* Vision prospective et stratégique plutôt floue ; manque de visibilité sur les marchés Pour avoir la qualité de manager, il convient de joindre l'aspect de gestionnaire à l'aspect de futurologue. La mission d'anticipation ou de prospection stratégique est attribuée au manager qui est habilité à adapter la politique de l'entreprise à son environnement interne ou externe et à agir dans les circonstances les plus critiques tout en ayant la capacité d'anticiper les menaces à défier ou les opportunités à saisir en temps opportun. Pour évaluer la notion de prospective stratégique chez les jeunes dirigeants tunisiens, le Centre des jeunes dirigeants vient d'effectuer un sondage auprès de 100 chefs d'entreprises. Les jeunes dirigeants paraissent saisir le concept et l'utilité de la prospective stratégique dans un environnement économique de plus en plus instable. Néanmoins, bon nombre de dirigeants trouvent des difficultés à mettre en place une démarche prospective à moyen ou à long terme. Les causes : manque de statistiques fiables, carences au niveau des moyens humains et financiers, et instabilité de l'environnement de l'entreprise. L'enquête élaborée par le Centre des Jeunes Dirigeants a concerné 100 managers répartis sur huit gouvernorats du pays. L'échantillon représentatif des jeunes chefs d'entreprises retenu est ventilé ainsi : 66% des dirigeants opèrent dans le secteur des services, 25% opèrent dans le secteur de l'industrie et 9% opèrent dans le commerce et la distribution. 41,7% des interviewés définissent la prospective comme anticipation. Il s'agit justement d'anticiper l'environnement futur de l'entreprise : la progression de la demande, l'évolution de la concurrence, les exigences futures des clients, les progrès technologiques attendus, les étendues des réformes économiques, financières, législatives et réglementaires en cours de réalisation ou en perspective... Selon les résultats de l'enquête du CJD, 88% des jeunes dirigeants considèrent que les entreprises tunisiennes sont plus sensibles à leur environnement économique et financier qu'à leur environnement socioculturel. 77% des personnes interrogées voient que l'avenir de l'entreprise dépend des évolutions de l'environnement législatif et économique. Pour ce qui est de la visibilité ou de la vision futuriste des chefs d'entreprises, 75% d'entre eux sont unanimes que leur plan prospectif varie entre 1 et 3 ans. Il s'ensuit qu'au-delà des trois ans, le jeune dirigeant n'aura pas de visibilité sur son marché. Seulement 7% des JD déclarent avoir une visibilité de marché dépassant les 10 années. La pénurie et la difficulté de disposer de l'information nécessaire, constituent les freins de base à l'élaboration d'un plan prospectif. De plus, la mise en place d'une gestion prévisionnelle suppose l'utilisation de moyens techniques et humains adaptés. Moins de 50% des chefs entreprises interrogés déclarent effectuer formellement et d'une manière périodique des études prospectives et un plan de gestion prévisionnel. Tout en soulignant le rôle qui incombe à l'UTICA dans la réalisation des études prospectives sectorielles au profit des entreprises, 83% de la population-cible pensent qu'une étude prospective permettra d'accroître leur visibilité sur le marché et 88% déclarent leur prédisposition à participer à une étude prospective au sein du CJD. La visibilité à moyen et long terme de l'environnement de l'entreprise est un outil managérial inévitable à l'heure des changements structurels et conjoncturels du monde de l'entreprise. Pour résister à la concurrence actuelle et à venir, le chef d'entreprise doit disposer d'un plan prospectif bien élaboré, pointu et clair.