La célébration de la bouffe a atteint des sommets en ce mois de jeûne non seulement par la quantité de spots publicitaires autour des produits alimentaires mais aussi par la répétition. De longs espaces de pub qui ne finissent pas et reviennent encore jusqu'à ce que l'image n'ai plus aucun sens. Cette invitation à la passivité et à la consommation massive reflète à quel point les annonceurs dévoilent aussi clairement leur stratégie et mettent à nu le vrai but de la pub : faire consommer. Selon des statistiques, le nombre de secondes de Publicité diffusées sur les chaînes nationales au deuxième jour du mois de Ramadan est 8030, soit 950 secondes de plus que le premier jour. La chaîne nationale a inventé une nouvelle approche de la publicité : réunir un maximum de spots dans une plage horaire au prime time, matraquer le consommateur jusqu'à lui faire apprendre la réplique des acteurs par cœur. Le placement à cet horaire est stratégique puisque tous les membres de la famille sont devant la télé et ne ratent pas une seule seconde des émissions. Les produits qui sont au devant de la scène sont ceux qui ont pour message commun « la bouffe te rend la vie meilleure ». C'est à croire qu'il suffit d'un yaourt, d'une bouteille de soda, d'une assiette de pâtes, et d'un fromage pour vivre heureux. Le problème n'est pas dans la qualité de la pub qui nécessite ici l'analyse d'un spécialiste, mais dans le choix de réunir les spots de produits alimentaires qui ont un même message et la même cible. Les enfants et les parents sont idéaux (bien habillés, coupe de cheveux à la mode) , la famille de rêve à laquelle on aimerait bien appartenir. Dans cette famille, le produit alimentaire apporte bonheur et joie et rassemble, une cuillère de ce yaourt procure le plaisir et le bien être. Cette boisson te rend plus cool, plus branché et plus populaire, elle te transforme. Les pâtes ou le beurre te fait carrément chanter. Le consommateur n'a qu'à s'identifier à l'adulte et au jeune de la pub, et le tour est joué. Les standards et les stratégies de la pub sont connus et utilisés dans le monde entier, mais promouvoir autant de produits similaires dans un temps aussi court, fait douter de l'efficacité de ces pubs. D'accord le but est de figurer dans la liste des produits présents dans l'esprit du consommateur, mais créer un sentiment de lassitude peut rendre le spot impuissant. Heureusement que l'enchaînement des pubs pour la bouffe est parfois entrecoupé par des spots pour la téléphonie mobile ou les couches bébé. Ce trop plein peut répugner l'omo oeuconomicus (consommateur averti et rationnel) et le pousser à zapper le temps de la pub ( qui dure plus de 10mn) , mais quand il s'agit d'enfants, l'impact est assuré. Le jingle rigolo, les enfants intelligents et branchés qui discutent, la répétition en boucle, font des enfants une cible pour la quasi-totalité des produits agro-alimentaires. Manger ceci, manger cela, se comporter comme cela, orienter et « coloniser le cerveau » des enfants pour les réduire à des consommateurs passifs, dépourvus d'imagination et de désirs autres que ceux dictés par la pub. Valorisation de la marque, objectifs images, objectifs comportementaux ...des termes qui se cachent derrière toute pub et dont le consommateur subit le dictat. C'est une loi qui ne changera jamais tant que nous vivons dans une économie capitaliste et une société de consommation. Pour contrer cela, une télé de service publique n'a pas pour but de faire du commerce et matraquer les citoyens à coup de pub, c'est pour cela qu'en France on a décidé de supprimer la pub de la télé publique.