BAGDAD (Reuters) - Trois attentats à la voiture piégée ont fait 24 morts, hier, à Bagdad, où des affrontements ont opposé des hommes armés à la population dans deux quartiers majoritairement sunnites. Ces heurts surviennent alors que le centre de commandement mis en place pour superviser la vaste offensive américano-irakienne qui se prépare dans la capitale devait entrer dans sa phase opérationnelle. L'attentat le plus meurtrier, commis dans une station service de Saïdiya, quartier multiconfessionnel du sud de Bagdad, a fait dix morts et 62 blessés. Huit morts et une quarantaine de blessés ont par ailleurs été dénombrés après l'explosion d'une voiture piégée dans un garage. Le troisième attentat, commis aux abords d'un hôpital pédiatrique de la place Al Andalous, dans le centre, a fait six tués et neuf blessées. Craignant une déflagration générale, les Bagdadis guettent avidement les signes avant-coureurs de la vaste opération de pacification promise le mois dernier par le Premier ministre Nouri Al Maliki. Un membre de l'Etat major américain les a toutefois invités à faire preuve de patience et à laisser le temps à l'armée d'acheminer les renforts nécessaires. Seul événement inhabituel, un convoi composé de 12 Humvee et de quatre chars Abrams se dirigeant vers le centre de Bagdad a été vu dans le quartier sud de Dora. Aucune victime n'a été signalée à Adhamiya, dans le Nord, où des affrontements ont opposé des insurgés à la population, rapporte la police. Des tirs de mortiers y avaient fait quinze morts la veille.
Opération sans précédent A Djanabiyine, enclave sunnite abritant des membres de la tribu du même nom, dans le quartier d'Amil, zone mixte du sud-ouest de Bagdad, des hommes vêtus d'uniformes de commando ont fait sortir la population dans la rue avant de mettre le feu à cinq habitations au moins, rapportent des témoins. "Je peux voir huit corps, dont ceux d'un vieillard et de deux adolescents. Personne ne peut les récupérer parce qu'il y a des tireurs postés sur le toit de certaines maisons", a déclaré l'un d'eux. L'offensive annoncée par Maliki a été présentée comme une opération de la dernière chance pour enrayer le glissement vers une guerre civile entre la majorité chiite et des sunnites autrefois dominants. Les violences religieuses ont fait un millier de morts à travers le pays au cours de la semaine écoulée. Dix-sept mille des 21.500 soldats que le président américain George Bush a décidé de dépêcher en renfort doivent prendre part à l'offensive de Bagdad aux côtes des troupes irakiennes. "Ce sera une opération comme la ville n'en a jamais vu jusqu'ici. Bien plus importante que tout ce qui a été vu", a promis le colonel américain Doug Heckman, conseiller auprès de la 9ème division de l'armée irakienne, selon lequel le centre chargé de coordonner l'offensive devait déjà être opérationnel. Le centre en question sera commandé par un général irakien, mais les troupes américaines ne seront pas sous ses ordres.
Un haut responsable de l'Armée du Mahdi tué Khadim Al Hamadani, haut responsable de l'Armée du Mahdi, milice fidèle à l'imam chiite radical Moktada Sadr, a été tué avant-hier dans son village d'Houeïdar, près de Bakouba, au nord de Bagdad, au cours d'une opération américano-irakienne. Abdoul Mehdi Al Matiri, représentant de la formation politique de Sadr, a dénoncé un "assassinat". L'US Army affirme dans un communiqué qu'Hamadani était responsable de plusieurs attentats commis contre les forces américaines et irakiennes et l'accuse d'avoir "facilité et dirigé de nombreux enlèvements, assassinats et autres violences". Il a été abattu par deux militaires irakiens qui l'ont trouvé armé d'un fusil d'assaut et dans une attitude hostile après avoir pénétré à son domicile, précise l'état-major. La police irakienne, selon laquelle il était le représentant politique de Sadr dans la province Diyala, indique pour sa part qu'il a été tué alors qu'il tentait de s'échapper. Matiri affirme qu'il n'a pas succombé à des blessures par balles mais à un coup de baïonnette. Le cheikh Khalil Al Maliki, responsable local du mouvement de Sadr, a par ailleurs été tué le même jour par des inconnus à Bassorah, dans le Sud, annonce la police. Plusieurs centaines de fidèles de Sadr ont été arrêtés ces dernières semaines à Bagdad et dans le sud de l'Irak, dans le cadre d'une offensive contre les milices que Washington juge responsables de l'insécurité.