Ils sont dix mille Palestiniens à croupir dans les geôles israéliennes, mais, en « grand seigneur », Ehud Olmert en libèrera deux cent cinquante. La classique piqûre de morphine alors que le blocus de Gaza prive des enfants, des vieux et des femmes de vivres, d'eau et de médicaments. « Une farce » réagit le Hamas, et il n'a pas tort sur le choix du terme, même si son radicalisme extrême est en train de fournir de précieux prétextes à l'Etat hébreu. Les dirigeants israéliens considèrent qu'il « est essentiel de préserver la trêve de Gaza ». Quelle noblesse d'âme puisqu'à leur sens, la trêve se traduit par la fermeture, depuis déjà le 5 novembre, des points de passage de Gaza. Et cela a généré une grave détérioration d'une situation humanitaire déjà précaire. Ce ne sont pas tant les sept roquettes lancées depuis Gaza sur le Sud israélien, (opération revendiquée par le Jihad islamique) qui ont fait se raidir le régime israélien. Encore une fois, c'est un prétexte sciemment exploité pour attiser les feux entre le Fatah et le Hamas et pour que Gaza - largement contrôlée par le Hamas - redevienne le théâtre d'affrontements fratricides. Le Fatah fut, néanmoins, violemment délogé de cette région en 2007 par le Hamas. Et pour avoir voulu se livrer à une farce démocratique, avec des élections présidentielles et législatives libres, les Palestiniens mesurent, aujourd'hui, l'ampleur d'un gâchis institutionnel dans un peuple où l'incantation de la libération ne vaut que par le sang versé pour elle. Le bras de fer Hamas/Fatah représente deux Palestine : celle des miséreux et qui ne croient plus en rien ; et celle où, de guerre lasse, on pactise avec le diable israélien. Et, en définitive, la libération des deux cent cinquante détenus palestiniens (sur 10 mille), en cette période de blocus, ne devrait pas trop combler d'aise Mahmoud Abbès. Il n'obtient pas le 1/100e de ce qu'il demande. Or, s'il remercie Olmert pour la libération de ces deux cent cinquante détenus, il fera comme ce personnage d'Albert Camus, dans « L'Exil et le royaume ». C'est un père de famille qui avait l'habitude d'aligner ses huit enfants au pied d'un mur, dans le jardin, pour qu'ils y mangent leur goûter. Un jour, le mur s'effondre, tue quatre parmi ses huit enfants, mais notre pauvre bougre loue la providence de lui en avoir laissé quatre.