Le Temps Agences - Le Premier ministre palestinien désigné Ismaïl Haniyeh du Hamas a espéré hier pouvoir former d'ici trois semaines un gouvernement d'union avec le Fatah du président Mahmoud Abbas, Washington réitérant ses conditions pour traiter avec un tel cabinet. "J'espère pouvoir présenter le nouveau gouvernement au Conseil législatif (CLP, Parlement) avant l'expiration du délai initial de trois semaines", a déclaré M. Haniyeh lors d'un prêche dans une mosquée de Gaza. S'il échoue, M. Haniyeh se verra accorder deux semaines supplémentaires. " Nous allons procéder à des consultations avec les factions, les groupes parlementaires et les personnalités indépendantes pour former le gouvernement d'union", a-t-il ajouté. M. Haniyeh, qui dirigeait depuis mars 2006 un gouvernement dominé par le Hamas, a remis sa démission avant-hier à Gaza à M. Abbas qui l'a aussitôt chargé de former le prochain cabinet. Aux termes de l'accord de la Mecque, le Hamas doit disposer, outre de M. Haniyeh, de neuf ministres contre six pour le Fatah. Ziad Abou Amr, un indépendant, sera nommé aux Affaires étrangères et Salam Fayyad, du petit parti la Troisième Voie, aux Finances, un poste qu'il a occupé par le passé. Les trois autres mouvements représentés au Parlement auront un portefeuille chacun. Le gouvernement démissionnaire est paralysé par un boycott diplomatique et financier occidental et a dû faire face à une crise politique interne sans précédent avec le Fatah. Les arrangements de La Mecque stipulent seulement que le nouveau gouvernement s'engagera à "respecter" les accords conclus par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), y compris ceux signés avec Israël. La Maison Blanche a déclaré avant-hier que les conditions américaines restaient les mêmes vis-à-vis d'un gouvernement palestinien, à commencer par la reconnaissance du "droit à l'existence d'Israël", tout en réaffirmant la volonté américaine d'une "solution à deux Etats", israélien et palestinien. M. Haniyeh a en outre affirmé dans son prêche "que la levée du blocus" sera parmi les priorités du futur cabinet. Devant la méfiance des Occidentaux, M. Abbas a quant à lui affirmé à la télévision palestinienne qu'il "ne peut pas promettre à notre peuple que le siège sera levé". "Nous allons nous battre pour obtenir sa fin mais des obstacles existent toujours", a-t-il ajouté. M. Abbas, un modéré a assuré que "les négociations et le dossier politique en général sont du ressort de l'OLP, donc entre mes mains et celles du comité exécutif de l'OLP" qu'il préside. Il s'est aussi dit optimiste sur les chances que sa rencontre, prévue lundi à Al-Qods avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert et la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, aboutisse à une relance des négociations en vue de la création d'un Etat palestinien. "Pour la première fois nous sentons qu'il existe une volonté américaine sérieuse de lancer des négociations en vue de clore le dossier palestinien", a-t-il affirmé, estimant qu'un accord pourrait être conclu dans "un an, plus au moins". Des représentants du Quartette devaient se réunir dans la soirée à Al-Qods pour discuter des suites à donner à l'accord de la Mecque et au nouveau gouvernement palestinien, avant une réunion du groupement au niveau ministériel prévu le 21 mars à Berlin.