Nous sommes déjà à la fin de l'année scolaire. Beaucoup d'élèves ont déjà commencé à passer les examens de fin d'année, d'autres s'y préparent encore. Les candidats au bac sont, quant à eux, en pleine période de révision. Pour les enseignants, c'est la période de récolte. Les séances de cours particuliers deviennent plus nombreuses et ça se chiffre à des milliers de dinars. Ceux qui ont déjà raté les deux premiers semestres, n'ont plus qu'une seule chance pour se rattraper et pouvoir réussir. Ils doivent, coûte que coûte, avoir d'excellentes notes au cours de ce troisième et dernier trimestre de l'année. De leur côté, les parents sacrifient leurs salaires du mois de mai pour les cours particuliers et promettent à leurs enfants des cadeaux, des sorties et un programme riche pour les vacances d'été. L'essentiel c'est de réussir et ne pas râter l'année. Juste après les vacances de printemps, les élèves commencent à se préparer pour quitter l'école ou le lycée. Les absences deviennent plus nombreuses et les salles de classe presque vides. D'ailleurs, on se demande comment c'est devenu aussi facile d'avoir un billet d'entrée. Les domiciles de plusieurs enseignants ne désemplissent pas. Un groupe entre, l'autre sort. Les élèves n'arrivent plus à assimiler parfaitement leurs cours quand ils sont en classe. Ils les assimilent mieux quand ils sont dans une séance de cours particuliers. Pourquoi ? Est-ce dû aux professeurs qui n'expliquent pas bien la leçon en classe ou plutôt aux élèves qui ne veulent pas se concentrer en classe et croient que les cours particuliers leur permettront de se rattraper ? ou est-ce dû au nombre élevé d'élèves dans les salles de classe ? Les causes sont probablement partagées. C'est un constat. Plusieurs enseignants fournissent plus d'effort pendant les cours particuliers que lorsqu'ils sont en classe. Il suffit de voir les séries d'exercices tapées par ordinateur et distribuées pendant les cours particuliers pour conclure que ce phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur. Ce type de séries est très rarement distribué pour les élèves en classe. Amine, professeur de mathématiques souligne que ce fait est tout à fait normal. « Je ne peux pas prendre mon temps largement en classe pour leur proposer des exercices et pouvoir ensuite les corriger. Le fait que je puisse terminer le programme c'est déjà bien. Donc, je pense que les cours particuliers sont nécessaires pour les élèves surtout ceux qui ont des difficultés à comprendre facilement les leçons », affirme Amine. Et il ajoute : « Il y a aussi le problème d'encombrement des classes qu'il ne faut pas négliger. Quand on a une quarantaine d'élèves en classe, la concentration devient très difficile ». Anissa, professeur de sciences physiques souligne que chaque fin d'année, les élèves affluent d'une manière anormale sur les cours particuliers. « Même si je n'ai plus assez de temps disponible pour donner des cours particuliers supplémentaires, les parents viennent jusqu'à chez moi pour me supplier d'enseigner leurs enfants. Ils me font savoir qu'ils sont prêts à payer n'importe quelle somme, pourvu que leur enfant réussisse » Pour ce qui est des élèves, ils continuent à perdre leur temps dans les sorties avec les copains au cours de l'année. Ce n'est qu'au troisième trimestre qu'ils réalisent qu'ils ont énormément perdu du temps et qu'il faut mettre les bouchées doubles pour se rattraper. Mahmoud, élève en deuxième année secondaire, souligne qu'il lui est arrivé même de dépenser l'argent des cours particuliers pour les sorties avec les copains. Sa maman Zohra déclare de son côté qu'elle s'est privé de plusieurs choses pour procurer à son fils tout ce dont il avait besoin. « Et je suis encore prête à dépenser des centaines de dinars s'il le faut dans les cours particuliers, l'essentiel c'est qu'il puisse réussir. Je ne peux pas accepter l'idée qu'il perde l'année », s'exprime Zohra avec regret. Les cours particuliers sont un phénomène qui a toujours existé. Seulement, au cours de ces dernières années, il est devenu un fait et une réalité. Ni les parents, ni les élèves et surtout pas les professeurs ne sont capables de s'en passer. Ils se rejettent mutuellement la balle. Les parents se plaignent de la hausse des prix des cours particuliers sans toutefois les boycotter. Les professeurs, affirment quant à eux, que ce sont les parents qui les supplient d'inscrire leurs élèves et ils les payent parfois le double pour des cours particuliers à domicile. Les élèves sont, quant à eux, inconscients face à tout cela. Ils étudient quand ils veulent et ils sortent quand ils veulent. Ils font la sourde oreille.