Deux camarades de classe sortent de l'examen. L'un des deux en veut à l'autre « à mort ». Dans la cour, ils commencent à se chamailler : « Pourquoi n'as-tu pas voulu me passer les réponses ? » « Mais je voulais bien, je devais finir mon interro avant de pouvoir te les passer ! », « C'est ça oui, à cause de toi je vais rater mon examen ! Tu seras bien content l'année prochaine lorsque je redoublerais l'année ! ». Et la colère continue à ronger ce camarade que son ami « a laissé tombé ». Il est persuadé que l'échec n'est pas de sa faute, c'est au contraire la faute de ce « faux ami, l'infâme, l'egoïste, celui qui n'a pas su donner à leur amitié toute sa valeur, celui qui n'a pas su se comporter en un vrai compagnon de route, qui n'a pu faire ses preuves... » Bref, toutes les injures sont bonnes pour blâmer cet être faible qui a laisser tomber son ami justement quand ce dernier avait le plus besoin de lui. Et il va le raconter à tout le monde, et nombreuses personnes seront choquées. Non, mais ce n'est pas possible, comment peut-on faire preuve de pareille lâcheté et être la cause de l'échec de son ami ? Il viendra peut-être à l'esprit de quelques-uns de signaler au pauvre infortuné, victime de la lâcheté de son ami, que s'il échoue c'est sûrement de sa faute, qu'il lui fallait préparer son examen et que c'était à lui seul dès le départ d'assumer, car il s'agit de son propre avenir. Sa réaction sera purement et simplement : il va leur en vouloir à eux aussi ! Il maintiendra toujours que s'il échoue c'est la faute de son soi-disant ami ! Il viendra peut-être à l'esprit de quelques personnes de lui demander s'il avait chercher le soutien de son ami durant les révisions et s'il avait essayé de se faire aider pour mieux apprendre. Généralement, ce genre d'élève ne demande pas ce genre d'aide. Il n'a que faire d'apprendre à pêcher, il veut saisir le poisson. C'est un devoir de le lui donner et gare à ceux qui le lui refuse ! Cet enfant grandit et il fait partie de toute une génération. Il n'est pas un cas unique, mais un échantillon représentatif de nombreuses personnes qui sont comme lui. Ces personnes-là en devenant adultes et en affrontant de plus grands problèmes dans leur vie chercheront que d'autres les résolvent à leur place. Evidemment, si ça tourne mal, c'est la faute aux autres... S'étonneront nous toujours alors d'entendre beaucoup de gens crier haut et fort que ce qui se passe en Irak par exemple, n'est nullement la faute d'une communauté qui « s'est laissé tomber elle-même et qui se poignarde de sa propre main », mais que c'est la faute des Etats-Unis, d'Israël, de l'ONU (...) bref, de tous sauf de ses propres protagonistes ? Non, car ces gens-là croient toujours et continueront de croire que les autres sont toujours responsables de leurs malheurs...