La rue Hamza Abdoul Moutalleb au Kram Ouest, banlieue Nord de Tunis, semble être une rue orpheline ne suscitant aucun intérêt de la part des services municipaux du Kram. A part la levée quotidienne et routinière des ordures, rien n'a été entrepris depuis des années pour redonner aux riverains de ce quartier un sentiment de décence et de réconfort. La chaussée est défoncée et n'existe presque plus, de même pour les trottoirs. Et le seul réverbère qui résiste au passage du temps s'était éteint depuis belles lurettes. Cette petite rue où quelques coquettes maisons et villas se sont érigées ces dernières années est aujourd'hui en proie à l'anarchie absolue. Et en plus de son état de délabrement et d'insalubrité, elle s'est improvisée en un dépotoir d'ordures ménagères, de détritus et de gravats. On y jette, à tour de bras, matin comme soir, tout ce qu'on a sous la main et rien ne semble arrêter ce vandalisme primaire. Les riverains, quant à eux, sont dans l'incapacité d'arrêter cette débandade et se trouvent souvent confrontés à l'incompréhension de quelques citoyens qui se comportent au mépris des règles du bon voisinage. Le spectacle est d'une désolation affligeante et les conséquences sont désastreuses : odeurs nauséabondes, amoncellement de détritus, prolifération des chats de gouttière. Et pis encore, la route, jadis goudronnée, s'est transformée, à cause des gravas entreposés ici et là, en une piste cabossée jonchée de gros et béants trous se remplissant, les jours de pluie, d'une eau glauque et sale et rendant pénible la circulation aussi bien pour les passants que pour les véhicules. Moult et moult doléances ont été adressées à la municipalité du Kram pour trouver une solution radicale à ce problème. Mais hélas, après la ronde classique entre les services et les bureaux, les victimes en quête de respectabilité se trouvent menés en bateau, avec le sentiment d'avoir à faire à des cadres dont la responsabilité est diluée. La réponse est toujours la même : « On n' y peut rien. Les citoyens sont les premiers responsables, etc ». Pour ce qui est du re-goudronnage de la chaussée et de la réparation du réverbère et des trottoirs c'est aussi la même rengaine : « On est en train d'y réfléchir, ça va se faire pour très bientôt dans un mois ou deux, peut être ! ». Ces propos nous ont été réitérés des dizaines de fois depuis presque six années, mais en vain. Le comble de l'ironie c'est que tous les riverains sont tenus, au début de chaque année, de payer une taxe locative relative à la levée des ordures, à l'éclairage de la rue et à l'entretien de la chaussée et des trottoirs.