Ce qui est en train de se produire à Sousse ne doit étonner personne. Ni Moëz Driss, ni les dignitaires, ni les supporters et, certainement, pas Othman Jenayeh, dont le nom rebondit, tout d'un coup... Le président étoilé vit des moments difficiles. On lui impute le naufrage des dernières semaines. On lui reproche une gestion « trop » personnifiée de la marche du club et « pire que tout », disent ses détracteurs, il a la prétention de remonter jusqu'à « l'idéologie » du club, c'est-à-dire sa philosophie, sa façon d'être. Moëz Driss serait donc coupable d'être anti-conformiste et de ne pas trop s'en tenir à certaines règles... De surcroît, le transfert de Chermiti en Allemagne, tombe à l'eau. Les Allemands auraient accepté de laisser l'attaquant étoilé disputer la Coupe de Tunisie après quoi il irait en Allemagne. Driss ferait la sourde-oreille, peut-être aussi, pour être logique avec ce qu'il a déclaré sur les colonnes de notre journal et à radio Jawhara : « Pas de départ de joueurs étoilés ». Mais c'est tout de même curieux : normalement aucun supporter n'aime voir partir de son équipe un grand joueur. Comment se fait-il que beaucoup de supporters ne veuillent plus voir Chermiti réendosser le maillot étoilé, eux qui avaient pourtant fait la moue quand Driss céda Chikhaoui, l'été dernier, puis Ben Fraj et Ghzal au beau milieu de la saison. A l'époque, l'équipe était dans un état de grâce. Et, donc, des cessions – fussent-elles aussi importantes – étaient tolérées. Maintenant, l'équipe vit des moments difficiles et pourtant, les supporters veulent le départ de Chermiti !! Il faut dire que l'attaquant étoilé aura tout fait pour étaler cet éventail de maladresses, un manque de sérieux, un côté dédaigneux vis-à-vis de l'adversaire : bref, il s'est mis à imiter Jaziri. A la longue, c'est le type de joueurs difficiles à gérer. Driss est, donc, face à un dilemme. Mais il fait aussi l'objet d'un retour des choses. On avait marre d'un Jenayeh qui ne gagnait pas. Moëz Driss n'était peut-être pas le plus favori pour lui succéder. Mais il était le plus indiqué. Jenayeh entrait dans l'histoire. Driss gagne. C'est un gagneur. Et du coup, c'est la translation : « Jenayeh est un perdant chronique », dit-on. « Driss un gagneur névrotique ». Personne ne plaît, en somme. Nul n'est parfait. L'approche dans la perception de l'Etoile reste dominée, d'abord, par des pesanteurs caciques : qui est plus légitime que l'autre ?... et ensuite par les soubresauts et les humeurs d'un environnement empreint de versatilité, de fébrilité excessive. Peut-on reprocher à Driss d'avoir un peu trop versé dans l'ivresse de la gloire ? Peut-être que si. A-t-il franchi ce dangereux rubican qui le fait basculer dans l'arrogance et le mépris des rivaux (« deux quartiers ») : c'est un montage de toutes pièces. En revanche, il n'a pas su entretenir la fibre affective que nourrissait Jenayeh... Et du coup, on oublie la champion's league et le championnat de la saison dernière, conquis après une décennie de dèche. On se met à regretter Jenayeh. On le sonde même. On garde la nostalgie de son côté gentleman. Et ceux qui le sollicitent, aujourd'hui, sont ceux-là mêmes qui le comparaissaient à « Mère Teresa»,ou encore à un Poulidor, l'éternel second. C'est futile. C'est versatile. C'est passionnel. Mais, c'est comme ça.