Le Temps-Agences - Les ministères de l'Intérieur et de la Défense italiens ont validé hier le décret controversé autorisant le déploiement dès hier de 3.000 militaires dans les grandes villes, avec l'objectif affiché de renforcer la sécurité. Cette mesure, qui fait partie du "paquet sécurité" voulu par le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, prendra effet le 4 août pour une durée de six mois renouvelable une fois. Ces militaires proviendront majoritairement du corps des carabiniers (gendarmes) mais aussi de la marine et de l'armée de l'air. Un tiers sera affecté à la protection de sites dits "sensibles" ou "stratégiques" (ambassades, monuments, etc.), un autre tiers effectuera des patrouilles conjointes avec les policiers dans les grandes villes et le dernier tiers sera déployé dans les Centres de permanence temporaire, où sont acheminés les immigrés clandestins une fois arrêtés. Concernant les grandes villes, 195 soldats seront par exemple déployés à Rome, 170 à Milan (nord) et 150 à Naples (sud), ont précisé les ministres de l'Intérieur Roberto Maroni et de la Défense Ignazio La Russa lors d'une conférence de presse. 51 des sites considérés comme "sensibles" par les autorités se trouvent à Rome, 20 à Milan et un à Naples, mais les activités ou la particularité de ces lieux n'ont pas été dévoilées. La gauche et des syndicats de policiers dénoncent cette mesure accusant le gouvernement Berlusconi de "démagogie sécuritaire" et de chercher à "militariser" les grandes villes. Un militaire ne peut même pas faire un procès-verbal", a notamment dénoncé hier un des chefs de l'opposition Antonio Di Pietro, du parti de l'Italie des valeurs. « Ce n'est pas une militarisation des villes, mais une initiative qui naît de l'exigence de donner aux citoyens une meilleure perception de la sécurité », a répliqué Roberto Maroni, pour qui la gauche a "une conception idéologique de la sécurité selon laquelle tout ce que fait le gouvernement Berlusconi est mauvais". Les militaires n'auront pas de pouvoir de police judiciaire mais pourront seulement arrêter des suspects en flagrant délit. Hier, Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe. a estimé que la politique d'immigration du gouvernement italien risque "d'aggraver le climat de xénophobie", "Une politique d'immigration ne peut être seulement inspirée par des préoccupations sécuritaires. La valorisation des droits fondamentaux et des principes humanitaires est largement absente des mesures prises, en ce moment-même en Italie, qui risquent d'aggraver le climat de xénophobie", écrit-il dans un rapport suite à une mission à Rome les 19 et 20 juin. Cette visite, rappelle M. Hammarberg, faisant suite "à des manifestations, parfois très violentes, contre les Roms et les Sinti dans le pays". Elle s'inscrivait également "dans le contexte de l'adoption ou de la préparation dans des délais très brefs d'une législation permettant d'introduire des contrôles renforcés de la liberté de mouvement des Roms et des Sinti, de pénaliser l'immigration irrégulière et de durcir les restrictions à l'immigration". Thomas Hammarberg a fait part de son inquiétude concernant le "paquet législatif de sécurité", qui "donne toutes les apparences de viser les immigrés roms", et de la proclamation de l'état d'urgence dans trois régions d'Italie. Il a par ailleurs critiqué la décision de qualifier en infraction pénale l'entrée et le séjour clandestins des immigrés. "Ces mesures peuvent compliquer les demandes d'asile des réfugiés. De plus, elles risquent d'ajouter encore à la stigmatisation et à la marginalisation sociales des immigrés, y compris des Roms ", a-t-il poursuivi