* .Nécessaire mise à niveau des programmes avec, entre autres, l'informatique car, sur le marché de l'emploi, les littéraires ont très peu d'atouts. * Demande de qualité pour le français et l'anglais. Les sections littéraires ne sont plus génératrices d'emploi. C'est ce que ne cessent de répéter les élèves et leurs parents. Ce constat éloigne systématiquement les élèves brillants de ces parcours. Pourtant, la chute des frontières et la mondialisation rampante génèrent plusieurs professions qui transitent par des supports littéraires telles que le négoce international, le tourisme, etc...Et même les langues, aucune société ne pourrait vivre sans linguistes. Donc, où se situe vraiment la problématique ?
L'état des lieux Si l'on part des débats d'une réunion du conseil d'une classe d'orientation, trois observations retiennent l'attention : D'abord, l'administration cherche à respecter une certaine répartition proposée par le ministère de l'Education sur les taux d'élèves à orienter vers chacune des filières disponibles. Le souci de planification oblige. Ensuite, les meilleurs élèves sont systématiquement orientés vers les sections scientifiques. Enfin, l'orientation vers les sections littéraires est une voie pour ceux auxquels on ne pouvait pas satisfaire les premiers choix. On l'utilise comme débarras. Il est vrai que certains élèves brillants en lettres la choisissent nominativement. Mais, il s'agit d'une infime minorité.
Les besoins du marché de l'emploi Cette situation est le résultat d'un marché d'emploi où les maîtrisards d'arabe, de philo, de sciences islamiques, d'histoire et de plusieurs autres filières littéraires, sont difficilement employables. Les issues sont quasiment fermées même pour ceux, parmi eux, qui ont obtenu un diplôme d'études approfondies « DEA »et parfois même, un doctorat. Le marché de l'emploi, axé plutôt sur le secteur privé, a d'autres exigences. Les investissements sont essentiellement orientés vers les services, mais aussi vers l'industrie. La gestion des TIC et de l'industrie n'a apparemment pas besoin de « philosophes », et encore moins d'arabophones et d'islamologues. Elle a plutôt besoin de manutentionnaires maîtrisant l'outil informatique, qu'il soit au niveau des logiciels, de la programmation ou même de la saisie. Elle nécessite principalement des techniciens pour manier les instruments mais aussi des commerciaux pour vulgariser leur utilisation et prospecter pour les vendre. Donc, il y a bien une place pour ces intermédiaires et ils doivent s'outiller pour leurs fonctions. Leur formation doit inclure l'informatique, les langues à côté de la formation générale de base. Le mal n'est donc pas dans la vocation littéraire en tant que telle, mais, dans le contenu de cette vocation.
Le littéraire TIC La formation actuelle des élèves et des étudiants tarde à répondre aux exigences du marché de l'emploi. Il y a déjà une dizaine d'années que la maîtrise d'arabe est difficilement employable. Or, on continue à orienter des bacheliers vers cette section et avec un squelette similaire de formation. Même sa nouvelle orientation « LMD » ne lui a pas apporté un nouvel habillage adapté aux exigences de la mise à niveau requise. Pourtant, le marché de l'emploi exige un nouveau profil TIC pour tous les diplômés. Le littéraire TIC est appelé à maîtriser les langues et l'informatique pour adapter son audience au nouveau monde des communications. Le mieux serait que les programmes, tous les programmes, s'adaptent à l'ère nouvelle. Mourad SELLAMI
Trois questions à Ridha Ben Ali, inspecteur d'enseignement secondaire à la retraite : « Les littéraires demeurent les premiers spécialistes de la communication, mais leurs programmes doivent adhérer à l'ère TIC »
Le Temps : Avec cette employabilité très faible de ses diplômés, devrait-on éliminer les sections littéraires ? Ridha Ben Ali : Loin de là, avec le développement des technologies de pointe et la rapide transformation du rythme de la vie, ces littéraires sont plus que jamais nécessaires à la société. Ils passent pour être maîtres dans les techniques de communications. Ils ont une gymnastique cérébrale spéciale qui sait communiquer les informations.
. Pourtant, ils ne sont pas demandés sur le marché de l'emploi ! - Ce n'est pas parce qu'ils sont des littéraires. Mais, plutôt, par inadaptation des programmes, encore en cours, avec les nouvelles technologies. Les techniques des communications ont changé. Des matières comme la philosophie et la civilisation doivent comporter de nouveaux programmes. Il faut apprendre aux jeunes les bonnes manières pour réfléchir. Mais, les sujets abordés doivent être comparables. Les temps ont changé, les programmes doivent suivre.
. Qu'est-ce que vous proposez à vos successeurs ? - Le rôle de l'enseignement, et notamment l'enseignement littéraire, c'est de faire apprendre les normes. Et comme la société se développe ces jours-ci d'une manière très rapide, il est normal que les programmes soient en mesure de soutenir ce rythme. Autrement, ils n'accrochent pas les élèves car, ils ne les aideront pas à comprendre les complications de la vie. L'enseignement fondamental est censé offrir des repères aux élèves. Mais, ces repères nécessitent une refonte à chaque fois qu'ils sont trop dépassés par les données de la vie. Et je crois que nos programmes littéraires, et même scientifiques, méritent un coup de toilette.