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Or fin, or cassé : la surenchère !
La bijouterie à Sfax mise à mal
Publié dans Le Temps le 15 - 07 - 2008


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Les cours mondiaux sont en partie à l'origine de ce chaos. Mais le secteur est désormais chaotique et d'aucuns n'y voient qu'une issue : la libéralisation.
Fait-on encore fortune dans la bijouterie ? - Pas pour ceux qui exercent leur métier dans le strict respect de la loi, se hâte-t-on de répondre, dans le milieu de la profession.
A entendre dire nombre de professionnels, en effet, le secteur a besoin de réformes audacieuses à même de juguler certaines pratiques qui s'installent et qui portent préjudice aussi bien aux artisans qu'aux commerçants, sans parler de leur effet quant à la réduction des recettes fiscales. De quoi se plaint-on au fait ?
Avant de répondre à cette question, il serait utile de rappeler que la bijouterie est une activité scindée en deux branches : celle des artisans et celle des commerçants.
Le secteur des artisans, souffre en premier lieu du problème de foisonnement. Rien qu'à Sfax, les artisans en bijouterie seraient de l'ordre de 580 dont 30 titulaires de poinçon de maître. Avec leurs confrères, répartis sur les villes du Sud, en l'occurrence, Médenine, Gabès, Jerba, Gafsa, Sidi Bouzid et Tozeur, ils sont tous affiliés à la coopérative « Le croissant d'or », institution créée en 1964, en vue de structurer et de promouvoir l'activité d'artisan. Outre sa vocation de relais entre la Banque Centrale et les intéressés, la coopérative est le porte-parole et le trait d'union de ces derniers avec l'administration, dans la mesure où elle leur rend divers services en matière de patente, de comptabilité, de fiscalité etc...
A l'orée des années soixante, on recensait, pourtant, à peine sept à huit artisans musulmans à Sfax, à savoir, feus Abdelaziz, Mokhtar et Mahmoud FAKHFAKH et feu Mustapha ABDLGHANI ainsi que Abdelhamid et Abdelaziz EL HAKIM et Chadli FOURATI. Avec leurs autres collègues de confession juive, ils étaient établis principalement à la rue des Bijoutiers et ils partageaient tous un savoir-faire très pointu.
A l'époque, on distinguait les parures citadines, fabriquées selon le mode « Art sfaxien », des bijoux ruraux tels la « Rihana » grande chaîne d'anneaux plats en or, le « Skhab », chaîne d'or, d'argent et d'ambre, les « Khomsas », les « Kholkhals », anneaux de chevilles, les fibules, accessoires de soutien de la Melia, les Khellas etc...
En 1964, ils étaient déjà aux environs de 45 . A cette époque-là, ils avaient droit à un quota de 300g par mois. Le boom enregistré par la profession a entraîné , par la suite, la prolifération et l'entrée en lice de nouveaux artisans qui revendiquaient la régularisation de leur situation pour prétendre au quota mensuel. C'est ainsi qu'une série d'examens professionnels ont été organisés à l'intention des vagues successives de candidats au diplôme d'artisan dont , à titre d'exemple, 157 ont rejoint en 1982 le contingent d'artisans déjà établis, après avoir passé avec succès les dits examens. Or, la saturation qui allait s'en suivre, devait amener le ministère de tutelle à mettre fin, en 2000, à cette ruée vers la profession.

Olives et amandes...
Quoique la demande fut saisonnière, le secteur était florissant et les professionnels trouvaient largement leur compte. La demande n'atteignait, en effet, auparavant son apogée qu'à la saison de la cueillette des olives et à un moindre degré, pendant la récolte des amandes, en été, une tendance inversée par la suite avec l'accroissement de la demande au niveau du marché de la capitale au cours de la saison estivale qui se traduisait par l'augmentation des commandes, provenant des bijoutiers de la Capitale.
Or, à partir de 2002, la demande allait suivre une courbe descendante sous l'effet conjugué de quatre facteurs : l'élévation et en même temps, la fluctuation des cours mondiaux de l'or, l'augmentation des redevances fiscales ( de l'ordre de 21 % ) et la commercialisation de l'or à la casse, disponible en quantités sur le marché.
Nos interlocuteurs parmi les artisans, accusent la circulation de l'or cassé d'être à l'origine du marasme que connaît le secteur, parce que ses prix sont largement inférieurs à ceux de l'or fin délivré par la Banque Centrale, ce qui a détourné les artisans des quotas auprès de cette institution. L'inconvénient dans tout cela c'est que la collecte de quantités d'or cassé exige beaucoup de temps et un capital conséquent, ce qui n'est pas à la portée de la majorité des artisans. Conséquence : ces derniers doivent se contenter des miettes et laisser le champ libre aux plus puissants.
Comment remédier à la situation et redynamiser l'activité d'artisan ? La première mesure salutaire à prendre, selon les professionnels du secteur est de baisser les redevances fiscales, tout en exerçant parallèlement un contrôle plus rigoureux pour contrecarrer toute velléité de transgression de la loi.

« Concurrence déloyale »
La grogne est encore plus vive chez les commerçants qui crient à la concurrence déloyale, traitent leur situation de chaotique voire de préoccupante, appellent à la libéralisation totale de la profession et se disent impuissants face aux manœuvres « illégales » de leurs concurrents qu'ils soient des artisans ou des « intrus ».
Nos interlocuteurs précisent en effet que l'obtention d'une patente est soumise à l'obtention d'un agrément auprès du Bureau de Garantie relevant du Ministère des Finances, et que l'exercice de l'activité requiert des conditions préalables dont notamment la possession d'une balance dûment homologuée par les services compétents et d'un coffre-fort,: « Or, ne voilà-t-il pas que des intrus s'arrogent la qualité de commerçants , s'implantent sur le marché et s'adonnent à leur activité sans la moindre reconnaissance légale. Le préjudice est d'autant plus grave pour nous que ces gens n'ont pas de charges fiscales car ils ne s'acquittent pas, comme les autres, de la patente, oscillant entre 02 à 03 mille dinars par année », rouspètent nos interlocuteurs qui ajoutent : « Résultat : nous sommes dans l'incapacité de proposer aux clients des prix aussi concurrentiels que les leurs qui défient toute concurrence, et nous perdons ainsi notre clientèle.
Les commerçants se disent doublement lésés et pointent également un doigt accusateur sur les artisans qui cumulent les deux qualités légalement incompatibles d'artisan et de commerçant, dans la mesure où « Ils exploitent la patente de leurs conjoints ou de leurs descendants, pour se réserver les bijoux transformés à partir du quota mensuel, au lieu de les vendre, comme le stipule la loi, aux commerçants. Dans ce cas où pourrions-nous nous approvisionner s'il y a de la sorte, rétention de marchandise ? Le tort que nous cause cette pratique est d'autant plus fâcheux que ces artisans/commerçants non seulement se posent par rapport aux autres commerçants, en concurrents redoutables à l'occasion des enchères organisées sous l'égide de « l'Amine » mais se permettent également de faire enregistrer par l'« Amine » les opérations d'achat au nom d'autres personnes parfois fictives ou même résidant à l'étranger, de façon à se soustraire au payement des taxes dues, du fait des dites opérations. Là où le bât blesse le plus, c'est que ces gens bénéficient de la complicité, peut-être involontaire de « l'Amine » qui est tenu légalement d'inscrire l'opération d'achat au nom du titulaire de la patente pour ne pas aider à l'évasion ou à la fraude fiscale. Nous convenons que l'acheteur pourrait être un simple citoyen sans patente et c'est son droit le plus absolu d'acquérir un bijou mis aux enchères, mais quand ce sont les mêmes personnes qui participent de façon récurrente aux enchères, qui appartiennent , légalement ou illégalement à la corporation des bijoutiers, donc qui sont connues de « l'Amine », pourquoi celui-ci consent-il à enregistrer les opérations d'achat au nom de personnes inconnues ? »

Pièces antiques non poinçonnées
D'après nos interlocuteurs, ce qu'ils appellent aussi les « intrus » ont recours au même procédé pour se soustraire à leurs obligations fiscales . Ils se demandent à ce propos au nom de quel droit, on accepte leur participation aux enchères. Ils vont même jusqu'à évoquer le cas où des bijoux auraient fait l'objet d'un vol et demander : « Comment déterminer l'auteur du vol, qui fera dans un tel cas l'objet de poursuites judiciaires et de quelle façon les victimes de cambriolage pourraient -elles récupérer leurs biens ou faire leur préjudice moral et matériel ?»
Les bijoutiers commerçants soulèvent également la question relative aux pièces antiques, qui sont des objets de valeur mais non poinçonnés : « Auparavant, rappelle-t-on , la vente de ces ouvrages était autorisée après qu'ils auront été poinçonnés par le bureau de garantie qui depuis quelque temps se refuse à le faire. Conséquence : ces pièces sont écoulées clandestinement, ce qui nous lèse, nous, commerçants et ne profite qu'aux artisans détenteurs d'un poinçon de maître. »
Abordant le chapitre de l'or cassé, les bijoutiers commerçants s'estiment largement désavantagés et trouvent également sujet à récrimination, au sujet des procédures en vigueur selon lesquelles : « les quantités d'or cassé récoltées par les commerçants doivent être remises au bureau de garantie qui en assure la fusion, après quoi, le commerçant est tenu de passer par l'artisan détenteur du poinçon de maître qui perçoit une commission de l'ordre de 01d par gramme, rien que pour apposer son poinçon, ce qui se répercute sur le prix de revient et par conséquent sur le prix de vente et donne l'occasion au dit artisan de s'enrichir sur le dos du client. Ce qui est le plus absurde dans tout cela, c'est que le commerçant est le seul responsable au regard de la loi que ce soit en matière criminelle, administrative ou fiscale. D'ailleurs, le passage obligé par l'artisan détenteur du poinçon de maître n'est pas exempt de risques pour le commerçant du fait de la suspicion qui caractérise nos rapports avec ces artisans surtout qu'on leur confie des quantités d'or de valeur ( aux environs de deux kilos, parfois ), et ce durant une longue période d'un à deux mois. Ceci nous amène à demander pourquoi ce privilège est l'apanage exclusif des artisans détenteurs du poinçon de maître, alors que la profession foisonne d'artisans tout aussi compétents. L'intérêt du client et même de la profession exige une révision de telles dispositions afin de permettre au commerçant d'avoir plus de choix au lieu d'être dépendant du dit artisan qui gagne de l'argent sans avoir fourni le moindre effort.

Et si l'on libéralisait le secteur ?
Les propositions et autres suggestions formulées par nos interlocuteurs parmi les bijoutiers commerçants ne constituent à leur regard, en fait, que de simples palliatifs contre les dysfonctionnements du secteur. La solution radicale, à leurs yeux est la libéralisation pure et simple de la commercialisation et des prix des bijoux « Tout le monde y trouvera son compte et plus particulièrement le client et l'administration fiscale. Une telle mesure favorisera la transparence et placera tous les intervenants devant leurs responsabilités. Elle facilitera également la tâche de l'administration et plus particulièrement en matière de contrôle concernant l'usage qui aura été fait du quota en or fin acquis auprès de la Banque Centrale. Concernant le client, il y aurait une baisse d'environ six dinars sur le prix du gramme. Cela mettra fin également au chaos qui règne actuellement, et contribuera à la promotion de la qualité. D'ailleurs, la revendication d'une telle réforme ne saurait nullement s'apparenter à une quelconque hérésie pour la simple raison quelle est déjà adoptée par la plupart des pays, à travers le monde. »


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