Le Temps-Agences - Le candidat démocrate à la Maison Blanche, Barack Obama, a prononcé, jeudi soir à Berlin, devant des dizaines de milliers de personnes enthousiastes un grand discours sur les relations transatlantiques, dans lequel il a demandé à la "nouvelle génération" d'Européens et d'Américains de s'unir pour "abattre les murs" entre alliés, entre pays riches et pauvres, chrétiens musulmans et juifs. Il a demandé aux Européens de poursuivre leur engagement en Afghanistan. "Pour le peuple d'Afghanistan, et pour notre sécurité commune, il faut terminer le travail", a-t-il dit. Dans un discours sans précédent dans une campagne présidentielle américaine, le candidat démocrate s'est adressé à une foule enthousiaste de plus de 200.000 personnes dans le Tiergarten, un vaste parc au coeur de Berlin, divisée jusqu'en 1989 par le rideau de fer. "Le plus grand danger serait de permettre à de nouveaux murs de nous diviser", a lancé le sénateur de l'Illinois, évoquant les divergences entre l'Europe et les Etats-Unis sous la présidence de George W. Bush. Face au terrorisme, au réchauffement climatique, à la drogue, la prolifération nucléaire, "nous ne pouvons pas nous permettre d'être divisés". "Les murs entre les alliés de longue date, de part et d'autre de l'Atlantique, ne peuvent pas rester debout", a-t-il dit. "Les murs entre les pays les plus riches et les plus pauvres ne peuvent pas rester debout. Les murs entre les races et les tribus, entre les indigènes et les immigrants, entre chrétiens, musulmans et juifs ne peuvent pas rester debout", selon lui. "Peuple de Berlin, peuples du monde, notre heure est venue ... Une nouvelle génération, notre génération, doit laisser sa marque dans l'Histoire", a lancé le sénateur de 46 ans qui affrontera en novembre le candidat républicain de 71 ans, John McCain. "L'Amérique n'a pas de meilleur allié que l'Europe", a affirmé M. Obama. Mais "un vrai partenariat exige un travail constant et des sacrifices... des alliés qui savent écouter, apprendre les uns des autres et surtout se faire confiance". "En Europe, l'idée s'est trop répandue que l'Amérique est en partie responsable de ce qui a dérapé dans notre monde, au lieu d'une force qui contribue à le rendre meilleur", a reconnu M. Obama. "En Amérique, des voix s'élèvent pour dénigrer et nier l'importance du rôle de l'Europe pour notre sécurité et notre avenir. Les deux visions sont fausses". M. Obama, qui possède une légère avance sur son adversaire qui lui reproche son manque d'expérience, a utilisé le décor d'une des villes d'Europe les plus connues des Américains pour ce discours visant à prouver qu'il a l'étoffe d'un président. "Peuples du monde, regardez Berlin, où un Mur est tombé, un continent s'est réunifié, et l'Histoire a montré qu'aucun défi n'est trop grand quand le monde serre les rangs", selon lui. Après son discours, fréquemment interrompu par les applaudissements et les cris "Yes we can" ("Oui, nous pouvons"), son slogan de campagne, M. Obama s'est mêlé pendant cinq minutes à la foule, qui se pressait pour lui serrer la main et le photographier. Les plus de 200.000 personnes massées pour l'écouter dépassent de loin son record d'affluence de 75.000 personnes lors d'un meeting électoral en Oregon. La presse allemande n'a pas tari d'éloges sur le discours d'Obama. "Le Prince Amérique séduit Berlin", clamait en Une le tabloïd de la capitale, "B-Z". "Fêté comme une pop-star", renchérissait le "Bild". Barack Obama est arrivé hier à l'Elysée pour une rencontre avec Nicolas Sarkozy. Signe de l'intérêt des Français pour Barack Obama, environ 200 journalistes ont pris place dans la cour du palais présidentiel, où une tribune a été installée. Autre signe de l'"obamania" qui semble s'emparer des Européens, des dizaines de curieux se sont massés sur le trottoir de part et d'autre de l'Elysée pour tenter d'apercevoir le sénateur de l'Illinois, qui a prononcé un discours devant 200.000 personnes jeudi à Berlin. Le président Sarkozy a déclaré que « Contrairement à mes conseillers de la cellule diplomatique, je n'ai jamais cru dans les chances d'Hillary Clinton. J'ai toujours cru qu'Obama serait désigné". Barack Obama est parti hier soir pour Londres, où il doit s'entretenir avec le Premier ministre britannique, Gordon Brown.