Le Temps-Agences - Après une année de violences et malgré le scepticisme général, une trêve de six mois entre Israël et les militants du Hamas dans la Bande de Gaza est entrée en vigueur hier. Il a fallu des mois de médiation égyptienne pour arracher ce nouvel accord destiné à faire cesser les violences, éviter une offensive israélienne majeure et alléger le douloureux blocus du territoire. Depuis que le Hamas en a pris le contrôle en juin 2007, sept Israéliens et plus de 400 Palestiniens, en majorité des civils, ont péri dans la succession d'attaques de roquettes palestiniennes et de raids israéliens. "Je veux pouvoir dormir sans entendre des bombardements ou des raids aériens", dit Eman Mahmoud, un jeune Palestinien de 22 ans, étudiant à l'université de Gaza. "On vit un cauchemar", confie-t-il. "Je ne sais pas combien de temps cela va durer, mais mon rêve serait que le calme continue". Au moins 40 roquettes et dix obus de mortier avaient été tirés mercredi par les militants, selon l'armée israélienne qui a procédé de son côté à une série de représailles. Juste avant l'entrée en vigueur de la trêve, un militant du Hamas a été tué dans une frappe israélienne. Mais plus de quatre heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 6h du matin (3h GMT), aucun incident n'était signalé. "On ne sait pas combien de temps il pourrait tenir, deux jours ou deux mois", a estimé le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak dans un entretien au quotidien français "Le Monde". "Mais saisir cette chance a quand même du sens", a-t-il jugé. "Si cela casse nous aurons une légitimité plus forte", et "si cela tient, c'est une opportunité". Le cabinet d'Ehoud Olmert a annoncé hier que le Premier ministre israélien se rendrait la semaine prochaine en Egypte pour des entretiens avec le président Hosni Moubarak. Le communiqué précise que les discussions ne seront pas liées à un échange de prisonniers, mais le principal négociateur israélien sur cette question est lui aussi attendu mardi en Egypte. Le Hamas doit aussi envoyer une délégation. La trêve précédente, en novembre 2006, n'avait tenu que quelques semaines. Et chaque camp a d'ores et déjà prévenu qu'il était prêt à passer à l'offensive en cas d'échec. Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a ainsi précisé mercredi soir avoir donné pour instruction à l'armée de "se réparer à toute opération, brève ou longue, qui pourrait être nécessaire". Et dans un courrier électronique à la presse, l'aile militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a souligné qu'elle ne "fait pas gratuitement un cadeau aux occupants" et était prête à "lancer une frappe militaire qui ébranlera l'entité étatique sioniste" si nécessaire. La trêve s'étend à l'ensemble des factions armées palestiniennes de Gaza. Si elle tient, l'Etat hébreu allégera dimanche le blocus pour laisser entrer davantage de denrées et matières premières dans la Bande de Gaza. Au bout d'une semaine, les restrictions sur les cargaisons seront encore assouplies. Ces derniers mois, Israël ne laissait entrer à Gaza que l'aide humanitaire et des quantités limitées de carburant. Ce blocus a totalement asphyxié l'étroite bande côtière, aggravant la crise économique et les conditions de vie des habitants. Ensuite, des négociations seront engagées sur la réouverture du terminal de Rafah, unique accès de Gaza au monde extérieur, à la frontière égyptienne, fermé depuis juin 2007, et la libération de Gilad Shalit, soldat israélien enlevé il y a deux ans par des militants Hamas dans la Bande de Gaza. Cette étape finale s'annonce déjà comme l'une des plus délicates. L'aile militaire du Hamas a prévenu hier que Shalit "ne verrait pas la lumière" à moins que des centaines de prisonniers palestiniens ne soient libérés. La trêve pourrait favoriser les efforts de réconciliation entre le Hamas et le Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui ne contrôle que la Cisjordanie mais reste le seul interlocuteur reconnu par Israël pour le processus de paix. Son conseiller Nimr Hamad notait hier que le calme offre "de meilleurs conditions pour le dialogue national".