Les violences physiques dans notre société se conjuguent le plus souvent au masculin, notamment lorsqu'il s'agit de différends personnels qui surgissent intempestivement et que les protagonistes ne parviennent pas à résoudre à l'amiable. Toutefois, rarement pareils actes sont enregistrés parmi la gente féminine qui est, en la matière, se trouve à l'antipode du sexe fort. Des invectives, l'on passe très rapidement aux mains et même à l'arme blanche si nécessaire, en ayant à cette occasion l'intime conviction de pouvoir ainsi l'emporter sur son adversaire. Alors qu'en fait, en procédant de cette manière, l'on finit généralement devant le tribunal qui condamnera le coupable pour s'être fait justice lui-même. C'est bien le cas de cette ouvrière, employée dans un établissement de la zone industrielle de Sidi Rézig, une proche banlieue de la capitale, qui s'en est prise à une collègue de travail avec une telle violence qu'elle lui a occasionné des blessures plus ou moins graves. Pour un motif inconnu, bien qu'il semble avoir trait à la jalousie, elle a été interpellée par cette dernière, sans ménagement, ce qui a provoqué en elle une telle rage qu'elle lui a sauté dessus pour lui faire subir une correction qu'elle n'oubliera pas de si tôt. Crêpage de chignon, coups bas, coups de griffe, morsures a été le lot de sa rivale, sévèrement malmenée, malgré l'intervention des camarades qui tentèrent de mettre fin à son calvaire. Les deux ouvrières étaient vraiment en furie. Heureusement que les ciseaux qui étaient à la portée n'ont pas été utilisés, sinon c'était la catastrophe. Ce combat inégal se termina au poste de police où l'ouvrière, meurtrie dans sa chair, exhiba un certificat médical attestant de la violence inouïe qu'elle a subie et lui accordant une longue période de repos. Sa collègue reconnut les faits, tout en affirmant qu'elle a été l'objet de provocation, à plusieurs reprises, de la part de sa rivale qui n'a jamais cessé de la pourchasser pour le moindre prétexte. Traduite devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Ben Arous, elle exprima ses plus vifs regrets pour s'être fait justice soi-même, insistant sur le fait qu'elle a seulement voulu infliger une correction à sa rivale à titre de représailles, mais non la blesser sérieusement. La cour s'est retirée pour délibérer.