Le Temps-Agences - Barack Obama a entamé hier la véritable campagne présidentielle, en tant que premier candidat noir de l'histoire à la Maison Blanche. Désormais assuré de représenter le Parti démocrate contre le républicain John McCain en novembre, le sénateur de l'Illinois doit rassembler son camp et convaincre les Américains de sa capacité à porter le changement. Sa victoire annoncée sur la favorite, Hillary Clinton, sonne comme une révolution dans un pays où, il y a un demi-siècle, la discrimination raciale allait jusqu'à la ségrégation dans le Sud et où les Noirs ont dû se battre jusqu'en 1966 pour le droit de vote. Encore inconnu sur la scène politique nationale il y a quatre ans, il a réalisé une campagne exceptionnelle, promettant le changement à des Américains lassés des difficultés économiques et de la guerre en Irak. Selon les calculs de l'Associated Press basés sur les primaires et causus et les déclarations publique sou non de soutien à Barack Obama, ce dernier a franchi mardi soir le seuil des 2.118 délégués requis pour obtenir l'investiture du Parti démocrate à la convention nationale qui se déroulera en août à Denver (Colorado). Il a recueilli le soutien d'au moins 2.144 délégués et superdélégués, ces quelque 800 personnalités du Parti de l'Ane au vote libre. Lors des dernières primaires mardi soir, Barack Obama a remporté le Montana, et Hillary Clinton le Dakota du Sud. "Amérique, c'est notre heure! Notre heure est venue. Notre tour de tourner la page des politiques du passé!", a lancé Barack Obama mardi soir en revendiquant l'investiture démocrate. "Ce soir, je peux me tenir là et dire que je serai le candidat démocrate pour l'élection présidentielle américaine", a-t-il déclaré à des milliers de supporters en délire réunis dans un stade à Saint-Paul (Minnesota). "Commençons à travailler ensemble", a demandé Barack Obama à la foule mardi. "Unissons-nous dans un effort commun pour dessiner une nouvelle route pour l'Amérique." Il a rendu un chaleureux hommage à celle qui se rêvait en première femme présidente des Etats-Unis et dont il convoite désormais les sympathisants. La sénatrice de New York "a marqué l'histoire au cours de cette campagne, pas seulement parce qu'elle est une femme, mais parce qu'elle est un leader qui inspire des millions d'Américains grâce à sa force, son courage, et à ses engagements envers les causes qui nous ont amenés ici ce soir", a affirmé M. Obama. "Notre parti et notre pays se portent mieux grâce à elle, et l'honneur de l'affronter a fait de moi un meilleur candidat." Les spéculations allaient bon train sur un possible "ticket" par lequel Barack Obama prendrait la présidence et Hillary Clinton la vice-présidence, mais l'ex-Première dame a en tout cas refusé de reconnaître explicitement la victoire de son adversaire et sa propre défaite mardi. Un peu plus tôt, la candidate à l'investiture s'était dite "ouverte" à l'idée d'un tandem avec Barack Obama si cela devait permettre aux démocrates de reprendre les commandes du pays. Elle dispose du soutien des électeurs âgés et de la classe ouvrière, ainsi que des femmes, un électorat qui pourrait s'avérer précieux pour lutter contre John McCain. Le candidat républicain, mathématiquement assuré de l'investiture de son parti depuis mars, est tout de suite passé à l'attaque contre Barack Obama, insistant sur la jeunesse et l'inexpérience de ce sénateur de 46 ans et sur le bilan concret que lui, à 71 ans, peut présenter à l'appui de ses promesses. Les deux hommes, farouches adversaires sur la politique irakienne, ont cinq mois pour convaincre.