Le Temps-Agences - Le vice-président américain Dick Cheney a assuré l'Ukraine du soutien de Washington à son intégration au sein de l'Otan, bien que ce même message exprimé la veille en Géorgie lui ait valu les foudres de Moscou. "Les Etats-Unis soutiennent pleinement le droit de l'Ukraine à établir des liens de coopération et de sécurité plus fort en Europe et par-delà l'Atlantique. Nous pensons qu'une relation stratégique plus étroite sert les intérêts de tous", a-t-il déclaré, en visite en Kiev. Rappelant la promesse d'intégration que les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan, réunis en avril à Bucarest, ont faite aux autorités de Kiev et de Tbilissi, le vice-président américain a en outre dit que "cet engagement (tenait) toujours". Les mêmes propos tenus la veille en présence du président géorgien Mikhaïl Saakachvili lui ont valu hier une vive réaction de la part des autorités russes. "Les nouvelles promesses à Tbilissi concernant son adhésion rapide à l'Otan ne font que renforcer le dangereux sentiment d'impunité du régime de Saakachvili et encouragent ses dangereuses ambitions", a déclaré à la presse le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko. En représailles à l'initiative de la Géorgie, qui a tenté de reprendre par la force le contrôle de la région séparatiste pro-russe d'Ossétie du Sud, début août, l'armée russe a pris position en territoire géorgien. Le Kremlin a par la suite reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, autre région séparatiste géorgienne, s'attirant les foudres de Tbilissi et des chancelleries occidentales.
"Période délicate" Dick Cheney s'est rendu dans la région pour exprimer le soutien des Etats-Unis à la Géorgie et à l'Azerbaïdjan, les deux pôles d'une voie pétrolière contournant la Russie, par laquelle transite le brut de la mer Caspienne, qui représente 1% du flux mondial. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, qui multiplie les appels en direction de l'Otan depuis le conflit géorgien, assure que l'adhésion est le seul moyen de garantir l'intégrité de son pays. "Ce n'est possible que dans une seule situation : lorsque l'Ukraine intégrera l'Alliance atlantique en se voyant attribuer un plan d'action pour l'adhésion (Membership action plan, MAP)", dit-il sur son site internet. Tièdes, voire hostiles à cette intégration, ses opposants ne partagent pas son empressement. Ainsi, l'enthousiasme du Premier ministre, Ioulia Timochenko, est-il nettement retombé depuis qu'elle a signé en janvier une lettre ouverte réclamant l'attribution d'un MAP. Dick Cheney, qui l'a rencontrée hier, lui a fait remarquer que l'"Ukraine traverse une période délicate du fait des récents développements en Russie", selon sa porte-parole Megan Mitchell. Sa visite et celle du président George Bush en avril montrent que les deux pays "restent de proches partenaires stratégiques", a souligné son interlocutrice, qui s'en est tenue aux relations économiques.