On veut bien croire que les mentalités ont bel et bien évolué et que le tribalisme a disparu à jamais de nos contrées. Pourtant, certains faits surviennent de temps à autre pour nous rappeler que la lutte contre les vestiges de la pensée rétrograde ne doit pas s'arrêter et que la société doit rester mobilisée pour le parachèvement de la mission émancipatrice et civilisatrice. Nulle autre voie ne saurait palier les écarts tels que celui objet de l'affaire examinée la semaine dernière par le tribunal de première instance de Tunis et ayant abouti à une tentative de meurtre. En effet, l'accusé dans cette affaire est un jeune tunisien, âgé de 32 ans, qui gère un petit commerce dans les environs de Hammam-Lif. Sa sœur poursuit des études de master en Droit. Cette jeune fille était fiancée à un jeune avocat habitant le voisinage. Le couple se fréquentait et tout le monde était au courant de ces fiançailles. Seulement, cette relation a tourné au fiasco à cause de la jalousie excessive du fiancé qui ne voulait pas que sa partenaire ait des contacts avec ses collègues à la faculté. Après avoir tenté de le convaincre de changer ce comportement moyenâgeux, la jeune fille a décidé de rompre les fiançailles. Elle a informé sa famille de sa décision. Toute la famille a donné son accord à l'exception du frère commerçant qui a opposé un refus catégorique en se justifiant par les parlotes de la rue qui ne vont pas laisser la famille en paix. Mais les dés étaient jetés et la rupture était déjà consommée. Et si les deux jeunes gens ont repris leur vie normalement, chacun de son côté. Le frérot commerçant n'avait pas admis la situation. Il considérait que le fiancé avait souillé l'honneur de la famille et qu'il fallait lui administrer une correction. Le hasard a voulu que l'occasion se présente rapidement. En effet, des amis du commerçant ont chargé ledit avocat de défendre leurs intérêts dans un différend immobilier avec des voisins à eux. Le jugement final a été prononcé à l'encontre des amis du commerçant et ces derniers ont soupçonné l'avocat de compromission. Prenant l'avis de leur ami, le commerçant, ce dernier voyait là une occasion propice pour se venger et leur proposait de lui donner une leçon. Il leur affirmait sa disposition à leur prêter main forte en leur indiquant les horaires des allers et des venues du dit avocat. Le groupe s'entendait sur le fait que le commerçant et deux de ses amis se chargent de rosser l'avocat de coups dans son bureau. Ainsi, ils s'entendaient sur le plan de la vengeance et appelaient l'avocat pour arranger avec lui un rendez-vous à une heure tardive de l'après-midi quand il est seul dans son bureau. Au moment indiqué, le trio se présenta au bureau et annonça directement ses intentions agressives. L'avocat a essayé de les tempérer en vain. Les coups tombaient sur lui de toutes parts jusqu'à ce qu'il perde conscience. Ce n'est qu'à ce moment là que les agresseurs lâchèrent prise. Ce dernier a été secouru par sa nouvelle amie qui était passée par hasard au bureau pour lui apporter à manger. Une enquête a été ouverte et les déclarations de l'avocat ont permis d'arrêter le trio d'agresseurs. Ils ont écopé chacun de trois ans de prison ferme. Le trio a interjeté appel.