Il s'agit d'une jeune fille de 42 ans, issue d'un milieu modeste d'une localité du Cap-Bon. Elle a réussi ses études supérieures et est parvenue à dénicher un poste dans une banque étrangère installée en Tunisie. Elle s'adonnait entièrement à son travail et ne s'intéressait nullement aux choses de la vie. En plus, son caractère solitaire et rigide n'a pas encouragé la gent masculine à l'approcher. Pourtant, elle s'intéressait à son apparence et avait un look distingué. Elle faisait des allées et venues au Cap-Bon pour les besoins de ses affaires familiales. Et c'est pendant ces périples qu'elle avait connu ce petit fonctionnaire. C'était un gentil bonhomme d'une cinquantaine d'années que la vie n'avait pas encore usé. Il lui arrivait de lui rendre de menus services qui évitaient à la demoiselle les longues attentes. En contrepartie, il arrivait aussi qu'elle lui emmène des chemises ou des pantalons fabriqués dans la société où travaillait sa soeur. Petit à petit, une complicité s'était établie entre les deux et le bonhomme s'était mis au service de la dame lui évitant de faire ces déplacements qui lui coûtaient du temps et de l'argent. Ils commençaient à se voir en dehors du cadre de ces services rendus. Le bonhomme avait déjà compris que cette demoiselle vivait un grand mal de solitude. Elle avait compris qu'il était un célibataire endurci. Mais, elle a compris qu'il ne dirait pas non à une offre d'union intéressante qui valoriserait sa personne et améliorerait sensiblement sa situation matérielle. Ne lui avait-il pas fait comprendre que la vie a été dure à son encontre et qu'il n'était pas parvenu à économiser. La jeune fille a signifié au fonctionnaire qu'elle était à la recherche du bonheur et qu'elle ne manquait pas de sous. La quinzaine d'années qu'elle avait travaillé lui avaient déjà permis de se munir contre le besoin. Mais, le bonhomme paraissait de nature noble et voulait faire comprendre à sa compagne que son argent ne l'intéressait aucunement. Ainsi, d'une simple complicité, les deux tourtereaux étaient passés à des choses plus sérieuses. La jeune fille s'habituait à venir chez son ami fonctionnaire et, même, à y passer la nuit. Il était accueillant, cordial et compréhensif. A chaque fois où elle abordait avec lui la question de l'officialisation de cette relation, il invoquait sa situation matérielle très approximative. Donc, elle a décidé de lui apporter vingt mille dinars pour finaliser les préparatifs du mariage. Il avait feint de refuser cette somme prétendant qu'il ne pouvait accepter une telle approche déshonorante. En contrepartie, il lui avait proposé d'acheter une maison avec ses économies. Elle l'a remercié pour son geste chevaleresque et lui a apporté le lendemain un chèque à blanc d'un montant de cinquante mille dinars pour acheter un lot de terrain. Une dizaine de jours plus tard, le bonhomme s'était absenté de son logement prétextant une maladie nécessitant une cure thermale dans une station spécialisée. Il lui a notifié l'information par un message SMS sans même l'appeler. Aussi confiante et crédule comme elle était et justifiant le silence du bonhomme par un problème de réseau, la bonne dame était allée demander des informations à l'administration. Elle était inquiète car une quinzaine de jours étaient passées et son compagnon n'avait pas encore donné signe de vie. Et qu'elle fût sa surprise lorsqu'on lui avait annoncé que son prince charmant a rejoint son frère en Italie depuis une semaine. Une fois la surprise passée, la jeune fille était allée dare-dare raconter sa mésaventure à la police en leur montrant une copie du chèque qu'elle lui a remis. Un mandat de recherche a été lancé contre le fiancé volatilisé. Mais la police doit attendre le retour du bonhomme pour entendre sa version des faits.