Le Temps-Agences - Bernard Kouchner, chef de la diplomatie française, a entamé une visite officielle de deux jours en Irak afin d'y marquer la volonté de Paris de s'engager pour la reconstruction de ce pays après s'être opposé en 2003 à son invasion par l'armée américaine et ses alliés. Le ministre français s'est rendu à Nassiryah, dans le Sud, où il a eu des entretiens avec le vice-président chiite Abel Abdoul-Mahdi, économiste de formation française, et le gouverneur de province Aziz Kadhim Alaouane. "Cette seconde visite en neuf mois, à la veille de la présidence française de l'Union européenne, témoigne de l'engagement politique renouvelé de la France à l'égard de l'Irak et du peuple irakien", selon un communiqué du Quai d'Orsay. "Elle sera l'occasion pour le ministre d'exprimer aux Irakiens la disponibilité de la France à travailler, aux côtés de toutes les communautés irakiennes, en vue de favoriser la réconciliation nationale." La France, qui assume la présidence tournante de l'UE en juillet, compte œuvrer à une implication plus forte de l'Union dans la reconstruction du pays et propose d'accueillir des pourparlers de réconciliation. Kouchner doit inaugurer un bureau d'ambassade ouvert par la France à Erbil, capitale administrative de la région du Kurdistan, a indiqué son ministère. Le ministre français avait déjà effectué en août dernier une visite surprise à Bagdad. A Nassiryah, il s'est entretenu des possibilités d'investissement des entreprises françaises en Irak, a déclaré Abdul Hussein Dawod, porte-parole du gouverneur provincial. Il s'est aussi rendu sur un site archéologique voisin. Kouchner a déclaré aux journalistes à Nassiryah qu'il souhaitait encourager le tourisme dans cette région et que la France était prête à investir dans divers projets si le gouvernement de Bagdad y donnait son accord. Le ministre français était attendu en fin de journée à Bagdad pour des entretiens avec le président Djalal Talabani et le président du parlement, Mahmoud al Machadani. Kouchner, l'un des rares hommes politiques français qui aient approuvé l'intervention militaire en Irak, doit rencontrer aujourd'hui le Premier ministre Nouri al Maliki. Kouchner rencontrera aussi des représentants d'organisations humanitaires et Mgr Emmanuel Delly, 77 ans, patriarche chaldéen de Bagdad. Les chaldéens, qui appartiennent à une branche de l'Eglise catholique pratiquant un rite oriental ancien, forment la première communauté chrétienne d'Irak. Cette année, Kouchner a proposé d'accorder 500 visas aux chrétiens irakiens, faisant valoir qu'ils étaient particulièrement visés par les violences intercommunautaires. Mais le cardinal Leonardi Sandri a fait savoir que les chrétiens irakiens demandant l'asile en Occident ne devaient pas recevoir de traitement de faveur fondé sur la religion.