Les indicateurs de développement pour les années 2007 et 2008, les perspectives pour 2009 et les moyens de renforcer le processus de développement conformément aux objectifs fixés dans le cadre du XIème plan de développement (2007-2011) ont été au centre des travaux du conseil supérieur du développement, tenu, hier, à Gammarth, sous la présidence de M. Mohamed Ghannouchi, premier ministre, en présence des membres du gouvernement et avec la participation des représentants des partis politiques et des organisations nationales. Dans son allocation, le Premier ministre a fait remarquer que la prochaine étape exige une plus grande vigilance et la valorisation de toutes les tendances et initiatives positives telles que la tendance des investisseurs étrangers à investir en Tunisie, l'intensification des relations de partenariat et de coopération avec les pays frères et amis.
Les défis de 2009 Après avoir évoqué les réformes entreprises en Tunisie dont la promulgation de la loi sur l'initiative économique, la loi sur les sociétés, le code des droits et procédures fiscaux, la promulgation de la loi cadre sur les concessions, la révision du code de la douane et la promulgation de la nouvelle loi sur le système de formation professionnelle, M. Mohamed Ghannouchi a indiqué que ces réformes ont été accompagnées de stratégies sectorielles portant notamment sur l'industrie manufacturière, l'objectif étant d'accélérer le rythme de la mise à niveau de ses unités, encourager l'esprit d'initiative, la création de projets et de sociétés ainsi que l'aménagement de zones industrielles et la promotion du développement régional. Analysant les perspectives du développement pour 2009 et les défis auxquels l'économie nationale sera confrontée, il a cité notamment la promotion de l'emploi et l'amélioration du pouvoir d'achat du citoyen dans un environnement mondial difficile marqué par une concurrence accrue. A cet égard, le premier ministre a mis l'accent sur la nécessité de poursuivre les efforts de polarisation de l'investissement extérieur et son orientation vers les secteurs et activités à haute valeur ajoutée, de conférer davantage d'efficience à la politique de l'emploi, de consolider les fondements du développement régional, d'affiner les stratégies sectorielles, de maîtriser l'inflation et de préserver les équilibres financiers. Le premier ministre a souligné la volonté de la Tunisie de réaliser tous les objectifs conformément à la traditionnelle corrélation entre l'économique et le social, étant par principe la finalité et l'instrument de l'œuvre de développement.
Des indicateurs en haut, d'autres en bas Il ressort des données présentées à cette occasion, qu'au cours de la période 2007-2008, la part de l'investissement dans le PIB est passée de 23,4% en 2006 à 23,9% en 2007 pour s'établir à 25,1% en 2008, des taux qui ont dépassé les estimations du XI ème plan (2007-2011), et ce, grâce au rythme accéléré de l'investissement privé qui représente 60% du total de l'investissement. S'agissant de la part des investissements directs étrangers (IDE) dans le PIB, elle a été portée de 3% avant 2007 à 5% au cours de la période 2007-2008. Pour ce qui est de la subvention des produits de consommation, elle est passée de 306 millions de dinars en 2006 à 668 millions de dinars en 2007 et 1048 millions de dinars en 2008. Quant à la subvention directe des hydrocarbures, celle-ci demeure élevée, soit près de 450 millions de dinars en 2007 et devrait atteindre 806 millions de dinars en 2008. Au chapitre de l'emploi, près de 160 mille emplois ont été crées au cours de la période 2007-2008, un nombre en parfaite adéquation avec les objectifs du XIème plan de développement (2007-2011). En Bref, la Tunisie a réalisé un taux de croissance moyen annuel de 5,7% durant la période 2007-2008, un rythme soutenu par une hausse de la consommation de 5,1% par an, une amélioration du rythme des exportations de 7,5% par an et une progression de l'investissement au taux de 7% par an.
De l'avis des partis politiques et des organisations nationales Dans leurs interventions, les secrétaires généraux des partis politiques ont souligné notamment l'importance d'améliorer les pouvoirs d'achat des Tunisiens et d'impulser le rythme de création des emplois. M. Mohamed Bouchiha, secrétaire général du PUP a indiqué qu'il « n'a pas de développement sans la promotion du secteur agricole » appelant dans ce cadre à renforcer la mise en valeur des périmètres agricoles, la protection des richesses halieutiques et la promotion des grandes cultures, se félicitant des dernières mesures présidentielles annoncées au profit du secteur agricole. Pour sa part, M. Ismail Boulahya, secrétaire général du MDS a recommandé de réviser la politique d'indexation des salaires et le système d'éducation et d'enseignement en Tunisie pour que « l'Université ne crée pas que des chômeurs ». Dans le même ordre d'idées, le premier secrétaire du Mouvement Ettajdid a souligné la nécessité de réévaluer le rendement du système d'éducation et d'enseignement tunisien et d'assurer un partage équitable entre les bénéficiaires des mécanismes de création d'entreprises notamment entre les diplômés des spécialités scientifiques et de lettres qui enregistrent le taux de chômage le plus élevés parmi les diplômés du supérieur. Les représentants des organisations nationales ont appelé à renforcer la vigilance et la veille au cours de la prochaine étape compte tenu de l'impact sur l'économie tunisienne de la crise des crédits immobiliers aux Etats-Unis et ses séquelles négatives sur les bourses et le système financier mondial et l'abaissement du rythme d'accroissement des échanges mondiaux de marchandises et le ralentissement de la croissance dans l'Union Européenne. Tous les participants ont été unanimes sur la nécessité de renforcer les efforts visant à réduire le taux de chômage notamment celui des diplômés de l'enseignement supérieur, premier défi durant les années à venir et de promouvoir les trois « moteurs de l'économie tunisienne », à savoir les exportations, l'investissement et le pouvoir d'achat du Tunisien.