La ville de Tunis regorge de richesses de toutes sortes et offre une ambiance carnavalesque. Elle mérite amplement son statut de capitale. A chaque coin de rue vous trouvez des nouveautés, les animateurs sont nombreux et leurs activités sont variées. Si vous longez l'avenue Farhat Hached dans la direction de la place Barcelone, par exemple, vous trouvez des murs et des vitrines égayés par des affiches qui vous dispensent d'acheter un journal ou de contacter une agence de publicité pour avoir l'information. Celles qui désirent faire du brushing ont une bonne adresse à deux pas. Ceux qui cherchent une agence de voyage organisant une omra, eux aussi sont satisfaits. Les amateurs de la chanson populaire et du quatrième art également trouvent leur compte. On a même pensé aux chercheuses d'emploi, puisqu'on offre des postes de domestiques.
La façade de l'ex STD, celle de l'ancienne société Bâtiment, le portail du vieux garage TAT et les stations de bus sont envahis par les affiches. Elles leur donnent un air baroque avec leurs couleurs criardes. Le comble c'est que même la plus grande artère du pays, l'avenue Bourguiba au niveau de la place de 7 Novembre n'est pas épargnée de cette anarchie publicitaire : l'affiche du chanteur de l'avenue Farhat Hached et de la place Barcelone se trouve là également, elle couvre le générateur d'électricité de la STEG, et pourtant tout près, il y a un grand panneau conçu pour ce genre d'affichage qui est vide. Où sont les autorités municipales ? Pourquoi elles n'interviennent pas ? Si elles sont au courant de cette anarchie et ne bronchent pas c'est grave, et dans le cas où elles l'ignorent c'est encore plus grave. Il y va de la propreté et de l'esthétique de la ville, deux tâches dont elles ont la charge. Quelle différence y a-t-il entre jeter les sacs de poubelle partout et afficher n'importe où ? Aucune, les deux manières sont polluantes. Comme il existe des endroits précis pour y mettre les premiers, on a aménagé aussi des emplacements réservés à l'affichage, les panneaux publicitaires. Ces responsables de la dégradation de l'esthétique de la capitale se comportent avec désinvolture, ils ne sont aucunement inquiétés, puisqu'ils inscrivent sur ces affiches leurs adresses, leurs numéros de téléphone, le salaire à attribuer pour les offres d'emploi, il n'y manque que les numéros de leurs cartes d'identité. Apparemment, ils sont rassurés que leurs actes ne seront pas sanctionnés, ils sont édifiés par l'expérience, après tout ils ne sont pas les premiers à le faire, ils ne font qu'emboîter le pas à d'autres qui les ont précédés et dont les actes sont restés impunis. Donc c'est la passivité de la municipalité qui encourage ce sans-gêne. Si son silence se prolonge, si elle continue à contempler le spectacle sans intervenir, d'ici peu de temps, les murs de la ville de Tunis seraient tous couverts d'affiches, et dans ce cas, on n'aurait plus besoin de badigeonnage, le papier-peint nous en dispenserait.