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L'invasion des sangliers
REPORTAGE
Publié dans Le Temps le 20 - 10 - 2008


Des dizaines de bêtes saccagent l'oasis d'Oudhref
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Elles font la loi aussi bien à R'Jim Mâatoug qu'à Arram !!
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Un blessé à Teboulbou :
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Mr Sâad Abdelkébir ( Sous -directeur, CRDA , Gabès) :« Une cinquantaine de bêtes abattues en 2008 »
Depuis quelques mois déjà, les habitants d'Oudref, village mondialement réputé pour ses mergoums, situé à quelques kilomètres au nord de Gabès, sont abasourdis par la présence de nombreuses hardes dans l'oasis et son environnement direct :
des groupes compacts de sangliers sortent au crépuscule et envahissent les parcelles. Tout y passe. Les spécialistes en climatologie devraient se pencher sur les causes de cette étrange migration vers le sud qui contredit toute la théorie du réchauffement de la terre !!!!! Les sangliers sont dans toutes les oasis du sud, aussi bien à Arram au sud-est qu'à R'Jim Mâatoug au sud-ouest.
On est plus que surpris par la présence de ces bêtes si loin des régions qui forment son habitat naturel, les montagnes de Khroumirie essentiellement. Il est vrai que ces dernières années, pour des raisons nombreuses, dont une période de sécheresse assez longue, les animaux ont quitté les sous-bois, ont émigré d'abord vers le nord-est de la Tunisie, puis vers le centre, et maintenant le sud. Il suffit de suivre les traces de ce mouvement, semblable à une avancée de blindés, à travers les échos rapportés par la presse nationale, relevant les dégâts occasionnés à l'agriculture et les doléances des citoyens lésés par les ravages de leurs cultures. Au début, on n'y a pas vraiment prêté attention. Le mouvement a commencé à s'intensifier réellement à partir des années 90 et ce n'est pas un hasard. C'est justement l'année où eurent lieu des batailles rangées entre l'armée algérienne et les groupes GIA. L'aviation, les bombardements, les incendies des forêts de l'autre côté de la frontière, ont jeté beaucoup d'animaux sauvages vers nos contrées.
Dans le nord, du côté de Nebber et de ses environs, juste aux abords du barrage Mellègue, de grandes étendues de cultures irriguées, concombres, melons, pastèques, tomates, poivrons, sont quotidiennement visitées, et à longueur d'année, par des suitées d'une quinzaine d'individus chacune. Ainsi, après Jendouba, Le Kef, les sangliers sont apparus à Siliana, El Krib, Bouarada, Sers, Béja, la région de Bizerte, le Cap Bon, Kairouan, les steppes, puis le Djerid, puisqu'on les signale dans chaque minuscule oasis, le comble, à R'Jim Mâatoug même. Et maintenant la côte Sud-Est !! Du Chott, les sangliers ont suivi l'Oued Malah, chemin idéal, qui va vers le Golfe de Gabès. Mares, joncs, arbustes, crevasses, leur servent d'abri.
Ils sont ainsi signalés à Bssissi, à l'embouchure de l'Oued, à quelques kilomètres de l'oasis d'Oudref, espace qui s'étend du GP1 vers la mer, totalement couvert de cultures maraîchères irriguées, carottes, oignons, et luzerne, régulièrement ravagées, ainsi qu'à Aouinet. Puis par Oued Eddmna, ils sont arrivés à Ghannouch.
A Ghannouch, les parcelles de l'oasis subissent elles aussi le saccage provoqué par ces bêtes. Quelques traques et des battues ont été organisées, sans beaucoup de succès. Il faut dire que les quelques chasseurs locaux n'ont aucune expérience de ce type de chasse qui nécessite une mise en place très particulière, des fusils et des cartouches adaptées à la puissance de l'animal. On utilise des méthodes très rudimentaires, comme des chapelets de boîtes métalliques qu'on agite, comme pour chasser les oiseaux, ou des séries de petites cartouches à gaz qui crépitent de façon automatique. Ce sont des armes dérisoires par rapport au nombre de bêtes signalées. La population se plaint du peu de cas qu'on fait des plaintes et du peu de sérieux avec lequel le problème est traité.

La saison des grenades
De Ghannouch à Bou Chemma il n' y a qu'un pas. De là, Nahal est mitoyen, puis Chenini et enfin l'oasis de Gabès. Si des hardes y sont définitivement installées, il sera impossible de les déloger, vu la quantité de crevasses, de ravines, creusées par l'Oued de Gabès, surtout au lieu dit Ras El Oued et ses touffes de tamaris. Il est aisé aux sangliers de descendre vers Téboulbou et Kettana, par Oued El Hajel. Ce sera fini des grenades de Kettana, réputées par leur qualité et par le volume de la production. Aux dernières nouvelles, ils y sont déjà. Quelques spécimens sont arrivés à Mareth et même à Arram plus au sud, à 30 kms au nord de Médenine !!!!!!!
D'autres individus remontent vers le nord, en suivant l'embouchure des oueds, El Hassa, El Akarit, Oued Ranne, et la côte, pour se nourrir des déchets rejetés par la mer.... L'année dernière, des cadavres de sangliers mâles, ossatures imposantes, ont été découverts sur la route, écrasés par des poids lourds, du côté du dépotoir de Mahrès.
Apparemment c'est à Oudref que le plus gros des troupes a élu domicile. Il faut rappeler, que ces animaux en hardes sont sédentaires sur un territoire déterminé. Leur poids peut atteindre 150 kilos et plus, et sont capables de faire vingt à trente kilomètres par jour. Cet animal s'adapte à tout milieu, il lui suffit d'avoir de l'eau, de la nourriture et des cachettes qui lui conviennent, végétation de toute sorte, épineux, broussailles. Et Oudref présente tout cela : des mares assez importantes au bord de l'oasis, des roseaux et des joncs à profusion, des dizaines de parcelles abandonnées -- ( fonctionnarisation, émigration, dédain du travail agricole, etc)-- où prospèrent des bosquets compacts de palmiers non élagués, beaucoup de mauvaises herbes, le gîte idéal, pour le repos et la reproduction.
Actifs surtout la nuit, les sangliers se vautrent dans les parcelles fraîchement irriguées, ils retournent la terre avec des canines en forme de petites défenses, pouvant atteindre jusqu'à vingt centimètres de long, acérées comme des couteaux de boucher. Omnivores, ils se nourrissent absolument de tout : insectes, capables de manger des lézards même et des rongeurs, adorent surtout les tubercules, se régalent de grenades fraîches, arrachées aux arbres, dont c'est maintenant la saison, et des dattes dispersées à terre, que plus personne ne ramasse...... On voit, au bas des troncs d'arbres, des lacérations de l'écorce, des entailles, nettement visibles, faites avec les canines d'en haut : un code pour les autres bêtes, la signature des mâles dominants.
Les citoyens qui ont leur tour d'irrigation de nuit, ne se déplacent maintenant qu'en groupes, armés de gourdins et de manches de pioches. Les femmes et les enfants, qui ont l'habitude d'aller rejoindre le père en fin d'après midi, pour rapporter avec lui de la luzerne pour les moutons, des dattes bouhattam, agguiwa, kenta, à dénoyauter et à garder pour l'année, ne s'aventurent plus seuls du côté de leurs lopins de Sidi Tahar, El M'Nachi, El Fdhawat, El Arridha, Essoubkha, endroits situés en lisière de l'Oued El Malah, de peur de croiser le chemin d'une harde, de se trouver face à une femelle et sa suitée ou à un mâle isolé. On se demande à la limite si cette prolifération exponentielle, est vraiment due à une migration inexpliquée, au déboisement de certaines zones du nord, à l'absence totale de prédateurs directs du sanglier, à la chute vertigineuse du nombre de chasseurs dans le pays, au développement des parcs nationaux où cette espèce a profité d'une sérieuse protection pour se reproduire ainsi. En fait c'est tout cela en même temps. Et beaucoup n'hésitent pas à penser aux failles d'un créneau mis en place par certaines agences de voyages pour en faire un produit à vendre.

La « chasse » dans le Grand Erg même !!!
La chasse au sanglier est une tradition en Khroumirie. On y organise même des séjours « chasse », et beaucoup d'amateurs européens prennent leurs vacances en cette période de l'année pour venir tirer le sanglier. Ce système, très au point, fonctionne parfaitement depuis très longtemps.
Mais aujourd'hui, avec le déferlement de ces animaux sur l'ensemble du territoire, certaines agences de voyages vendent des séjours-chasse. En 4x4, dans les environs de Kairouan ( oui !!), autour du barrage de Sidi Sâad et des oueds Marguellil, Zéroud, on organise des traques importantes. Du côté des oasis du Chatt El Jérid aussi, et dans le Gand Erg même, selon certains sites web tunisiens!!!!! Les mêmes agences conseillent aux chasseurs de « réserver » à l'avance pour la saison 2008-2009, c'est dire l'engouement. Ils proposent, ou offrent, un séjour « personnalisé » pour les accompagnants « non-chasseurs », avec piscine, thalosso, balade en calèche. Des photos de bêtes abattues sont bien exposées, ainsi que des prises aériennes indiquant les lieux, habituellement connus pour y trouver la sérénité et le calme, vantant même « des traques de sanglier dans le grand Erg Oriental » !!! Une manne d'or, ces sangliers ravageurs, qui rapportent beaucoup d'euros pour certains.
A preuve cette publicité, sur le net, à propos de l'organisation « d'une battue bruyante » : «Autour d'une enceinte de bois où les sangliers on été remisés, les chasseurs sont postés. Les piqueurs lâchent les chiens sur le pied d'entrée des sangliers, et s'ensuit une chasse bruyante et passionnante. Cette menée est suivie à distance par tous les participants, jusqu'à ce que les sangliers passent la ligne... » On ne voit vraiment pas où est « la battue », si ce n'est qu'un quelconque « lâcher » de bêtes terrorisées par des chiens, qui vont se faire flinguer par des tireurs en ligne à quelques centaines de mètres. Une « battue » qui n'en est pas une, doublée d'un carnage !! Sans parler du danger que cela représente pour les paisibles habitants de ces oasis, tous ces chasseurs « en ligne », ces chiens lâchés et les bêtes affolées. Toutes ces recommandations pour préserver « l'environnement » pour un tourisme saharien de paix et de méditation, pour promouvoir un tourisme « culturel » mettant en valeur les données historiques locales, passent à la trappe... Les 4x4 et les quads foncent partout, tracent de nouvelles pistes, dérangent les bergers, dispersent les troupeaux de dromadaires, écrasent les jeunes pousses. Les touristes-chasseurs, si soucieux de leur environnement, ne font pas grand cas de ce principe durant ces « battues ».
Vraiment édifiant cet aveu de « sangliers remisés » !! Mais d'où viennent-ils ? Comment sont-ils nourris pendant tout ce temps ?? Est-ce à dire qu'il y a des réseaux qui ramènent ces bêtes vivantes d'ailleurs vers le sud, pour les garder enfermées ainsi pour des chasses, si on comprend bien le sens du mot « remisés » et « l'enceinte de bois »??
Les spécimens qui échappent aux tirs, et il doit y en avoir beaucoup, on les retrouve en hardes, rejoignant les autres bêtes déjà installées, à saccager les oasis citées. Il n'y aura jamais de battue de ce type à Oudref, Bssissi, El Aouinet, à Ghannouch ou à Kettana. Les agences de voyages n'ont rien à y vendre !!! Tans pis pour les cultivateurs du coin. Leurs grenades serviront à alimenter les centaines de sangliers définitivement implantés dans la région.
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Un blessé à Teboulbou :
La semaine dernière un citoyen B.B.R qui gardait ses grenadiers la nuit dans l'oasis a été attaqué par un sanglier mâle qui l'a légèrement blessé à l'avant-bras et à la cuisse. Heureusement pour lui, des blessures superficielles. Il l'a échappé belle.

Mr Sâad Abdelkébir ( Sous -directeur, CRDA , Gabès) :« Une cinquantaine de bêtes abattues en 2008 »
« Ces sangliers sont venus du Chott Jrid par El Fjij, vers M'zarâa El B'Sissi, et maintenant Oudref, Ghannouch, et sont signalés à Arram même. Sans dramatiser la situation, le problème est réel. En partenariat avec différents organismes et des Associations de chasseurs, nous avons abattu, en 2008, une cinquantaine de bêtes, et nous continuons nos efforts ».


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