* Les chiffres sont à la baisse. Il n'empêche: les zoologistes recensent 150 espèces de scorpions de part le monde dont l'un des plus impitoyables sévit en Tunisie... Malgré sa nette régression par rapport aux dix dernières années, l'envenimation scorpionique continue à poser un sérieux problème de santé publique notamment dans les régions du centre et du sud du pays. La région de Kairouan représente la première zone endémique où on déclare l'incidence la plus élevée du pays. Ce qui est réconfortant c'est que le nombre de cas d'envenimation scorpionique est en nette diminution et les cas de mortalité sont quasiment nuls... grâce aux campagnes de sensibilisation et à l'amélioration de la prise en charge des victimes dans les services hospitaliers concernées. L'effort continue dans la région pour faire face aux piqûres des scorpions notamment dans le rif, lieu de prédilection de cet animal dangereux. Le scorpion cet arthropode des régions chaudes continue à faire des victimes, les zoologistes ont recensé plus de 1500 espèces réparties à travers le monde. En Tunisie, il existe plusieurs espèces de scorpions dont l'androctonus australis dont le venin est mortel. Il élit domicile dans les haies de figuiers de barbarie et sous les pierres c'est là où il préfère vivre, se reproduire et aussi se défendre, une fois attaqué et de la façon la plus tragique. Vu le danger que représente cet arthropode un programme national de lutte antiscorpionique a vu le jour dans les années quatre-vingt-dix. Il a pour objectif de diminuer la morbidité causée par les piqûres de scorpions avec notamment l'organisation de campagnes de sensibilisation tant au niveau des femmes aux foyers (les foyers constituent les lieux de prédilection des scorpions) qu'au niveau des élèves dans les écoles de base. C'est dans ce cadre que nous avons interviewé Dr Fathi Amri, professeur agrégé, chef de service de pédiatrie à l'hôpital Ibn El Jazzar de Kairouan. Un service qui accueille les victimes infantiles par envenimation scorpionique, dans un gouvernorat qui représentait il y a déjà quelques années la zone la plus touchée du pays.
Dr Fathi Amri: "Tout d'abord qu'est-ce qu'une envenimation scorpionique? -C'est un accident parfois grave qui se reproduit à la suite d'une piqûre scropionique. L'envenimation scorpionique (ES) constitue un véritable problème de santé publique dans les pays chauds, dont la Tunisie et plus particulièrement dans les régions du centre et du sud. •On parle de 1500 espèces de scorpions dans le monde. Quelles sont les plus dangereuses? -Les zoologistes ont recensé plusieurs espèces dangereuses dont le Bittus occitanus et l'Androctonus Australis qui sévit en Tunisie et dont le venin contient pas moins de onze toxines qui s'attaquent plus particulièrement au cœur. •Quels sont les signes cliniques d'une envenimation scorpionique? -Le tableau clinique lors de l'E.S est très polymorphe. Il peut s'agir d'une simple douleur au niveau du site attaqué jusqu'à la défaillance hémodynamique avec une alteration myocardique, un œdème aigu des poumons et des signes neurologiques. On peut également observer d'autres signes tels que les vomissements, le ballonnement abdominal, une hypertermie, une agitation - un priapisme... •Et si on parle de l'évolution de cet accident dans le service de pédiatrie de l'hôpital Ibn El Jazzar? -Nous avons enregistré une nette régression de cet accident au cours des dernières années. Au cours de cette année nous avons hospitalisé treize enfants qui ont tous évolué favorablement contre 37 cas en 1992. 45 cas en 2000 et 52 cas en 2003. Cela s'explique par l'amélioration des conditions de l'habitat du citoyen et par les différentes campagnes de sensibilisation menées par les services de soins et de santé de base. •Vous n'avez pas enregistré des cas mortels dans votre service? -Dans notre service, la mortalité à la suite d'un envenimation scorpionique est depuis une dizaine d'années nulle, contrairement aux années quatre-vingt-dix au cours desquelles nous avons enregistré quelques décès dus essentiellement à la gravité de l'E.S et à la consultation tardive. •Quelles sont les mesures à prendre en cas de piqûre de scorpion? - *Consulter directement le centre de soin le plus proche - * éviter la sucion, car ce geste pourrait être fatal pour celui ayant des lésions buccales par exemple - *ne pas faire de garrot qui pourrait être à l'origine de problèmes vasculaires et surtout par des scarification, car on risque d'augmenter la zone de surinfection. Il est d'ailleurs conseillé d'appliquer un antiseptique et donner un antalgique si besoin il y a et immobiliser le membre touché et mettre de la glace sur l'endroit de la piqûre. Au centre hospitalier , la prise en charge sera effectuée en fonction de la gravité de l'accident. Malgré tous les efforts déployés, les campagnes de sensibilisation, les campagnes antiscorpioniques, la vigilance reste le facteur le plus important pour prévenir les dégâts causés par ce phénomène ... qui fait encore des victimes... et ce dans l'attente d'un vaccin qui sauvera des vies humaines... partout dans le monde.