* Mme.Sihem Najjar, sociologue-anthropologue à l'ISSH-Tunis : « Rapports complexes entre l'individuel et le social, entre le singulier et le collectif » * Mme.Imed Melliti, sociologue-anthropologue à l'ISSH-Tunis : « Pour comprendre soi-même, il faut passer pour autrui » * M.Etienne Leroy, anthropologue à l'Université de Paris I : « L'éthique n'est pas un handicap pour le chercheur » * M.Pierre-Noel Denieuil, directeur de l'IRMC : « L'éthique est une valeur universelle » * Houda Laroussi, chercheur- anthropologue : « Rapport éthique, argent et valeurs sociales » En quoi la question des nouveaux enjeux éthiques est-elle pertinente du point de vue anthropologique ? Dans quelle mesure la pensée anthropologique est -elle fondamentale pour porter un nouveau regard sur tout ce qui relève de l'éthique aujourd'hui ? Comment l'anthropologie peut-elle parvenir à s'impliquer dans un débat interdisciplinaire sur les questions de l'éthique, sans pour autant perdre de sa spécificité épistémologique, heuristique et méthodologique ? ce sont là autant de questions qui ont été soulevées hier dans le cadre d'une rencontre, organisée par l'IRMC et l'association tunisienne des anthropologues (ATASC), nouvellement créée, sur le thème « l'anthropologie face aux nouveaux enjeux éthiques.» Abordée par la médecine, l'économie, la gouvernance, l'environnement, la question de l'éthique a été au coeur du débat mené par une cinquantaine d'anthropologues, sociologues et chercheurs tunisiens, maghrébins et français présents à cette rencontre, l'objectif étant de montrer comment les sciences sociales peuvent aider à parler de la notion de crise et des problèmes actuels, comment l'anthropologue peut jouer un rôle efficient dans l'approfondissement de la réflexion sur les sociétés nouvelles, modernes et seulement traditionnelles, ainsi que sur les valeurs de sa société en comparaison avec les autres sociétés. Les intervenants sont unanimes pour dire que la réponse à ces questions ne constitue guère une tâche facile, elles nécessite plutôt une réflexion profonde sur le renouvellement de l'objet de cette discipline et sur la particularité de son approche par rapport à d'autres domaines du savoir scientifique. Les communications présentées à cette rencontre, qui se poursuivra jusqu'à aujourd'hui, dans la banlieue de Sidi Bou Said, ont porté notamment sur « L'indigénisation de l'anthropologique au Maghreb : un malentendu ? », « L'éthique, ce qu'on invoque quand on a tout invoqué », « Pour une approche anthropologique constructiviste de l'éthique », « L'argent et les valeurs sociales, pour une lecture socio-anthropologique du micro-crédit », « L'éthique, cache-misère des sociétés contemporaines, Au-delà du retour de/à l'éthique...quelles perspectives projetées ? » Il ressort de ces communications que l'examen du statut de l'anthropologie comme discipline au Maghreb, et plus particulièrement en Tunisie, pose deux séries de questions ayant trait, d'une part, à son ancrage ou, plutôt, à son positionnement dans le champ scientifique et, d'autre part, sur le plan épistémologique, à l'appropriation par « l'indigène » d'un savoir initialement fondé sur l'éloignement du regard. Dans les pays du Maghreb, à la « crise » généralisée de l'anthropologie viennent s'ajouter les effets de « l'indigénisation » d'une large partie de la production anthropologique, bouleversant les rapports de la discipline avec son propre héritage et annihilant la distance qui fonde épistémologiquement le regard qu'elle porte sur le monde. Il est aussi, de partir d'outils conceptuels communs pour éviter tout complexe et infériorité entre Sud et Nord, sociétés développées et sociétés coloniales, ethnologie de loin et éthologie, indigène et indigent. MATTOUSSI Seifeddine ---------------------------------- Mme.Sihem Najjar, sociologue-anthropologue à l'ISSH-Tunis : « Rapports complexes entre l'individuel et le social, entre le singulier et le collectif » Poser la question des nouveaux enjeux éthiques dans une perspective anthropologique se présente aujourd'hui comme une entreprise d'une importance primordiale. Plus exactement, il s'agit de montrer que la question des nouveaux enjeux éthiques constitue un champ d'investigation dont l'anthropologue ne peut plus faire l'économique, car elle traverse les différentes sphères de la vie humaine, d'autant plus que l'appréhension de la question de ses nouveaux éthiques nous situe au coeur relatif aux rapports complexes entre l'individuel et le social, entre le singulier et le collectif.
Mme.Imed Melliti, sociologue-anthropologue à l'ISSH-Tunis : « Pour comprendre soi-même, il faut passer pour autrui » Comme dit G.Balandier, « pour comprendre soi-même, il faut passer pour autrui », l'indigène n'a pas pu se démaquer de la discipline mais il a réussi quand même avec le savoir et l'héritage pour parler du Maghreb.
M.Etienne Leroy, anthropologue à l'Université de Paris I : « L'éthique n'est pas un handicap pour le chercheur » L'éthique ne peut être un handicap pour le travail anthropologique, il suffit que le chercheur adopte une méthode exhaustive pour savoir poser des questions. Dans ce sens, il est important de mettre l'accent sur la responsabilité de l'ethnographe face aux institutions coloniales L'ethnologue est l'avocat naturel des sociétés dans lesquelles il travaille. Il est nécessaire de prendre position à l'écart des science coloniales dans le contexte de distanciation mais je ne vois pas pourquoi les anthropologues maghrébins continuent à reproduire les instruments des grands paradigmes des sciences coloniales.
M.Pierre-Noel Denieuil, directeur de l'IRMC : « L'éthique est une valeur universelle » La question de l'éthique permet de se demander s'il existe un concept universel, des valeurs universelles ou ce ne sont que des faits de sociétés car on peut relativiser les valeurs mais pas l'éthique parce qu'elle est une valeur universelle partagée par toute société.
Houda Laroussi, chercheur- anthropologue : « Rapport éthique, argent et valeurs sociales » Dans le cadre de l'examen du rapport entre éthique et anthropologie, il est important d'étudier le rapport entre argent et l'éthique, les enjeux anthropologiques de l'usage de l'argent, la valeur morale de l'argent, car l'échange d'argent sous forme de micro-crédit est un vecteur de valeurs morales, d'une symbolique de proximité et de confiance sociale. L'argent du micro-crédit se trouve aussi investi par des valeurs d'assistanat qui peuvent marquer des relations de dépendances entre les bénéficiaires et les institutions protectrices.