Conflit de valeurs. Chaque fois qu'il est question de transcendance, l'Islam s'y trouve mêlé. La greffe d'organes est-elle tolérée, sinon encouragée en Islam ? Bien sûr il n'est guère de Sourates, de Versets qui la sanctifient. Et alors en homme de science d'abord, en homme de foi surtout, en médecin aussi vraisemblablement imbu d'épistémologie le docteur Mohamed Salah Ben Ammar s'en remet, dans la page 15, à un Hadith, authentique pré-figuration de ce que sera sa démarche : "Sur quoi baser mes jugements ? Sur le Coran Et si le Coran n'a rien spécifié ? Sur la Sunna Et si la Sunna n'a rien spécifié ? Sur l'Ijmâ Et s'ils n'ont rien dit ? Sur ta propre raison" Hadith "Vous avez dans le Prophète de Dieu, un bel exemple 33.21 La problématique pour les 20% de la population mondiale que représentent les Musulmans, se résumerait en ceci : L'Islam s'oppose-t-il au don d'organes ? Ben Ammar trouverait - sans le dire expressément - refuge auprès des libres penseurs : Averroès, El Kindi, Al Farabi. Il se rapproche aussi de ceux plus cartésiens comme Al Ghazali ceux qui partent du "doute". Mais en plaçant la problématique dans la mouvance mondialiste, en cette ère où la science invente Dolly, et à la prétention démoniaque de "réinventer" l'être humain, le Dr Ben Ammar préfère partir sur d'autres bases fournies par l'éthique de l'Islam, sa dimension de tolérance, avec un regard équidistant vis-à-vis des Oulémas (qui balbutient) et des prédicateurs obscurantistes. En soi, le Coran est l'ouvrage le plus complet qu'ait produit le souffle divin dans l'âme humaine. Lorsqu'il parle de genèse de l'être humain, de sa création, Dieu est dans son rôle : le souffle créateur. Mais lorsqu'il affirme que si la quête de savoir de l'être humain se projetait au delà du Trône de Dieu, elle y réussira. Et c'est là toute la dimension épistémologique du Coran : c'est aussi un livre de sciences, et qui donne lui-même libre cours à la philosophie qui naît de cette donne précisément : et c'est l'épistémologie. Le Dr Ben Ammar est d'autant plus à l'aise sur ce chapitre que l'Islam a nourri des courants de pensée de libre pensée, basés sur la tolérance. La religion de la tolérance ne saurait s'opposer à un acte sauvant une vie humaine. Et d'ailleurs Mohamed Salah Ben Ammar précise : "Si la réalité est irrationnelle, il faut inventer des concepts irrationnels", disait Hegel - Accepter de donner ses organes ou ceux d'un être cher est presque irrationnel de prime abord. Revenir aux fondamentaux pour y puiser de nouvelles règles qui répondent aux détresses des donneurs et des receveurs, est la voie de la Sagesse.