L'adéquation de la formation aux besoins du marché de l'emploi constitue actuellement un enjeu majeur. L'objectif étant de réduire au maximum le taux de chômage et d'améliorer l'employabilité des jeunes diplômés. Ces jeunes qui, après l'octroi de la maîtrise ou même d'un DESS ou, même, d'un DEA, continuent de chercher désespérément un poste d'emploi stable. D'autres jeunes n'ayant pas réussi leur parcours scolaire et n'ayant pas un diplôme entre les mains, ils essayent par tous les moyens de fuir et font le choix de l'émigration clandestine. Pour éviter la prolifération de ce genre de phénomènes sociaux, il est aujourd'hui temps de renouveler les méthodes et les contenus de formation en vue de les adapter au maximum aux nouveaux besoins des entreprises économiques. C'est dans ce cadre, que la Tunisie a adopté depuis une dizaine d'années l'approche par compétence (APC). Ce processus consiste à définir les objectifs de formation et les critères d'évaluation ainsi que l'élaboration des programmes et des outils didactiques. Dans ce contexte, un séminaire sur « l'APC à l'épreuve des réalités de l'apprentissage : bilan d'une expérience de dix ans et perspectives » se tient actuellement au CENAFIF (Centre national de formation des formateurs et d'ingénierie de formation). Ce séminaire auquel participent des experts et des spécialistes dans le domaine tunisiens et étrangers, vise justement à dresser un premier bilan et par conséquent cerner les pistes d'action pour corriger les dysfonctionnements relevés dans la pratique de l'APC et pour tirer le meilleur parti du dispositif méthodologique global que l'APC propose. Inaugurant les travaux de ce séminaire, M. Sadok Korbi, ministre de l'Education et de la Formation a souligné que « le fait de partir des besoins effectifs de l'appareil productif en compétences pour déterminer les spécialités de formation et définir les objectifs et les contenus correspondants, constitue l'élément central de la réforme et sa principale caractéristique ». Et il poursuit « ce choix peut être considéré comme un virage de grande ampleur dans l'approche de la formation professionnelle en Tunisie, qui jusque là se limitait à un catalogue de formations établi d'une manière unilatérale, sans s'appuyer sur une demande formelle et explicite des entreprises ». L'APC est donc une approche qui permet à l'apprenant d'acquérir des compétences durables plutôt qu'une accumulation des connaissances. Elle se base essentiellement sur la qualité des programmes et des contenus. En d'autres termes : maîtriser une compétence donnée, ce n'est pas restituer des connaissances apprises, c'est être capable d'accomplir une tâche ou une activité plus ou moins complexe de manière appropriée, selon les exigences prédéfinies. Au cours de ce séminaire de deux jours, les intervenants se pencheront sur la définition des pistes d'action et ce, en veillant à appliquer les normes définies en commun accord avec les professionnels, selon les exigences réelles des métiers. Les participants à ce séminaire, sont appelés à mettre l'accent sur les voies et les moyens permettant d'accroître l'efficacité et le rendement du dispositif de formation, en terme de qualité des acquis des apprenants et de niveau de performance dans la réalisation des activités liées aux métiers pour lesquels ils sont formés. Le ministre de l'Education et de la Formation a ajouté que « l'impératif aujourd'hui est à la fois de répondre de manière adéquate aux besoins des entreprises en personnel qualifié, et d'améliorer l'employabilité des jeunes par une formation de qualité ». « ...j'estime que le temps est venu de focaliser davantage l'intérêt sur les enseignants et notamment sur les instituteurs qui constituent les fondements de l'édifice scolaire et du dispositif scolaire », ajoute M. Korbi. Il convient de souligner que le projet de l'expérimentation de l'approche par compétences au deuxième cycle de l'enseignement de base vient dans le cadre de la vérification des portées de cette approche lesquelles se résument à réduire le taux d'échec et à garantir la réussite pour la plupart des élèves. Par ailleurs, l'APC au 1er cycle de l'enseignement de base vise à faire aux élèves des compétences qui les préparent à apprendre tout au long de la vie à savoir agir en situation. Ainsi, au niveau de l'enseignement de base, l'APC vise-t-elle essentiellement à faire participer activement l'élève à la construction de ses savoirs (savoirs, savoir faire, savoir être), à développer ses compétences intellectuelles, linguistiques, méthodologiques... en le faisant travailler à la résolution de situations - problèmes liées aux langues, aux maths, aux sciences, à la technologie, à installer des comportements relationnels favorisant " le vivre ensemble" et à développer des attitudes positives en matière d'évaluation/ d'auto-évaluation.