre la cause tunisienne. Ce fut ainsi au mois d'août 1946 que fut institué le bureau de Néo-Destour au Caire. Celui-ci commença à faire pénétrer mensuellement des brochures où étaient exposés les problèmes liés à la cause tunisienne, et où étaient dénoncées les exactions exercées par les autorités coloniales à l'égard des Tunisiens. Il importait à partir de là d'assurer la coordination entre les deux bureaux du Néo-Destour en Tunisie et au Caire. L'opinion publique au Caire, était ainsi régulièrement informée de l'action des militants en Tunisie. Mais était-elle au courant de la scission entre les militants du vieux Destour et ceux du Néo-Destour, ou parlait-on d'une action conjointe ? D'autant plus que certaines manifestations étaient menées par les militants en général. Ce fut le cas au congrès de la nuit du Destin dont les participants étaient aussi bien des Destouriens que des Néo-Destouriens. En tout état de cause et à un moment donné, il y avait une sorte d'union de tous les militants, abstraction faite de leur appartenance à tel ou tel parti, et dans un but commun : la libération du pays du joug du colonialisme. Ce fut de cette façon que la cause tunisienne était perçue par tous les arabes dans les pays du Moyen et Proche-Orient, dont notamment l'Egypte. Devant le soutien arabe aux militants tunisiens sans exception, le leader Bourguiba qui était au Caire et fort de cet appui, était encouragé par les militants des deux partis, ainsi que par le Bey martyr qui se trouvait à l'époque ou exil à Pau. En effet, un télégramme commun en ce sens a été envoyé à Bourguiba par Salah Ben Youssef et Salah Farhat au nom des deux partis du Destour. Moncef Bey de son côté lui envoya un télégramme où pour le doter de son appui personnel en tant que souverain militant ainsi que de celui de tous les Tunisiens. Les militants du Néo-Destour considéraient que l'année 1947 était celle de la cause tunisienne aussi bien à l'échelle nationale qu'à l'échelle arabe. En effet, le bureau du Néo-Destour au Caire arrivait à mieux faire connaître le problème tunisien qui trouvait écho auprès de la plupart des pays arabes, une sécheresse avait affecté sérieusement la production agricole en 1947 dans la plupart des régions, que ce soit dans le nord ou le Sud Tunisien. Une aide a été envoyée par la Syrie et l'Egypte, de 300 tonnes de céréales, par le cargot égyptien "La princesse Faouzia" en avril - mai 1947.