Avec cette grandiose et sublime cérémonie d'ouverture des JO de Pékin, la Chine vient de faire une démonstration, grandeur nature, de ce qu'elle est devenue et du statut qui devrait être le sien sur l'échiquier international. Certes, il s'agit d'une manifestation sportive, mais les enjeux qui ont entouré cet événement planétaire ont dépassé, et de loin, le simple cadre des jeux. Au vu des retombées prévisibles politiques, économiques et médiatiques de cet événement, tous les pays étaient conscients des "profits" qu'aura la Chine de cet événement et surtout du côté de l'image de marque du pays. Tous les "professionnels" des droits de l'Homme ont saisi l'occasion pour inciter leurs gouvernements à faire pressions sur Pékin autour de ce chapitre évoquant le dossier tibétain, le Dalaïlama, les musulmans de Chine, les dissidents, les prisonniers politiques etc. Les dirigeants occidentaux ont été contraints de suivre ces demandes bien que conscients qu'avec un immense pays comme la Chine, première place mondiale d'attraction des investissements et le plus gros marché du monde, ils n'ont pas une grande marge de manœuvre. Néanmoins, tout le monde était là. D'ailleurs, le président français a résumé la situation avec une formule qui résume tout : "On ne peut pas boycotter le quart de l'humanité". Ces pressions occidentales ont d'autres raisons qui dépassent la prétendue défense des droits de l'Homme. Il s'agit, en fait, d'essayer d'endiguer "l'agressivité" chinoise et son expansion économique un peu partout dans le monde. L'exemple du Darfour, dossier en plein effervescence, est éloquent à cet égard. La Chine est soupçonnée d'apporter son soutien au Soudan dans ce dossier. Sur les dossiers nucléaires nord-coréen et iranien, l'empire du milieu a aussi son mot à dire, ce qui n'est pas de nature à faciliter la tâche aux Etats-Unis et aux puissances européennes. Il ne faut pas oublier non plus que l'immense Chine est membre permanent du Conseil de Sécurité et fait partie des puissances nucléaires. Mais, malgré tout, la sagesse chinoise prime toujours. Les dirigeants de Pékin, fidèles à leur politique, se montrent toujours patients accusant les coups mais se préparant toujours à consolider leur présence et à étendre leur influence et ce, sans beaucoup de tapage. D'ailleurs, les Chinois ont pu auparavant se prémunir contre les menaces qui planaient au début des années 80, sur les ex-pays communistes et notamment au plan économique. La sagesse de Confucious a pu insuffler à un Deng Xiao Ping de lancer "l'Economie socialiste de marché". Ce fut la parade avec laquelle la Chine a pu intégrer l'économie mondiale, l'inonder par la suite et également récupérer Hong Kong et Macao et leur appliquer le système : "Un seul pays, deux régimes". Les occidentaux ne cachent plus leur inquiétude devant cette déferlante qu'ils n'arrivent plus à contrer et qui se positionne en probable future superpuissance. Les atouts ne manquaient pas et il semble là qu'il s'agit d'une question de temps notamment en l'absence d'un acteur de la même taille qui pourrait lui faire la concurrence dans sa quête pour supplanter un jour les Etats-Unis. Certes, les défis à relever restent tout de même énormes : le décalage entre les régions côtières et l'intérieur du pays, le gigantisme démographique, et le système politique, avec un parti communiste qui joue actuellement le rôle de "cadre général" de gestion et qui n'est plus le porteur d'une quelconque idéologie. Il n'en reste pas moins que le réveil chinois est de plus en plus perceptible. Le monde ne va pas tarder à "trembler". Pierrefitte a probablement vu juste.