La position géographique de la Tunisie, dans une région charnière entre les régions tempérées de l'hémisphère nord et les régions intertropicales, confère à son climat une grande variabilité. En effet, les précipitations ont toujours été marquées par des épisodes secs (quelques mois voire quelques saisons), associés à des séquences pluvieuses, parfois désastreuses et, en tout cas, peu propices à une mobilisation efficace de l'eau. Les ressources en eau d'une façon générale, et les eaux de surface d'une façon particulière, sont largement dépendantes de la variabilité du climat et des précipitations. Ainsi, selon une étude du ministère de l'Environnement , le volume moyen d'eau de surface annuellement disponible en Tunisie est de l'ordre de 2700 Millions de mètres cubes par an (Mm3/an). Néanmoins, cette disponibilité, fortement modulée par la pluviométrie, laisse une large place aux cas extrêmes. Ainsi :
• Une année sur deux, la disponibilité est inférieure à 2230 Mm3 /an ; • Une année sur cinq, la disponibilité est inférieure à 1500 Mm3 /an ; • Une année sur dix, la disponibilité est inférieure à 1250 Mm3 /an ;
Bien économique et environnemental Les ressources en eau de la Tunisie sont limitées. Avec un capital en eau de 528 m3/habitant/an , la Tunisie est, sur la base des normes de la Banque Mondiale, déjà dans une situation de stress hydrique proche de la pénurie, accentuée par une très forte pression anthropique. Aussi mineurs soient-ils, les changements climatiques peuvent donc avoir de graves conséquences sur les ressources en eau, sur les écosystèmes qui dépendent de l'eau, et sur les différentes activités économiques grosses consommatrices d'eau, comme l'agriculture et le tourisme.
Les ressources nettes en eau sont principalement déterminées par la différence entre la quantité d'eau que la Terre reçoit sous forme de précipitation et la quantité d'eau qui s'évapore. En Tunisie plus de 80 % des eaux des pluies sont reprises par l'évaporation. En modifiant les taux d'évaporation et de précipitation, le réchauffement de la planète affecterait probablement le bilan hydrique climatique et par conséquent les ressources en eau. Si les températures plus élevées provoquent une intensification marquée de l'évaporation, même une éventuelle augmentation importante des chutes de pluie pourrait ne pas suffire à éviter la diminution des ressources en eau douce , avertit l'étude. De plus, à cause du réchauffement global, le bilan pluvial pourrait être caractérisé par une fréquence plus grande des pluies issues d'orages ou d'averses diluviennes disparaissant généralement en eaux de ruissellement sans être absorbées par les sols.
Les ressources côtières en eau subiront des effets directs par suite du réchauffement du climat et des effets indirects par suite de l'élévation du niveau de la mer. Les ressources en eau des régions côtières encourront ainsi le maximum de risques. Par exemple, certaines nappes phréatiques (région de Sfax, Sahel, Cap Bon, région de Bizerte) présentent déjà des signes de dégradation, et sont très sensibles aux impacts des changements climatiques. L'élévation du niveau de la mer mettrait en péril ces formations aquifères et autres réserves d'eau douce souterraines par intrusion des eaux marines, d'autant plus que la pression anthropique sur ces nappes est très grande.
Par ailleurs, les ressources provenant des nappes profondes (le secteur sud du littoral / golfe de Gabès), souffrent déjà de la baisse du niveau piézométrique. L'eau est en plus de qualité médiocre. Ces nappes fossiles ne seront pas touchées directement par l'élévation du niveau de la mer. Le réchauffement du climat aura, cependant, des répercussions indirectes sur ces ressources. En particulier, l'augmentation des besoins en eau par suite de la chaleur et de l'augmentation de l'évaporation accentuera la pression sur ces ressources.
Les ressources en eau superficielle du secteur littoral sont en partie d'origine locale et en partie en provenance des régions nord plus humides (les eaux de la Medjerda). Les eaux de surface seront affectées d'abord par la perturbation imposée par les changements climatiques aux régimes de la pluie et de l'évaporation. Ces perturbations pourront se traduire par une baisse du potentiel des eaux de surface, alors que les besoins auront augmenté et que le potentiel des nappes phréatiques aura diminué.
Enfin, il est également probable que l'EANM affecte, à terme, le secteur de ressources en eau non conventionnelles En effet, le nombre de stations d'épuration installées sur la zone côtière a atteint ces dernières années 40 stations, dont une partie de l'eau traitée générée est utilisée pour l'irrigation. L'élévation accélérée du niveau de la mer affectera directement les stations d'épuration proches de la mer, qui seront partiellement ou totalement endommagées.
Lutte contre la désertification Dans le cadre d'une politique nationale de développement durable, la Tunisie s'est résolument engagée dans la lutte contre la désertification. Ainsi, la Tunisie a été parmi les premiers pays à avoir ratifié la convention sur la désertification en 1995. Par ailleurs, elle a élaboré un Plan d'Action National de Lutte Contre la Désertification (PAN-LCD). L'objectif de ce plan est de lutter contre la désertification et d'atténuer les effets de la sécheresse dans les milieux arides, semi-arides et sub-humides secs. L.M.
Plan d'action Ce plan se démarque considérablement par rapport au passé, dans la mesure où, en plus du diagnostic physique et socio-économique des milieux sensibles, et des expériences passées menées dans le même cadre, il préconise une approche: • Concertée et participative (partenariat entre administration et population, coopération entre toutes les structures gouvernementales et non gouvernementales, ; • Intégrée au niveau des zones socio-agro-écologiques ; • S'inscrivant dans une optique de développement rural durable ; • Préconisant le développement d'une coopération internationale au niveau sous-régional, régional et mondial. Le PAN-LCD comprend des mesures conservatoires d'envergure, s'articulant autour de trois thèmes majeurs : • Lutte contre l'érosion hydrique et éolienne par une stratégie de Conservation des Eaux et des Sols (CES) et de lutte contre l'ensablement ; • Lutte contre la dégradation du couvert végétal par une stratégie de reboisement et d'amélioration des parcours ; • Lutte contre la salinisation des sols et des eaux par la mise en œuvre d'une stratégie de développement des ressources en eau.