Le Temps-Agences - C'est une "pièce de théâtre" qui se préparait près d'un local voisin d'une mosquée de Madrid et non un massacre terroriste, a prétendu hier sans rire l'un des accusés au quatrième jour du procès des attentats du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts et 1.824 blessés). Après les dénégations plus ou mois convaincantes de six des sept accusés vedettes -- trois cerveaux et trois poseurs de bombes présumés--, le procès fleuve qui se tient depuis jeudi dans la capitale espagnole s'est centré hier sur les complices présumés de ces attentats revendiqués au nom d'Al-Qaïda. Ces derniers, un Syrien et sept marocains accusés d'appartenance à la cellule islamiste ayant aidé à préparer la pire tragédie terroriste infligée à l'Espagne doivent à présent passer à la barre à tour de rôle. Le Syrien Mouhannad Almallah Dabas, 43 ans, a été le premier à nier, sans surprise, toute participation proche ou lointaine au massacre des trains de banlieue de Madrid. A peine a-t-il admis sa "sympathie" pour les Frères musulmans égyptiens pour ajouter qu'il n'appartenait qu'au Parti socialiste espagnol (PSOE). Mouhannad Almallah Dabas, qui encourt une peine de 12 ans de prison, a été longuement interrogé sur les réunions que tenaient une partie des accusés dans un local proche de la mosquée de la M-30 --le périphérique madrilène--, dont sa famille était locataire et dont il détenait les clefs. L'accusation soutient qu'on y projetait en 2003 des vidéos violentes montrant des images de guerre sainte ou de martyr destinées à endoctriner et galvaniser les futurs auteurs des attentats. "On répétait une pièce de théâtre", a répondu avec aplomb Mouhannad Almallah Dabas, une version tragi-comique déjà évoquée lundi par l'un poseurs de bombes présumés, son compatriote Basel Ghalyoun. C'est bien à la mosquée de la M-30, a-t-il admis, qu'il a connu, mais sans plus, deux des cerveaux présumés des attentats: Rabei Ousmane Sayed Ahmed, alias "Mohammed l'Egyptien" et Serhane Ben Abdelmajid Fakhet, "Le Tunisien". Le premier comparaît au procès. Le second s'est suicidé à l'explosif avec six membres du commando responsable des attentats, le 3 avril 2004, lors du siège policier de leur appartement à Leganès, près de Madrid. Quant à sa mise en cause directe dans les attentats, l'accusé syrien l'a mise sur le compte de "mensonges" et calomnies de son ex-petite amie. Il a ainsi calqué sa défense sur celle de six accusés vedettes -- trois cerveaux et trois poseurs de bombe présumés -- jusqu'à présent interrogés par le tribunal: tout nier en bloc, quelles que soient les preuves, condamner les attentats et toute appartenance à un groupe islamiste radical. Cette stratégie a plutôt réussi aux trois cerveaux présumés, Mohamed l'Egyptien, Hassan Al-Haski et Youssef Belhadj. En ne répondant qu'aux questions de leurs avocats, ils ont empêché l'accusation de les pousser dans leur retranchements. Mais elle s'est avérée à double tranchant pour les trois poseurs de bombes présumés qui se sont défendus pied à pied, répondant à toutes les questions. Ils se sont montrés parfois habiles à démonter la fiabilité des témoignages de passagers les ayant reconnus dans les trains. Mais deux d'entre eux, Basel Ghalyoun et Abdelmajid Bouchar, n'ont pu expliquer pourquoi leur ADN avait été retrouvé dans la maison où ont été assemblées les bombes et dans les ruines de l'appartement de Léganès.