« L'article relatif à « l'impact du projet de port en eaux profondes à Enfidha » paru le 25/9/2008 au quotidien Le Temps a présenté le projet de port en eaux profondes d'Enfidha, tout en soulignant son intérêt et son utilité pour l'économie nationale, mais aussi a mis en exergue ses retombées sur l'environnement. Tout en appréciant l'intérêt que porte le journal Le Temps pour suivre la réalisation des grands projets engagés par notre pays et aviser l'opinion public sur l'impact de ces projets sur l'environnement, il importe cependant d'apporter des éclairages et des précisions sur certains passages de cet article, qui paraissent plutôt alarmistes.
En effet, les études réalisées depuis 2005 se rapportant soit directement à ce projet soit à d'autres projets du secteur de transport et de la logistique ainsi que les rencontres organisées pour débattre des résultats de ces études, confirment aujourd'hui clairement l'utilité et la nécessité même pour notre pays de réaliser ce projet en vue de moderniser son infrastructure portuaire par la création d'un pole portuaire de nouvelle génération qui fera de la Tunisie un hub méditerranéen de commerce maritime et de services (le transbordement, la logistique, le transport multi-modal,...).
Il va sans dire que ce nouveau pole portuaire apportera les facilités opérationnelles de transit, de qualité de service, de réduction des coûts de passage, pour un écoulement avantageux de nos échanges commerciaux dont 98% passent par la mer.
Cette nouvelle infrastructure portuaire permettra aussi à notre pays de se connecter aux réseaux euro méditerranéens de transport qui verront incessamment la mise en œuvre de nouveaux concepts de transport maritime et terrestre intégrés à savoir les autoroutes de la mer.
Le choix du site d'Enfidha, pour abriter ce projet a été sélectionné parmi 8 sites côtiers qui ont fait l'objet d'analyses multicritères approfondies basée sur des aspects commerciaux, opérationnels, financiers et d'investissement, environnementaux et socio-économiques.
Le site d'Enfidha se distingue en effet par sa proximité des lignes maritimes internationales, son emplacement central par rapport aux centres économiques et industriels du pays, la disponibilité d'une réserve foncière importante traversée par les réseaux de transport routiers et ferroviers, la nature du sol plat et sablonneux, la physionomie de la côte qui présente des profondeurs importantes à partir du rivage.
Plusieurs scénarios de conception de ce port ont été étudiés et c'est le choix de creuser le port à l'intérieur des terres qui a été retenu en raison des avantages qu'il offre sur le plan économique et en matière de réduction d'impacts sur l'écosystème marin et sur la morphologie côtière .
L'étude de faisabilité technique du projet de port en eaux profondes à Enfidha, confiée à un bureau d'études Hollandais, a réservé une partie importante au volet environnemental .En effet des investigations et des analyses ont touché tous les critères environnementaux notamment ceux relatifs aux aspects abiotiques tels que le climat, la géomorphologie, l'hydrologie, l'hydrogéologie, la sédimentologie, aux aspects biotiques tels que la flore et la faune, la vie aquatique, aux aspects socio-économiques de population, d'usage des terres et en enfin à l'archéologique et au touristiques.
Les résultats de toutes ces analyses ont confirmé la faisabilité du projet, autrement dit il n'existe pas d'impact environnemental majeur empêchant sa réalisation, et ont également identifié des impacts parfaitement maîtrisables, accompagnés d'un programme de correction et de gestion environnementale qui devront être mis en œuvre pendant les phases de construction et d'exploitation du projet.
Indépendamment des résultats de l'étude de faisabilité du projet de port en eaux profondes, le Ministère de l'environnement et du développement durable a engagé une étude environnementale stratégique, regroupant 18 experts nationaux et internationaux d'une expérience reconnue dans le domaine de l'environnement.
L'objectif de cette évaluation est d'analyser les impacts cumulatifs et induits possibles de l'ensemble des projets de la région du Centre Est, et de proposer les mesures de suivi d'accompagnement, et, le cas échéant, d'atténuation et de compensation permettant de garantir le respect de l'environnement, d'améliorer la planification des projets en harmonie avec la politique de l'environnement et du développement durable à l'échelle nationale et régionale.
A cet effet, une description des divers écosystèmes de la région a été réalisée, afin d'évaluer leur capacité de résistance et leur vulnérabilité.
Une attention particulière a été accordée aux écosystèmes littoraux et marins et notamment le transit sédimentaire et la flore marine ainsi qu'au stabilité du cordon dunaire et de la forêt el Madfoune et des sebkhas (Halk el Menjel, Sidi Khlifa et Assa Ejriba).
De même une analyse des ressources en eau de la région a été élaborée moyennant des investigations et des modèles numériques afin de prévenir tout impact possible des projets prévus.
Concernant le profil socio-économique de la région, une description approfondie a été réalisée en vue d'analyser les tendances d'urbanisation, les changements possibles de vocation des terrains et l'évolution des activités économiques et humaines prévus lors de la réalisation des projets prévus dans la région.
Cette analyse a permis d'identifier les besoins d'aménagement et les changements socio-culturelles et urbains les plus adéquats qui ont été tenus en compte dans le schéma directeur d'aménagement de la région salloum hergla.
En outre, des études complémentaires relatives aux ressources naturelles, au littoral et la protection des zones urbaines dans la région avoisinant les projets du Centre Est et des investigations de terrains approfondies et régulières ont été réalisées, dont notamment :
- l'étude hydrogéologique de la région d'Enfidha vise à déterminer l'impact de l'intrusion marine sur les ressources hydriques dans la région. Cette étude, réalisée par deux experts universitaires indépendants, a permis d'identifier les caractéristiques physico-chimiques des nappes, et de déterminer, avec la plus grande affinité, la composition des profils géologiques de la zone d'étude. Egalement, les investigations basées sur les données de terrain, les résultats bibliographiques et des modèles numériques ont permis de décrire, avec précision, le transport solide et de masse sur tout le littoral allant de Hammamet à Hergla. Cette étude a permis de conclure que les impacts probables de l'intrusion de l'eau marine sur les ressources hydriques sont minimes et ne se traduiront que par une augmentation locale non significative de la salinité ne dépassant pas 2 grammes par litre sur une période de 50 ans et sur un rayon de 1.5 Km du site d'installation du port en eaux profondes. Cet impact est jugé acceptable, vue la faible exploitation des terrains avoisinants.
- Investigations relatives aux transits sédimentaires et le régime dynamique : Ces investigations avaient pour objectif principal de quantifier le transport sédimentaire et le retrait du trait de côte tout le long du littoral allant de Hammamet à Hergla, afin de prévenir les impacts possibles sur les deux stations touristiques à proximité (Hammamet sud et Hergla) et de garantir le bon fonctionnement du port en eaux profondes lui-même. Ayant recours à toutes les technologies d'analyses environnementales tels que les images satellites, échantillonnages, mesure pendant un cycle de 12 mois des courants et de la houle tout le long du littoral et des levés bathymétriques, les résultats du modèle numérique utilisé ont abouti que les impacts probables sur la stabilité des plages, notamment celles situées au sud du golfe de Hammamet et de la falaise de Hergla, s'avèrent minimes. Le transport sédimentaire estimé ne dépassera pas 20 milles m3 de sédiments par an. En plus au niveau du projet portuaire la côte n'enregistrera qu'un recul non significatif ne dépassant pas 0.5 mètres/an.
- Investigation concernant l'étude de la biodiversité marine : Des investigations ont été réalisées afin de fournir une évaluation de la nature, de la qualité de la biodiversité marine dans le site d'implantation du port en eaux profondes. Ces investigations serviront à orienter les mesures futures à intégrer dans l'étude d'impact du projet sur l'environnement marin. Cette étude a montré que, dans la zone du projet, les sédiments, de par leurs caractéristiques physiques, n'autorisent pas la fixation et le développement d'une végétation macro-bentique et que le substrat peut être considéré nul.
- Etude de protection de la ville d'Enfidha contre les inondations : Cette étude a pour but de définir les aménagements adéquats et nécessaires pour protéger la ville d'Enfidha et les agglomérations avoisinantes contre les précipitations exceptionnelles.
Il est important de signaler dans ce contexte que la plaine d'Enfidha a été l'objet de la réalisation de plusieurs aménagements hydrauliques et anti-érosifs afin d'améliorer la mobilisation des ressources en eau et en sol. Des barrages collinaires sont construits sur les oueds El Khairat, Moussa et Brek. L'hydrographie de la plaine est marquée par la présence de sebkhas qui longent la côte (Sidi Khelifa, Assa jiriba et Halk El Menjel) ou occupent les dépressions et les bas fonds de l'intérieur de la plaine (Khedma el Kebira et Kelbia). Afin de renforcer la protection du site d'installation des projets contre les inondations, des mesures d'accompagnement ont été identifiées se basant sur une analyse des caractéristiques des bassins versants de chaque région (Bouficha, plaine nord d'enfidha et plaine sud d'enfidha) et des régime hydrographiques ainsi que des ouvrages de protection existants.
Ces mesures d'accompagnement comportent notamment le renforcement des lits des oueds constituant le réseau hydrographiques (oued El Keira, Bred et Rmel), la construction d'un nouveau barrage de rétention au niveau de l'Oued Keirat, la déviation des apports vers sebkha Assa Jriba dont la capacité pourra contenir l'apport additionnel sans risque d'inondation.
En conclusion, les études et les investigations engagées ont identifié des impacts maîtrisables des projets prévus dans la région du Centre Est sur l'environnement et les activités socio-économiques. Les mesures d'accompagnement et de suivi permettant la maîtrise et la réduction de tous ces impacts sont facilement réalisables, par les investisseurs privés eux-mêmes, dans le cadre des études d'impacts sur l'environnement individuel de chaque projet qui seront élaborés ultérieurement.
Enfin, la réalisation de touts ces projets de grande ampleur permettra de renforcer le développement économique de la région et de créer de nouvelles opportunités pour l'emploi. Des mesures de suivi d'accompagnement de tous ces projets sont, toutefois, nécessaires pour garantir la protection de l'environnement et assurer le développement durable de la région. »
